Segré. Sinistrés pour la 7e fois à cause de remontées des eaux usées
Depuis l'achat de leur maison en 2017 au 8 Mail des Platanes, Jonathan et Johanna ont été victimes des remontées des eaux usées de la ville à sept reprises. Exaspérés, ils espèrent trouver une solution avec Anjou Bleu Communauté ou envisagent une plainte.
Publié : 14 janvier 2025 à 15h48 - Modifié : 14 janvier 2025 à 16h39 Alexis Vellayoudom
En juin 2023, l'eau est montée jusqu'à 7 cm dans la salle de bain
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Un 7e sinistre en trois ans. C'est usés que nous rencontrons Jonathan et Johanna Grelier. Pour ce couple, l'année 2025 débute comme la fin de l'année 2024, les pieds dans l'eau. Ce vendredi 10 janvier, ils ont une nouvelle fois été victimes de la remontée des eaux usées de la ville. Un calvaire qu'ils étaient loin d'imaginer en 2017 lorsqu'ils ont décidé d'acheter cette maison historique de Segré au 8 Mail des Platanes, qui baigne à la confluence de l'Oudon et de la Verzée.
Titre :Reportage chez Johanna et Jonathan
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7 cm d'eaux usées dans la salle de bain
À l'époque, le couple veut y engager des travaux lourds avec notamment une salle de bain en dessous du rez-de-chaussée. Ils s'entourent d'un architecte des bâtiments de France et à la suite une étude de faisabilité, validée par Alter, ils bénéficient d'un accompagnement dans le cadre de l'OPAH, l'Opération programmée pour l'amélioration de l'habitat. "On a montré patte blanche. Le notaire n'a jamais évoqué de soucis sur cette maison", précise Jonathan. Mais le 22 février 2021, c'est le début de l'engrenage. Premier refoulement des eaux usées au niveau du bac à douche, puis un deuxième refoulement un an après qui touche aussi l'ancienne pharmacie Gicquel. "Nous avons décidé de nettoyer nous-mêmes et de ne pas faire de déclaration à l'assurance. En revanche, on a envoyé un mail à la ville de Segré", rappelle Jonathan. Par retour de ce mail, ils apprennent que la compétence assainissement est désormais gérée par la Communauté de communes Anjou Bleu Communauté.
Malgré le nettoyage, les eaux ont laissé des traces et des odeurs dans la maison
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La situation va s'empirer en 2023. Le couple subit deux nouveaux sinistres, dont celui du 10 juin 2023. "On avait jusqu'à 7 cm d'eaux par endroit. L'eau est montée très vite. C'est venu dans la salle de bain, dans la cuisine et dans la tour qui surplombe la Verzée. L'odeur ne laissait aucun doute sur le fait que c'était des eaux usées. C'était vraiment très désagréable et insalubre", se souvient Johanna. La fois de trop, le couple décide de faire une déclaration à son assurance. Dans le but de se prémunir, ils feront réviser leur dispositif de sécurité, le clapet anti-retour. "On s'est mis en accord avec le règlement datant de 2011 car la maison a été achetée en 2017. Sauf que pour ABC, nous n'étions pas en accord avec le nouveau règlement du 30 novembre 2021, soit après la fin de nos travaux".
Un problème de station de relevage ?
Pour faire preuve de bonne foi, le couple va tout de même répondre à quelques exigences de la collectivité. Ils profitent des travaux effectués sur le mail des Platanes pour améliorer la cote altimétrique de leur branchement en insérant un tuyau neuf dans le branchement en amiante existant et tout ça, à leurs frais. "Malgré ces travaux, j'ai émis des doutes. Pour moi, ABC, de son côté, ne changeait pas l'altimétrie de ces raccordements et ça n'allait pas régler notre problème", explique Jonathan. Il avait vu juste. En octobre dernier, la maison subit deux nouveaux sinistres. Dans le tabouret installé lors des travaux, Jonathan et l'expert constatent 60 cm d'eau : "ça veut dire que quand il pleut, le réseau en amont ne doit pas être étanche donc l'eau monte ici, mais ça veut dire qu'il y a encore plus d'eau qui remonte dans le tuyau vers chez nous".
Titre :D'où vient le problème selon le couple ?
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Alors d'où vient le problème ? Selon le couple, le poste de refoulement installé près du pont, en face du PMU, n'est pas fonctionnel et serait mal dimensionné. Cette station de relevage stratégique reçoit les eaux usées d'une grande partie de l'Est de la ville et doit permettre aux eaux de traverser le pont pour rejoindre l'autre rive et se diriger vers la station d'assainissement de Louvaines. "Les pompes n'arrivent pas toujours à évacuer les eaux usées. Du coup, on subit les dysfonctionnements de la pompe ou s'il y a des tissus jetés dedans, une coupure électrique ou un trop d'effluents à cause des conditions météorologiques", soumet Johanna. Conséquence, les eaux usées, sous forte pression, remonteraient le réseau gravitaire vers les logements. "Elles remontent dans nos tuyaux, soit le clapet anti-retour joue son rôle et nous protège des effluents, mais dans ce cas-là, on ne peut pas évacuer nos propres eaux usées. Soit il subit une trop forte pression et cède", décrit Johanna. "Notre clapet fonctionne toujours, mais en fait, il y a trop d'eau qui arrive", ajoute Jonathan.
ABC se dédouane de toute responsabilité
Aujourd'hui, le couple demande à la ville d'agir, soit en ajoutant un poste de refoulement, une surverse ou de changer l'altimétrie. Mais la communication semble rompue. "La dernière fois, Gilles Grimaud nous a préconisé de mettre une baignoire. Ma femme est partie en claquant la porte. Et de toute manière, ça ne palliera pas à la problématique. Quand la baignoire sera pleine, elle va déborder", s'agace le mari. Contacté Gilles Grimaud, président d'Anjou Bleu Communauté, explique : "Sur le dernier sinistre, j'étais de permanence et je n'ai pas été averti d'une quelconque panne de pompe. On a effectué les travaux nécessaires pour sécuriser le poste. On respecte les conditions d'aménagement avec une pente minimum. C'est la seule maison où il y a un problème. Ils devraient revoir leur aménagement intérieur. La douche est en dessous du niveau d'évacuation des eaux. Ils ont un architecte, il faut voir avec lui. Nous, on ne fera pas plus".
Selon le couple, ils sont victimes d'une défaillance de la station de relevage de la collectivité
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Depuis quatre mois, Johanna et Jonathan alternent entre l'hôtel, le logement d'urgence et leur maison. Leurs travaux, dans lesquels ils ont investi plusieurs milliers d'euros, ont pris du retard. "Ça va faire la troisième qu'on refait notre salle de bain. L'eau quand elle rentre, tous les bois qui ne sont pas massifs gonflent. Il y a des endroits où il y a du placo qu'on n'a pas changé parce que ça serait colossal financièrement et là, on se retrouve avec un bilan financier de plus de 17 000 € de dégâts", détaille Jonathan. "Ce n'est pas seulement l'argent. C'est aussi la passion pour le patrimoine. Honnêtement, aujourd'hui, à quelqu'un qui se lance dans un projet de rénovation, je leur dirai, "penser le à deux fois et pas pour le travail que ça peut représenter, mais pour les complications que vous rajoutent les services publics. Et ça, c'est juste hallucinant". Le couple n'exclut pas de porter plainte.