Senonnes. Au CERGO, ils entrainent des champions, mais manquent de bras

À l'année, le CERGO accueille plusieurs entraîneurs renommés qui forment près de 650 chevaux. Mais les entraîneurs commencent à manquer de bras pour monter ces futurs champions.

Publié : 8 mars 2022 à 9h16 - Modifié : 8 mars 2022 à 12h54 par Alexis Vellayoudom

L'entraineur de chevaux Alain Couétil (à gauche) et Geoffrey Gaucher, le directeur du CERGO

Crédit : Alexis Vellayoudom

L'expression n'est pas d'usage, mais elle pourrait le devenir, à Senonnes, dans le Sud-Mayenne, il y a plus de chevaux que d'habitants. Depuis 2001, la petite commune de 347 âmes (selon l'INSEE en 2019) vit en harmonie avec le CERGO, le centre d'entraînement régionale de galop de l'ouest où des entraîneurs renommés viennent entraîner des chevaux de courses. 


 


650 chevaux à l'année


 


C'est un village dans le village. Lorsqu'on arrive au CERGO, il y a un d'abord cette ligne droite entre les écuries puis cette vaste plaine de 43 hectares où les chevaux peuvent jongler entre les cinq pistes en sable de 2 000 mètres, la piste en herbe, celle d'obstacles avec un parcours de steeple-chase et de haies de 1 200 mètres, le parcours de cross et un manège d'obstacles. L'aire de jeu grande heure nature est entretenue par huit salariés à l'aide de 300 arroseurs, alimentés par les 52 000 m² d'eau des deux bassins de réserve, "je compare ça au principe d'une salle de sport. L'association du CERGO entretient les lieux, les entraîneurs payent un abonnement par mois par cheval qui leur permettent d'utiliser les pistes d'entraînement", explique Geoffrey Gaucher, le directeur du centre d'entraînement.  . 


 

Titre :Le CERGO, on entraine des champions !

Crédit :Alexis Vellayoudom

 


Et il n'en faut pas moins pour accueillir les 650 chevaux qui viennent s'entraîner dans l'année, mais aussi les cavaliers et les entraîneurs, souvent locaux, ou de la région parisienne. Car le CERGO, c'est d'abord une fabrique à champions, "en jockeys, vous avez Maryline Eon, Christopher Grosbois. Vous avez de très bons chevaux, certains ont couru l'Arc de Triomphe. Le meilleur exemple, c'est le cheval qu'a gagné deux fois le Grand Steeple-Chase de Paris et le Prix de La Haye Jousselin, c'est Docteur de Ballon, entraîné par Louisa Carberry. Vous avez Fair Play qu'était chez Éric Leray, qu'a gagné plusieurs fois le Grand Cross de Pau. Les entraîneurs arrivent à faire des champions à Senonnes", raconte Geoffrey Gaucher.  


Côté humain, le CERGO créé une centaine d'emplois indirects, "des maréchaux-ferrand, des vétérinaires, les garagistes qui entretiennent les camions, le pressing pour laver les casaques", énumère le directeur du CERGO. L'institution permet aussi l'emploi direct de 150 les cavaliers d'entraînement, mais la profession manque cruellement en ce moment. 

L'entraîneur Alain Couétil cherche des jeunes cavaliers pour monter les 80 chevaux qu'il entraîne

Crédit : Alexis Vellayoudom

 


Les entraîneurs ont du mal à recruter


 


Mais comme beaucoup de secteurs, le monde des chevaux et notamment des courses connaît une période compliquée dans le recrutement. Au bord de la piste, nous rencontrons Alain Couétil, entraîneur de chevaux bien connu à Senonnes, qui est quelque peu agacé, "dans les écoles, il y a de moins en moins de jeunes qui se lancent dans la filière des courses. Il y a plus de monde dans les sports équestres et les clubs hippiques car les écoles orientent plus les jeunes vers ces filières [...] dans le monde des courses, on manque d'ouverture", lâche l'entraîneur qui s'est installé au CERGO en 2005. Son boulot, entraîner les chevaux que les propriétaires lui confient. Aujourd'hui, il en a 80, mais il a dû mal à recruter de jeunes cavaliers pour pouvoir les monter.

Titre :Au bord d'une piste avec Alain Couétil, entraîneur de chevaux de course

Crédit :Alexis Vellayoudom

 


Pour s'adapter, Alain Couétil doit changer sa méthode de travail avec ses chevaux. En temps normal, l'entraîneur sort quatre lots de chevaux sur une matinée, comprenez quatre groupes de plusieurs chevaux : "on est obligé de diminuer les chevaux et puis le travail est un petit peu réduit. On fait un lot supplémentaire ce qui n'est pas toujours une bonne solution, on travaille un petit peu plus vite, les chevaux sortent moins longtemps. Au lieu de sortir 1h15, on sort 55 minutes pour faire un 5ème lot et dans le même créneau horaire".  


"On va entraîner moins de chevaux, si on trouve pas une solution d'ici quelques années", craint l'entraîneur avec un risque de voir des répercussions sur la qualité des chevaux. Il espère que les écoles réagiront.