En Anjou. Ces ferronniers ont rendu à Notre-Dame ses vitraux de noblesse

Peu après l'incendie de Notre-Dame en 2019, l'entreprise Loubière La Forge d'Art, basée à Noyant-Villages, a travaillé sur la restauration des vitraux de la cathédrale. Son gérant raconte le chantier.

Publié : 6 décembre 2024 à 15h13 - Modifié : 7 décembre 2024 à 10h34 par Alexis Vellayoudom

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Parmi les contraintes du chantier, la présence de plomb
Crédit : Loubière La Forge d'Art

Le pari a été tenu. Cinq ans après le terrible incendie qui l'a ravagée, Notre-Dame de Paris va rouvrir officiellement ses portes aux visiteurs. En présence de plusieurs chefs d'Etat, le Président de la République Emmanuel Macron rendra la cathédrale aux Parisiens et au Monde. La fin d'une demi-décennie de travaux pendant laquelle des milliers d'artisans ont oeuvré, jour et nuit, pour lui rendre son prestige, dont l'entreprise Loubière La Forge d'Art à Noyant-les-Villages dans le Nord de l'Anjou. Le dirigeant Christophe Beausoleil et ses artisans ont eu la chance de redécouvrir la Vieille Dame au fil de la restauration. 

 

Sur place après l'incendie

 

Le 15 avril 2019, début de la Semaine Sainte, la vie suit son cours dans les faubourgs de la Capitale. Dans la Cathédrale, la messe est sur le point de commencer. En fin d'après-midi, vers 18h18, la sécurité constate les premières flammes, vives, qui s'échappent de la charpente, juste en dessous de la Flèche en restauration. Quelques heures plus tard, le toit devient un véritable un brasier. Les pompiers vont lutter toute la nuit pour éteindre les flammes et éviter l'effondrement de la structure.

 

Un chantier hors-norme
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Ce sont dans les jours qui suivent que les artisans de Loubière La Forge d'Art vont intervenir. "On a en quelque sorte été réquisitionné. Il y avait un caractère d'urgence et patrimonial. On a donc arrêté l'ensemble des chantiers pour envoyer un maximum de monde", rappelle Christophe Beausoleil, qui a racheté l'entreprise en 2021. Sur place, les ferronniers participent à la sécurisation de la Cathédrale. "On a aidé les maîtres verriers à déposer les serrureries de vitraux qui sont des éléments métalliques qui permettent de soutenir les vitraux et les barlotières". Direction, le Nord de Paris où ils seront stockés dans un entrepôt. 

 

"On s'est retrouvé avec des pics de 3 000 compagnons sur site"

 

Ce n'est qu'en 2022 que les ferronniers de l'Anjou reviendront sur l'édifice. L'entreprise, avec trois maîtres verriers, répond à un appel d'offres pour la restauration des vitraux. "Les éléments sont venus à l'atelier. Le travail en tant que tel était classique. C'est-à-dire qu'on restaure des éléments métalliques qui permettent de tenir les vitraux", explique Christophe Beausoleil. Mais le cahier des charges est lui très précis. Heureusement, le métier est resté très artisanal. "On utilise plusieurs types de chauffe, c'est là où on peut être un peu différent de nos ancêtres, mais grosso modo, on a utilisé les mêmes techniques, elles n'ont pas changé. Quand vous voulez déformer un morceau de fer, vous le chauffez et après vous le tapez, soit avec un marteau, soit avec un marteau pilon". 

 

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La forge a accueilli les châssis des vitraux du choeur de Notre-Dame pour les restaurer
Crédit : Loubière La Forge d'Art

 

Dans les ateliers de Noyant, difficile de se rendre compte de l'importance du chantier. "C'est lorsqu'on s'est rendu à Notre-Dame qu'on s'est dit, là, on est sur quelque chose d'hors-norme. On s'est retrouvé par moment avec des pics à 3 000 compagnons sur site. C'est juste hallucinant. Ça a été une grosse fourmilière. Chacun travaillait dans une phase avec d'autres lots, au-dessus, en dessous. Il y en avait partout", se souvient le gérant de la forge pourtant habitué à rénover aussi bien du petit patrimoine que de grands édifices. "Le délai a fait aussi qu'on s'est retrouvé avec des contraintes de chantier qu'on n'a pas l'habitude de connaître. Habituellement, on travaille de manière plus autonome, on n'est pas obligé de badger, de se changer avant de rentrer dans la zone de travail. Ça a été bien organisé, mais aussi très contraignant", admet Christophe Beausoleil. 

 

"On a refait un bon de 150 ans en arrière"

 

Un chantier que les ferronniers de la forge angevine ont eu la chance de voir évoluer. Jusqu'à samedi dernier, lors de la visite officielle d'Emmanuel Macron pour découvrir le chantier terminé et remercier tous les artisans qui ont oeuvré. "C'était magique, on n'a pas revu les parements de pierres, des voûtes, des bas-côtés, des piliers, aussi blancs et nettoyés depuis Viollet-le-Duc. On a refait un bon de 150 ans en arrière". "C'est un chantier qui a marqué l'entreprise qui nous permet d'avoir une belle référence. On a la chance d'avoir travaillé sur cet édifice", se réjouit le dirigeant. 

 

"C'était magique", réagit Christophe Beausoleil à propos du chantier de Notre-Dame
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

En Maine-et-Loire, deux entreprises de menuiserie ont aussi participé au chantier, Etude Charpente et Structure Bois à Chalonnes-sur-Loire et Les Ateliers Perrault sur Mauges-sur-Loire. Du côté de la Mayenne, la Scierie des Géants à Craon a découpé les bois de charpente. Quant à l'entreprise Cruard Charpente, elle est intervenue sur la Flèche de Notre-Dame, ressuscitée.