Angers. "Notre agriculture est perdante" : les agriculteurs ont bloqué le Pont de Verdun

A la suite de l'appel de la FDSEA 49 et des Jeunes Agriculteurs 49, une centaine d'agriculteurs se sont rendus sur le Pont de Verdun pour dénoncer l'accord de libre-échange avec le Mercosur.

Publié : 20 novembre 2024 à 17h12 par Pierre-Louis Besnier

Une centaine d'agriculteurs et deux tracteurs étaient mobilisés sur le Pont de Verdun à Angers.

Crédit : Pierre-Louis Besnier

Ce jeudi 20 novembre marquait le dernier jour de mobilisation nationale des agriculteurs. Pour protester contre les accords de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur, la FDSEA 49 et les Jeunes Agriculteurs 49 ont appelé les agriculteurs à bloquer le Pont de Verdun à Angers. Une centaine d'agriculteurs étaient mobilisés avec deux tracteurs. Pour montrer leur colère, ils ont allumé des fumigènes aux couleurs du drapeau de la France depuis le pont. 

"Importer l'agriculture que nous ne voulons pas"


L'accord de libre-échange avec le Mercosur était bien sûr le sujet principal de ces derniers jours de mobilisations. Pour le président de la FDSEA 49, Emmanuel Lachaize, "il y a une exigence des politiques par rapport aux lois et aux normes et des consommateurs sur ce qu'ils mangent. Mais cette exigence sera-t-elle imposée aux produits qui arriveront d'Amérique latine ? La réponse est "nullement. L'État n'a aucun moyen de contrôle aujourd'hui sur ces produits qui vont arriver. Les moyens humains, sur la répression des fraudes sont en baisse constante depuis des années. Il n'y a donc ni moyens humains, ni financiers. C'est une vraie contradiction". Parallèlement, Emmanuel Lachaize et les agriculteurs "poussent le Président de la République Emmanuel Macron à aller s'exprimer, à aller jusqu'à aller voir un certain nombre de ses homologues qui refusent cet accord. Et on espère qu'il aura cette capacité à convaincre pour que cet accord ne soit pas signé"


Pour le secrétaire général adjoint de la FNSEA, Romain Blanchard, cet accord a pour but d' "importer l'agriculture que nous ne voulons pas. Mais au-delà d'être des exploitants agricoles, nous sommes des citoyens et des pères de famille. Aujourd'hui, je ne veux pas que mes enfants mangent du boeuf poussé aux hormones, nourrit au soja transgénique qui a poussé sur de la déforestation de la forêt amazonienne. En tant que citoyen, ça ne me convient pas et encore moins en tant qu'agriculteur car ça vient nous prendre des parts de marché. Ça arrive à des prix défiants toutes concurrences sur lesquels, avec nos standards de qualité, nos normes sociales, on a des techniques de production plus différentes, plus sérieuses et plus durables qui coûtent nécessairement plus chers". Il ajoute que "des fois, le consommateur, pas le biais de ces accords même à son corps défendant, ne sait qu'il consomme cette viande. Quand vous allez chez votre boucher, vous regardez l'origine de la viande. Par contre, quand vos enfants mangent à la cantine, quand vous allez au restaurant, à votre corps défendant, vous apportez de l'argent à ce type d'agriculture que certainement, vous ne voulez pas soutenir en tant que citoyen"

Titre :"Cela ne me convient pas car ça vient prendre nos parts de marché"

Crédit :Pierre-Louis Besnier

"Nous voulons des prix rémunérateurs"


Selon un membre des Jeunes Agriculteurs, Simon Martin, les agriculteurs "veulent des prix rémunérateurs et avoir la possibilité de produire ce que les gens consomment. C'est pour ça qu'on doit refuser ce type d'accord car c'est nous la variable d'ajustement. Finalement, il y a à chaque fois des produits précieux qu'on va retrouver en Amérique du Sud dont on a besoin en Europe pour d'autres industries. Mais on a aussi des produits moins précieux comme les matières premières agricoles mais au final, on vient nous dire "on veut bien vous donner ça mais prenez aussi ceux qu'on a en stock et en trop". Il ne faut pas nous prendre pour ce qu'on est pas". 


Par ailleurs, la FNSEA a indiqué que d'autres actions sont prévues jusqu'à la mi-décembre

Titre :"Il ne faut pas nous prendre pour ce qu'on est pas"

Crédit :Pierre-Louis Besnier