Théâtre de Laval. Les occupants vont durcir le ton
Après 45 jours d'occupation, le combat a évolué. Aujourd'hui, les occupants demandent le retrait de la réforme sur l'assurance chômage et la prolongation de l'année blanche pour les intermittents. Ils prévoient des actions coup de poing.
Publié : 30 avril 2021 à 18h01 par ALEXIS Vellayoudom
Le ton va se durcir ! Déjà 45 jours, qu'ils occupent le Théâtre de Laval. La cinquantaine d'occupants qui se relaie à l'intérieur représente aujourd'hui des acteurs du monde culturel, mais aussi d'autres secteurs d'activités, "toutes les professions sont représentées", souligne Jean-Marc, manager d'un groupe de métal.
Chaque jour, le lieu fourmille d'actions et d'idées, de la danse, des assemblées générales pour décider des actions à venir, de la création artistique, de la musique, des agoras, "un espace de concertation et d'innovation", précise l'occupant. Les occupants se sont réappropriés ce lieu de vie où émerge des idées venant parfois d'étudiants, mais aussi des revendications communes avec les syndicats.
Un 1er mai avec les syndicats
Au départ culturel, le mouvement glisse aujourd'hui vers la sphère politique et syndicale. Demain, 1er mai, journée internationale des travailleurs, les occupants collaboreront avec les syndicats CGT, FO, FSU et Solidaires. Le cortège partira à 10h du parvis des Droits de l'Homme à Laval et fera une escale devant le parvis du Théâtre où les occupants prendront la parole avant de présenter une action artistique revendicative.
Ben, un occupant : "on est aussi des travailleurs. On subit le travail discontinu dans notre secteur comme d'autres [...] et c'est là où la convergence est naturelle. Il y a une volonté d'étendre ce lieu de parole, qu'est le parvis du Théâtre de Laval à l'ensemble des personnes qui ont besoin de s'exprimer parce qu'on est là pour créer une rupture de l'isolement et recréer de la cohésion sociale".
L'occupation évolue et va se durcir
En mars, lors des premières journées d'occupation, les occupants réclamaient la réouverture des lieux culturels. Aujourd'hui, les priorités ont changé. Les occupants demandent le retrait de la réforme sur l'assurance chômage que le Gouvernement veut faire entrer en vigueur le 1er juillet. Une priorité qui a été rappelée lors de la coordination nationale à Villeurbanne, en banlieue lyonnaise, qui a rassemblé 56 autres mouvements d'occupation en France, "une réouverture partielle des lieux culturelles ne peut pas résoudre à elle seule, un an de fracture et de rupture d'une activité", explique Ben l'un des occupants.
D'après eux, cette réforme va créer de la précarité dans plusieurs secteurs comme celui de la Culture. Ils demandent aussi la prolongation des droits au chômage pour les intermittents, ce qu'ils appellent aussi l'année blanche : "tant qu'il n'y a pas eu une reprise totale de l'activité, les professionnels du spectacle ne peuvent pas recharger leurs droits pour pouvoir bénéficier d'une indemnisation quand ils ne travaillent pas".
Ce sont d’ailleurs ceux qui débutent leur activité dans le secteur de la Culture qui sont les plus impactés. Pas de travail, donc pas de recharge des droits. Les occupants demandent un plan de relance : "pour une réouverture totale et accompagnée de notre secteur [...] on ne comprend pas pourquoi on n'est pas capable d'injecter 500 millions d'euros dans le secteur de la Culture qui représente 3 % du PIB et 135 milliards de production de biens et de services".
Aucune indication n'est donnée sur la manière dont pourrait se durcir le mouvement, mais ces derniers jours des occupants de lieux culturels ont envahi des directions régionales de Pôle emploi, "on va affronter le Gouvernement sur cette réforme", expliquent les occupants.
Être visible pour être entendu
En parallèle, les occupants entendent bien toucher un public plus large comme l'explique Val, technicien audio : "on veut apporter un regard sur l'action que l'on mène". Une équipe de création audiovisuelle réalise les portraits des occupants, le premier est sorti hier soir, et des vidéos des actions revendicatives du vendredi. Les réseaux sociaux sont aussi mobilisés avec Facebook et Instagram, "pour toucher un public plus jeune", explique Jean-Marc.
Les occupants utiliseront aussi Discord, une plateforme de chat en ligne où il sera possible d'échanger, mais aussi de permettre à tous d'accéder aux agoras et aux conférences proposées comme celle du 7 mai avec le sociologue Bernard Friot.