Territoire zéro chômeur. A Laval, le restaurant Le Belvédère a rouvert ses portes

Sa réouverture était attendue à Laval, dans le quartier Saint-Nicolas. La brasserie Le Belvédère a repris des couleurs depuis le 9 février dernier, grâce aux six salariés de l'entreprise à but d'emploi Val'orisons 53, dans le cadre du label Territoire zéro chômeur de longue durée. Ces personnes auparavant éloignées de l'emploi sont toutes embauchés en CDI à temps choisi. Pas forcément diplômées dans ce secteur, elles ont toutes bénéficié d'une formation de quelques jours autour de l'hygiène et des bonnes pratiques alimentaires.

L'équipe assure pour le moment 20 couverts tous les midis : une limite voulue par Lucie Chauvin, la directrice de Valorisons 53. "Il faut être prudent, puisque les personnes embauchées n'ont pas travaillé depuis un certain temps, elles ont aussi des contraintes de santé à prendre en compte, ou ont un rythme personnel compliqué à conjuguer avec un travail. C'est important que l'adaptation se fasse via des temps de formation, sur la durée. Limiter à 15-20 couverts, ça nous semblait important pour tous se remettre en route et prendre tout en main".

En effet, l'ouverture du restaurant n'est que la dernière étape d'une démarche en place depuis un an et demi, après un recensement des compétences des habitants et des besoins du territoire. "On s'est aperçus que certains habitants - en l'occurrence des habitantes - avaient envie de cuisiner, et qu'en parallèle, les entreprises du quartier avaient besoin d'un endroit où déjeuner, expose Lucie Chauvin. La réouverture du Belvédère semblait combiner ces deux objectifs." En juin 2023, Laval Agglo a été officiellement labellisée Territoire zéro chômeur de longue durée et l'entreprise à but d'emploi Val'orisons 53 a été créée, elle, en janvier 2024.

Kabissé et tarte au citron à la carte

Quelques semaines donc avant l'ouverture du restaurant Le Belvédère, très attendue par Bernadette, qui habite dans le quartier depuis près de 40 ans. "J'ai connu Le Belvédère avant : c'était un ami, Philippe, qui le tenait. ça fait du bien d'avoir un restaurant qui rouvre dans le quartier parce qu'on n'avait plus rien." Dans l'équipe, chacun a sa mission : Bernadette, elle, accueille les clients. "Je suis au bar et je prends les réservations téléphoniques. ça faisait longtemps que j'étais au RSA et du coup, avoir un CDI, c'est très bien !"

Direction les fourneaux, avec des recettes qui mêlent cuisine traditionnelle française et cuisine du monde. Au menu : kabissé, tarte au citron, jus de gingembre, poisson braisé, gratin dauphinois... Toutes sont élaborées sous la houlette de Christophe, chef de cuisine, qui forme ses nouvelles collègues. "On essaie de faire au mieux : ce n'est pas toujours simple, mais on y arrive, sourit le cuisinier. On prend notre temps, on explique beaucoup... De toute façon, dans un premier temps, il faut observer ; après, on va développer l'affaire pour évoluer vers plus de couverts le midi."

Aïssatou nous présente le plat du jour, originaire d'Afrique de l'Ouest, que la cuisinière guinéenne est fière d'avoir concoctée. "C'est un poisson grillé, accompagné d'une sauce yassa, précise la jeune femme. J'ai fait une formation en cuisine en Guinée, mais c'était compliqué, je n'avais pas encore mes papiers... Maintenant, c'est bon, et j'en profite pour apprendre aussi la cuisine française."

Même si la carte change tous les jours, il y a une constante : la mise à l'honneur d'un maximum de produits locaux, insiste Lucie Chauvin. "On s'approvisionne en local évidemment, sauf pour les épices. On a aussi notre projet de ferme urbaine qui va démarrer en septembre 2024. L'objectif, c'est de nourrir le quartier du grand Saint-Nicolas et nous, on achètera les produits issus de la ferme qu'on proposera ici au Belvédère."

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Les premiers fruits et légumes de la ferme urbaine seront à déguster au restaurant à partir de l'été 2025. Le Belvédère est ouvert du lundi au vendredi de 9h à 16h, sur réservation pour déjeuner. L'équipe devrait bientôt s'étoffer, avec deux nouveaux salariés, pour pouvoir faire salon de thé l'après-midi.

Au total, 19 salariés sont embauchés dans le cadre du label Territoire zéro chômeur. Parmi les autres missions : le nettoyage de véhicules, l'accompagnement dans le tri des déchets ou encore le service couture. Objectif fixé : embaucher 80 salariés d'ici 2026.