Segré. Reconnue victime de transphobie par son ex-employeur Mc Donald's, Syntia est "hyper soulagée"
Le jugement a été rendu ce lundi 24 juin au conseil des prud'hommes d'Angers. Le restaurant Mc Donald's de Segré a été reconnu coupable de "discrimination liée à l'identité de genre" envers son ancienne salariée Syntia, jeune femme trangenre de 22 ans. Un "soulagement" pour la victime, selon son avocate, qui se réjouit que le dossier puisse faire jurisprudence.
25 juin 2024 à 18h02 - Modifié : 25 juin 2024 à 22h09 par Marie Chevillard
L'enseigne Mc Donald's à Segré a été condamnée à verser 10 000 euros de dommages et intérêts.
Crédit : Mickaël Boulay
C'est une première qui pourrait faire jurisprudence. Le conseil des prud'hommes d'Angers a condamné ce lundi 24 juin la franchise McDonald's de Segré pour "discrimination liée à l'identité de genre" et de "harcèlement moral", envers son ancienne employée Syntia, une jeune femme transgenre de 22 ans. Son ex-employeur devra lui verser 7 000 euros en réparation du préjudice subi et 3000 euros d'indemnité de licenciement. Selon son avocate Maître Gwenola Vaubois, "Syntia est hyper soulagée d'avoir été reconnue en tant que victime, et que son contrat de travail ait été rompu".
Les faits remontent au mois de janvier 2023 : Syntia, née homme, travaille au restaurant McDonald's à Segré sous son identité masculine depuis cinq mois. Mais elle décide de faire son coming-out et de se présenter à son travail sous son nouveau prénom, Syntia. Un changement que ses collègues acceptent, sans sourciller... mais ce n'est pas le cas de la direction. Mi-février, un pallier est franchi lorsqu'un responsable exige qu'elle aille acheter du démaquillant avant de prendre son poste. Synthia ne reviendra pas au travail.
"Contente que son dossier soit un symbole"
Selon l'avocat de l'entreprise, la franchise n'aurait jamais discriminé la salariée transgenre au nom du "principe général de neutralité" et dénonce un "manque de preuves de la plaignante". Alors, lorsque le jugement est tombé ce lundi, Syntia s'est réjoui qu'"on ait reconnu que ce n'est pas de sa faute. Etant toujours dans les effectifs de l'entreprise, elle ne pouvait pas chercher un autre travail mais n'était plus indemnisée par l'Assurance maladie : là, elle va pouvoir poursuivre sa vie".
Un nouveau départ, après une "première expérience professionnelle traumatisante, explique Gwenola Vaubois. Quand Mc Donald's plaide la maladresse, ça ne correspond pas à ce qu'elle a vécu. Ce n'est pas la seule dans cette situation, donc si ça peut permettre à d'autres d'éviter la stigmatisation et d'avoir un peu plus de respect dans le milieu professionnel, pendant la période de la transition qui n'est déjà pas évidente... Le fait que ce soit une grande enseigne condamnée, ça n'a pas le même impact que si c'était une petite société. Syntia est contente que son dossier soit un symbole et puisse, je l'espère, faire jurisprudence."
"Un jugement assez équilibré"
Par la voix de son avocate, Syntia avait demandé à son ancien employeur 30 000 euros de dommages et intérêts, et 20 000 euros en compensation des huit mois de salaires perdus. Des montants plus importants que les condamnations prononcées, mais "le jugement est assez équilibré et les sommes sont assez justes, estime l'avocate. C'était vraiment une question de principe, qu'on reconnaisse son statut de victimes, plus que d'argent, même si le côté financier n'est pas à négliger". Désormais, la franchise segréenne a un mois pour faire appel de cette décision.