Segré : le torchon brûle chez les pompiers

Depuis plusieurs mois, les relations sont tendues entre le chef de centre de Segré arrivé en octobre dernier et une partie des pompiers volontaires. 39 d’entre eux ont menacé de se mettre en disponibilité pour six mois et depuis, la cohabitation est difficile en attendant une décision de la direction du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS).

Publié : 28 juin 2022 à 19h30 par Coralie Juret

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Le centre de secours de Segré en Maine-et-Loire.
Crédit : CJ

Situation tendue au centre de secours de Segré, entre les sapeurs-pompiers volontaires et leur nouveau patron, arrivé il y a 8 mois. Dans une ambiance “délétère” et “très anxiogène”, 39 des 50 volontaires de tous les âges se sont dit prêts dès mars à faire une demande de disponibilité pour 6 mois comme le permet leur statut, auprès du conseiller départemental et président d’Anjou Bleu communauté Gilles Grimaud. “Un appel au secours” face à “des méthodes managériales d’un autre temps” alors que le dialogue, disent-ils, est “rompu” avec leur chef de centre, un pompier professionnel.

 

“Si c'est comme ça on raccroche les bips”

 

“Ecrasés par un management tyrannique”, ces volontaires engagés depuis un nombre d’années varié se disent “sous pression”. A de jeunes recrues reçues en entretien individuel, l’officier professionnel aurait demandé de pointer les fauteurs de trouble sur un trombinoscope. Un volontaire serait en disponibilité depuis janvier suite à des réunions houleuses, et une altercation aurait même opposé un agent et le chef de centre au cours d’une journée de formation à la caserne. 

Alerté, l’élu du canton s’est impliqué de près pour essayer de trouver des solutions. Elle arrivera “dans les semaines ou mois qui viennent”, selon Gilles Grimaud, qui ne souhaite pas s’exprimer davantage. Malgré l’organisation proposée par la présidente du Département et du SDIS Florence Dabin venue sur place fin avril “pour apaiser la situation” face à “des torts partagés”, la cohabitation se prolonge dans la douleur. Des agents auraient demandé à rencontrer la psychologue des pompiers, et tous sont toujours dans l’attente d’un rapport d’évaluation commandé par le Département sur les relations entre professionnels et volontaires.

 

Une gestion de crise en question

 

Contactée sur ce sujet, la CGT indique n’être “au courant de rien” et ne pas avoir de réponse à ses questions. Selon le syndicat, les pompiers “professionnels n’ont aucun problème avec le chef de centre”, “nous sommes un peu observateurs”. Mais la CGT dénonce “une omerta du côté des volontaires et des élus” et regrette la gestion de cette crise : “la procédure de la fonction publique territoriale en cas de souffrance au travail ou de problème de management n’a pas été respectée, normalement on diligente une enquête” explique un délégué syndical. “Le rapport d’évaluation n’a aucune légitimité, un professionnel est débarqué sur décision d’un élu”, gronde le syndicat, soulignant que les instances syndicales et le CHSCT n’ont pas été consultés. Un soutien syndical que le chef de centre n’avait toutefois pas sollicité de son côté.

Interrogé, le Département indique seulement que le chef du centre de secours de Segré aurait demandé une “évolution” vers les Côtes d’Armor, d’où il est originaire. Une bien mauvaise publicité en pleine campagne de promotion du volontariat chez les pompiers du Maine-et-Loire, pour continuer à assurer une couverture opérationnelle suffisante sur des territoires ruraux où la disponibilité en journée est limitée.