Politique. Sans majorité absolue, comment Philippe Bolo et Guillaume Garot travailleront à l'Assemblée nationale ?

Philippe Bolo, député MoDem de la 7e circonscription du Maine-et-Loire, et Guillaume Garot, député du Nouveau Front populaire de la 1er circonscription de la Mayenne, arrivent dans une Assemblée nationale sans majorité absolue. Tous les deux attendent des compromis. qui dépendront des projets.

9 juillet 2024 à 12h09 par Alexis Vellayoudom

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Philippe Bolo, député angevin (à gauche) et Guillaume Garot, député mayennais (à droite)
Crédit : Alexis Vellayoudom

Finalement, il n'y aura pas eu de surprises lors des élections législatives en Maine-et-Loire et en Mayenne. Tous les députés sortants ont reconduit leur bail à l'Assemblée nationale. La plus grande surprise vient sûrement des résultats nationaux. Le Nouveau Front populaire a décroché 184 sièges et sera le groupe majoritaire dans l'hémicycle devant la majorité présidentielle, 166 sièges, et le Rassemblement national et ses alliés à 143 sièges. Sans la majorité absolue de 289 députés, comment les députés du Maine-et-Loire et de la Mayenne vont-ils pouvoir travailler ? Guillaume Garot, député de la 1er circonscription de la Mayenne et Philippe Bolo, député de la 7e circonscription du Maine-et-Loire; se sont confiés. 

 

"Construire des majorités texte par texte"

 

Avec 67,56 % des voix, Guillaume Garot n'a pas eu trop de soucis à se faire face à la candidate du Rassemblement national. Réélu pour son cinquième mandat, le député mayennais fait désormais partie du groupe majoritaire à l'Assemblée nationale avec le Nouveau Front populaire. Mais dans un hémicycle où il n'y a aucune majorité, avec trois blocs, à gauche, au centre et à l'extrême droite, comment travailler ? "Il faut être à la hauteur de la responsabilité que les Français viennent de nous confier. Il faudra être capable de construire des majorités texte par texte à partir du projet de la gauche, j'insiste là-dessus", répond l'ancien ministre. En clair, faire des compromis. "Ce n'est pas un gros mot, au contraire, c'est une façon de respecter l'autre et de dire, on est capable de se mettre d'accord sur tel point pour faire avancer le pays". 

 

Guillaume Garot (PS - NFP) appelle à des compromis, mais sur la base du programme de la gauche
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Un travail que le député a déjà réalisé lors du groupe de travail transpartisan sur la problématique des déserts médicaux. Une proposition en avait découlé. "Cette méthode, demain, elle peut être une méthode d'efficacité et de respect des différences, mais pour faire avancer, éviter un usage abusif du 49.3 et pour faire en sorte qu'on obtienne des résultats. Parce que qu'est-ce qu'attendent les Français et les Mayennais, c'est qu'on traite les problèmes", rappelle Guillaume Garot. Pour ce faire, le Mayennais appelle à tendre la main à des membres de la majorité présidentielle, voire des Républicains. Le Rassemblement national ? "Le RN est contre beaucoup des mesures que nous avons proposé. En l'occurrence, les déserts médicaux, ils avaient unanimement voté contre la régulation de l'installation des médecins et j'ai compris qu'ils se situaient dans une opposition complète à ce rassemblement des forces républicaines. Je situe ce travail de main tendue à l'intérieur des bancs républicains", fustige l'élu. 

En revanche, le Nouveau Front populaire pourrait compter sur la dizaine de députés Divers gauche dont certains, comme Jérôme Guedj, appartiennent au Parti socialiste, la famille politique de Guillaume Garot, qui a augmenté son nombre de députés par rapport à la précédente législature. Le Mayennais voit un bel avenir pour le PS. "La famille sociale-démocrate est là. Nos idées sont bien vivantes et je souhaite que demain le groupe socialiste devienne un pôle de stabilité pour l'Assemblée nationale parce qu'il faudra apaiser le pays, rassembler au-delà de nous-mêmes et je veux participer à ce travail". En Mayenne, les deux autres députés élus, Yannick Favennec pour Horizons et Géraldine Bannier du MoDem siégeront dans le bloc central de la majorité présidentielle. 

 

Travailler avec des modérés

 

En Anjou, la majorité présidentielle résiste à la percée de la gauche et de l'extrême-droite. Ensemble ! garde la main sur six des sept circonscriptions. Sur la 7e, Philippe Bolo a été réélu avec 41,73 % des voix, devant le Rassemblement national. Le député MoDem, intégré à la majorité présidentielle, fera partie du groupe centriste. L'élu angevin sait qu'il sera difficile de peser sans alliance. "Ça se décidera par projet et en fonction des sujets. Mon ambition, c'est d'être en capacité de travailler avec tout le monde. Quand on se fixe des objectifs, des ambitions de réussir pour l'intérêt général, franchement, on arrive à travailler tous ensemble". Mais avec La France Insoumise et le Rassemblement national ? "Tous ensemble, ce sont les modérés et à qui, on tend la main et qui la saisisse. Je ne pense pas que LFI et le RN nous prennent la main si on leur tend et est-ce qu'on leur tendrait la main, sont-ils vraiment modérés ?", s'amuse le député d'Angers-Segré. 

 

Philippe Bolo (MoDem - Ensemble !) souhaite des alliances avec tous les modérés
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

La majorité présidentielle devra aller chercher des alliances aussi bien à gauche, qu'à droite. "Des socialistes, des républicains, des UDI, des écologistes, avec des gens, finalement, avec qui j'ai déjà travaillé. Sur la grippe aviaire, j'ai travaillé avec un député écologiste, ça s'est très bien passé ; sur les sujets de la pollution plastique avec une collègue socialiste, ça s'est très bien passé ; sur l'industrie verte avec collègue républicaine, ça s'est très bien passé et actuellement, je travaille sur le sujet de la protéine végétale et animale, avec un collègue républicain, ça se passe très bien. Quand on veut vraiment aboutir à un résultat, on y arrive", explique Philippe Bolo. Dans ce bloc central, il retrouvera cinq autres députés du Maine-et-Loire, dont François Gernigon, député Horizons de la 1er circonscription.