Angers. Des adolescents aident de jeunes aveugles sénégalais à jouer au cécifoot

Douze adolescents angevins se sont rendus au Sénégal, à Thiès, pendant les vacances de la Toussaint. Avec deux objectifs : rénover un plateau sportif pour le cécifoot et échanger avec des jeunes aveugles et malvoyants, à travers la formation à ce sport adapté.

2 novembre 2023 à 18h59 par Marie Chevillard

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Les échanges autour du cécifoot ont soudé les jeunes Angevins et Sénégalais, à Thiès.
Crédit : Christophe Pleyber

"Les jeunes malvoyants ont une facilité déconcertante à s'orienter à l'institut, ça m'a bluffé !" Comme ses camarades, Abousofiane n'est pas avare d'explications pour décrire leur voyage de dix jours au Sénégal, à Thiès. Ils sont douze Angevins, âgés de 15 et 16 ans, issus des quartiers prioritaires de la Ville, à s'être lancés dans ce projet sportif et solidaire depuis plusieurs mois.

Avec un aboutissement pendant ces vacances de la Toussaint : la rénovation d'un terrain de cécifoot à l'Inefja (Institut national d'éducation et de formation des jeunes aveugles) de Thiès, au Sénégal. Mais avant ça, ils ont été sensibilisés au handicap visuel grâce à des échanges avec l'institut Montéclair à Angers, où ils ont pu tester le showdown, un sport qui se joue avec une table de ping-pong adaptée pour les malvoyants. 

 

"Réussir à se mettre à leur place"

 

Ils ont aussi bénéficié d'une formation avec le sélectionneur de l’équipe de France de cécifoot, Toussaint Akpweh. Au programme : une petite formation pour mieux communiquer avec les personnes malvoyantes, un zoom sur l'animation d'ateliers et évidemment, un test de cécifoot pour "réussir à se mettre à leur place", expliquent les adolescents. La plupart découvrait ce football adapté, qui se joue avec un ballon contenant des clochettes à l'intérieur et des barrières tout au autour du terrain.

Avec ce bagage en poche, les jeunes Angevins se sont envolés le 20 octobre pour le Sénégal, en direction de l'Inefja de Thiès. Ils ont changé le synthétique du terrain de cécifoot, rénové les abords du terrain et participé à la confection d'une fresque. Mais le plus important, c'était les échanges avec les jeunes malvoyants et aveugles sur place, via une formation au cécifoot mais pas seulement.

Nupssia a retenu un moment en particulier : "ce qui m'a marqué, c'est quand on est arrivé à l'institut et que j'ai vu des personnes aveugles qui marchaient toutes seules, sans personne, qui s'orientent... En France, on ne voit pas trop ça." De son côté, Nassta se souvient surtout de la réaction des enfants le lendemain du jour où ses camarades et elle ont posé les barrières autour du terrain de cécifoot. "Ceux qui traversaient le terrain 'voyaient' qu'il y avait quelque chose de nouveau. Ils touchaient un peu partout, ça avait l'air vraiment de les impressionner. Ils avaient l'air très contents qu'on ait fait ça pour eux."

Pour les jeunes Angevins, "les enfants étaient très contents qu'on ait fait ça pour eux"
Crédit : Marie Chevillard

Encadrés par Christophe Pleyber, responsable de l'animation socio-sportive à la direction des sports à la Ville d'Angers, le petit groupe s'est découvert et est devenu au fil du projet "un grand groupe. On est quasiment une famille, que ce soit avec les adultes ou avec les jeunes." Même si la communication n'était pas forcément facile au début, des liens se sont tissés entre les Angevins et les Sénégalais. "En fait, il n'y a vraiment rien qui change, à part leur handicap, remarque Abousofiane. On voit qu'on parle tous la même langue, celle du football !"

 

Un projet "qui fait du bien au coeur"

 

L'expérience va d'ailleurs changer leur rapport à la cécité, et plus globalement, au handicap. "Maintenant, quand je serai à côté d'une personne non-voyante, je ferai plus de bruit pour que cette personne puisse m'entendre, pour ne pas l'effrayer, si je passe à côté d'elle", poursuit Abousofiane. A la fin du voyage, ce qui domine chez les adolescents, c'est un sentiment de fierté, comme l'explique Fatou. "On ne peut qu'être fiers de nous, parce que ça a été parfois compliqué : durant les périodes de formation, on était fatigués, on était à bout. Mais au final, on se dit qu'on va repartir en France en laissant notre trace et du coup, ça fait du bien au coeur."

Fatou : "On ne peut qu'être fiers de nous, car ça a été parfois compliqué pendant la formation"
Crédit : Marie Chevillard

Les jeunes Angevins iront présenter leur projet dans des établissements scolaires de la ville, avec des démonstrations à la clé. Le terrain de cécifoot au Sénégal devrait être entièrement rénové en juin 2024, deux mois avant les Jeux paralympiques à Paris.

Pour suivre l'avancée du projet, rendez-vous sur le compte instagram : cecifoot_thies