"Les animaux ne font pas de bons cadeaux de Noël" alerte le Refuge de l'Arche

Publié : 22 décembre 2022 à 8h59 par Alexis Vellayoudom

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Eric Moeglen sensibilise sur les risques d'offrir des d'animaux pour Noël
Crédit : Alexis Vellayoudom

Noël approche et pour certains, c'est synonyme de galère pour trouver des idées. Parmi celles qui se développent d'année en année, offrir des animaux de compagnie est devenu une mode. Des chiens, des chats, mais aussi les nouveaux animaux de compagnie souvent plus exotiques comme les serpents. Le Refuge de l'Arche de Château-Gontier, spécialisé dans le recueil d'animaux mal traités, alerte sur ces nouvelles pratiques. Entretien avec Eric Moeglen, médiateur du sanctuaire animalier. 

 

Eric Moeglen, quel est votre message à l'approche de Noël ? 

 

"C'est le moment de rappeler que les animaux ne sont pas des objets et ne font pas de bons cadeaux. Un animal, ça se choisit, ça se rencontre et ça s'adopte. C'est un coup de coeur et les coups de coeur, ça ne se fait pas comme devant une peluche qu'on déballe d'un paquet enrubanné. C'est autre chose".

 

Pourquoi ce message ? Il y a eu une recrudescence ? 

 

"Même s'il y a une vraie prise de conscience dans notre pays, depuis la Covid, les gens encore plus isolés, ont pris beaucoup d'animaux qui ensuite ont été abandonnés à l'issue lorsqu'on a pu retrouver un semblant de vie normale. Sans parler des modes qui sont diffusées essentiellement sur Internet et les réseaux sociaux, les élevages en batterie, les filières illégales qui sacrifient un grand nombre d'animaux pour vous permettre au bout de la chaîne d'en récupérer un qui va en plus, s'avérer génétiquement appauvri, fragilisé du point de vue de sa santé ou même qui va démontrer des comportements névrosés, voire dangereux. C'est tout ce à quoi on s'expose lorsqu'on ne se pose pas les bonnes questions en amont et qu'on veut obtenir un animal sans savoir à qui on le prend et quels sont ses antécédents, d'où est-ce qu'il est issu, comment il a été élevé". 

 

Parmi les nouveaux animaux de compagnie, on retrouve notamment les reptiles, les perroquets, à quoi faut-il s'engager ? 

 

"Les serpents ont besoin de beaucoup de chaleur. Nous, récemment, on a eu une coupure de courant. On a vu la température du vivarium descendre dangereusement alors qu'il doit être minimum à 30 degrés. Si vous ne chauffez pas assez, vous pouvez vous retrouver avec un animal qui va vous mourir dans les pattes. Si vraiment en plus, vous voulez lui donner l'espace nécessaire alors là le coût va devenir prohibitif surtout dans un contexte de crise d'énergie où on parle même de coupure de courant. Combien savent que les perroquets sont extraordinairement sociables et ont donc besoin de vivre avec des congénères, qu'ils ont besoin d'exercer leurs ailes, de manipuler toutes sortes de choses parce qu'ils sont très curieux et intelligents et puis ce sont des oiseaux qui s'ils sont malheureux, s'ils sont isolés dans une cage, ils vont devenir destructeurs, agressifs, extrêmement bruyants. Ce qu'on vous dit pas en animalerie, c'est que ce sont des oiseaux qui en captivité peuvent vivre au-delà de 60 voire 80 ans donc vous avez intérêt à avoir anticipé". 

 

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L'exposition dure pendant toutes les vacances de Noël
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

D'autant que certaines espèces sont désormais interdites en France...

 

"Le Gris du Gabon est un très bon exemple. C'est un animal qui a été largement vendu en animalerie et qui est maintenant vendu illégalement parce qu'ils sont protégés. Mais comme il y avait un attrait qui ne se dément pas et bien, on continue de les trouver à la vente. Mais, aujourd'hui, pour en avoir, vous nourrissez nécessairement un trafic, vous portez atteinte à la biodiversité". 

 

Vous parliez d'origine de l'animal, même pour les chats et les chiens ? 

 

"Oui ! La grande mode qui est arrivée des Etats-Unis, ce sont les Savannah, un chat issu d'un croisement entre de grandes races de chats et des servals. Ça donne des chats superbes, mais dont les filières sont très mal contrôlées. Quand on sait que certains de ces animaux peuvent se vendre entre 2 000 € et 6 000 € et à partir de là, vous vous doutez bien qu'il y a des gens qui sont prêts à alimenter ce business par tous les moyens. Ils sont souvent reproduits dans des élevages avec des conditions terribles qui causent la mort de beaucoup d'entre eux. Le serval était un animal qui commençait à se porter beaucoup mieux dans certains coins d'Afrique et aujourd'hui, une bête mode qui relance une menace sur ces animaux et qui alimente un trafic sordide. On a le cas aussi chez les chiens avec les Staffs". 

 

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L'exposition alerte aussi l'achat d'animaux "exotiques"
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Quelles sont les peines pour les personnes qui ne prennent pas soin de leurs animaux de compagnie ?

 

"Aujourd'hui, si vous signez le certificat d'engagement qu'est requis pour détenir n'importe quel animal de compagnie. Si vous manquez à satisfaire aux besoins de cet animal parce que vous êtes censés les connaître, vous encourez 5 ans de prison et 75 000 € d'amende donc ça démontre qu'il y a une claire volonté de faire évoluer les choses chez nous. Quand on fait les choses bien, ce qu'ils nous rendent, c'est une vraie richesse dans la vie, mais il faut d'abord se donner les moyens de choisir le bon et de l'accueillir chez soi". 

Pour sensibiliser le public, le sanctuaire animalier de Château-Gontier-sur-Mayenne propose jusqu'à la fin des vacances de Noël, l'exposition L'animal et Nous dans ses deux salles pédagogiques. L'une d'elles est dédiée aux témoignages de propriétaires d'animaux de compagnie, l'autre à la sensibilisation sur l'adoption.