Déconfinement : ce qui se passera après le 11 mai

La "décrue" de l'épidémie de coronavirus "est engagée", "lente mais régulière". Lors d'une présentation devant les députés ce mardi 28 avril, le Premier Ministre Edouard Philippe a évoqué notre vie quotidienne après le déconfinement.

Publié : 28 avril 2020 à 19h01 - Modifié : 28 avril 2020 à 19h15 par Coralie Juret

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Il est trop tôt pour parler vacances, a dit le Premier Ministre Edouard Philippe ce mardi 28 avril.
Crédit : Leif Linding / Pixabay

28 000 hospitalisations contre 32 000 il y a encore deux semaines, un nombre de malades en réanimation divisé par deux depuis le 8 avril... Le confinement semble porter ses fruits face au coronavirus, ce qui laisse envisager un déconfinement "aussi attendu que risqué et redouté" a souligné le Premier Ministre ce mardi après-midi.

Si tous les indicateurs sont au vert dans les départements le 7 mai, la vie sociale, professionnelle et scolaire pourra progressivement y reprendre. "Des incertitudes qui doivent inciter à la plus grande discipline" pour cette première phase qui durera jusqu'au 2 juin. La suivante s'étalera jusqu'à l'été.

Les collégiens en classe et masqués le 18 mai

La réouverture progressive des établissements scolaires commencera par les écoles maternelles et élémentaires "sur la base du volontariat" dès le 11 mai. Les petits élèves ne porteront pas de masques, mais des masques pédiatriques seront à disposition des directeurs pour des cas particuliers, le temps qu'un parent vienne chercher son enfant qui présenterait des symptômes par exemple. Les gestes barrières devront en revanche être respectés et des gels hydroalcooliques seront distribués, ainsi que des masques pour les encadrants. Les classes recevront 15 élèves au maximum.

Les collèges suivraient le 18 mai pour les départements en vert sur la carte que Santé Publique France publiera chaque soir à partir du jeudi 30 avril. Le masque sera obligatoire pour les collégiens qui en recevront un en vue de la reprise.

Les lycées de leur côté pourraient rouvrir fin mai, à commencer par les lycées professionnels début juin. Quoiqu'il arrive, l'enseignement sera assuré, à l'école, à distance ou en étude dans des locaux dédiés a assuré Edouard Philippe, qui a salué la mobilisation des personnels de l'Education Nationale depuis le début du confinement.

Les crèches pourront rouvrir aussi à raison de 10 enfants maximum, ou plus "si l'espace ou les conditions permettent aux groupes de ne pas se croiser". La priorité pour l'accueil pourrait être donnée "aux soignants, fonctionnaires, aux parents qui ne peuvent pas télétravailler et aux familles monoparentales" a suggéré le Premier Ministre. "Le port du masque grand public sera obligatoire pour les professionnels de la petite enfance".

Pas de réouverture pour les cafés et restaurants

Sur le plan professionnel, le télétravail doit être maintenu "partout où c'est possible au moins dans les trois prochaines semaines". Sinon, le gouvernement préconise d'encourager "la pratique des horaires décalés". Une soixantaine de guides métiers seront prêts pour le 11 mai. Le port du masque devra être mis en oeuvre quand la distanciation physique ne peut pas être garantie.

Le dispositif de chômage partiel, "l'un des plus généreux en Europe", reste en place jusqu'au 1e juin. Il sera ensuite adapté progressivement.
Tous les commerces pourront rouvrir à l'exception des cafés et restaurants. Les marchés seront en général autorisés, sauf demande spécifique des maires ou des préfets. Les commerces devront limiter le nombre de clients présents simultanément et faire respecter une distance d'1 m entre eux, protéger leurs personnels. Ils pourront conditionner l'entrée dans leurs locaux au port du masque.

Exception faite cependant pour les centres commerciaux de plus de 40 000 m² dont la zone de chalandise est vaste. L'Atoll à Beaucouzé, 71 000 m² de surface de vente, pourrait rester fermé.

Pas de déplacements hors département

Les bus, trams et métros vont aussi pouvoir quitter les dépôts. Pour "faire baisser la demande, nous allons porter l'offre au maximum" indique le Premier Ministre. Le port du masque y sera obligatoire ainsi que le respect des gestes barrières, en condamnant un siège sur deux par exemple, y compris dans le métro. Des transports en commun qui pourront être réservés aux travailleurs aux heures de pointe. Les bus scolaires aussi reprendront la route. Edouard Philippe annonce un accompagnement des régions et agglomérations en charge de ces services.

Pour les particuliers, il n'y aura pas de déplacements hors département et région sauf motif impérieux, professionnel ou familial. Tous les déplacements en train devront être réservés, et plus seulement dans les TGV.

Fin des saisons sportives

La vie sociale aussi reprendra le 11 mai, mais avec toutes les "précautions" pour les visites dans les EHPADS. On pourra circuler sans attestation, sauf pour les déplacements de plus de 100 km, et l'activité sportive devra respecter les règles de distanciation physique. Exit donc, les sports collectifs, de contacts ou en lieux couverts. La saison de football est terminée aussi.

Les plages resteront inaccessibles au moins jusqu'au 1e juin. Les lieux culturels rouvriront dès le 11 mai mais seulement les petites structures, à l'image des bibliothèques ou musées locaux. Pas question de retourner au cinéma ou dans les grandes salles de spectacle. Jusqu'au 2 juin les salles des fêtes et salles polyvalentes restent aussi fermées. Pour les organisateurs, les évènements rassemblant plus de 5000 personnes ne reprendront pas avant septembre.

Le culte pourra reprendre mais sans cérémonies avant le 2 juin, préconise Edouard Philippe, sauf pour les sépultures, limitées à 20 personnes au maximum. Les cimetières seront rouverts dès le 11 mai. De manière générale les rassemblements sur la voie publique ou dans des lieux privés seront limités à 10 personnes.

"Un régime de liberté avec des exceptions"

"La vie après le 11 mai ne sera pas la vie d'avant le 17 mars", a prévenu le gouvernement. Il se donne rendez-vous fin mai pour évaluer les conditions de cette nouvelle phase. Il est encore trop tôt pour parler vacances a d'ailleurs ajouté son numéro 2 Edouard Philippe. Il envisage de "proroger l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 23 juillet" dans une loi présentée samedi en Conseil des Ministres pour mettre en place certaines mesures d'accompagnement de ce déconfinement. Le texte sera à l'Assemblée Nationale dès la semaine prochaine. Une stratégie qui repose surtout sur "le civisme et la discipline des Français", rappelle le Premier Ministre.