Lion d'Angers. Après le gel, les propriétaires des vergers de la Courtière constatent les dégâts
Mélanie et Jérémy Bonsergent se sont démenés pour réchauffer leurs vergers et éviter les dégâts. Sur certains arbustes, ils enregistrent 70 à 80 % de perte.
Publié : 22 avril 2021 à 16h19 - Modifié : 22 avril 2021 à 16h28 par Alexis Vellayoudom
Mélanie et son mari vont faire une demande de calamité gel
Crédit : Alexis Vellayoudom
Pas de repos jusqu'aux Saintes Glaces pour les arboriculteurs. L'expression prend tout son sens en ce moment, mais jusqu’à quand ? Aux vergers de la Courtière, au Lion d’Angers, Jérémy et Mélanie Bonsergent s’attendent encore à des matinées difficiles sur leurs 5 hectares malgré l'accalmie de ces derniers jours.
Titre :Reportage dans les vergers de la Courtière
Crédit :Alexis Vellayoudom
Des fruits en formation brûlés par le gel
Sur place, c’est Mélanie qui fait la visite. Aujourd'hui, les vergers profitent de la lumière, quelques bourgeons fleurissent, mais ils cachent une bien triste réalité. Sur les arbustes des variétés les plus précoces comme la reine des reinettes, dont la fleuraison est avancée, Mélanie et Jérémy comptent 70 à 80 % de boutons floraux qui ont gelé, "là, on voit clairement en coupant qu'à la base du pistil, on voit que c'est noir à l'intérieur. Le fruit ne verra pas le jour ou alors il va grossir un petit peu, mais très vite tomber. C'est vraiment le gel qui a brûlé l'intérieur du fruit en formation", nous explique Mélanie Bonsergent.
Sur certains arbustes, 70 à 80 % des pistils ont brûlé
Crédit : Alexis Vellayoudom
Et pour empêcher ces boutons de geler, le couple, qui a repris l'exploitation familiale depuis deux ans et demi, a utilisé un dragon brouillard, une sorte de cuve tirée par un tracteur où du foin brûle, dégage un brouillard, maintenu au sol par des gouttelettes que produit la machine. Avec cet engin, ils ont pu gagner 2 degrés, mais en sacrifiant de quelques nuits de sommeil, "faut passer dans les rangs à peu près 4 à 5 heures par nuit en fonction de l'intensité du gel et toutes les 20 minutes pour réchauffer la végétation", précise l'arboricultrice.
Trop tôt pour estimer les pertes financières
Financièrement, le couple a encore du mal à y voir clair. Les pertes ne sont pas encore quantifiables. Les premières estimations arriveront à la fin du printemps, "il peut avoir des fruits déformés donc ils ne seront pas aptes à la vente directement, mais ils pourront être envoyés à la transformation pour faire du jus. Donc ce n'est pas une perte totale, mais on s'attend à une baisse de 50 à 70 % de fruits en moins" pour une vente normalement destinée aux magasins, grossistes et la vente en direct.
Le foin brûlé à l'intérieur de ce dragon brouillard a permis de gagner quelques degrés
Crédit : Alexis Vellayoudom
Jérémy et Mélanie vont faire la demande de reconnaissance de calamité agricole, même si pour eux, l'aide ne couvrira pas l'ensemble des pertes, "énormément de personnes sont touchées alors est-ce qu'il y aura suffisamment d'argent pour l'ensemble des exploitations et puis l'inconvénient de ces dispositifs, c'est que ça arrive souvent très tard", confie Mélanie.
Le climat en question
Le couple a repris l'exploitation qui était géré par les parents pendant une trentaine d'années. Ils constatent le dérèglement climatique, "ils ont eu deux épisodes de gel en 30 ans d'exploitation. Nous, on est arrivé fin 2018, on a eu un petit épisode en 2019 et là cette année. Ça fait beaucoup en deux ans et demi", explique Mélanie avant d'ajouter, "on sent que les hivers sont plus doux, la végétation se développent plus rapidement donc on a conscience qu'on n'est pas à l'abri de ce genre d'événement". Ils s'attendent à d'autres gelées d'ici les prochaines semaines.
Titre :Mélanie Bonsergent revient sur les changements de la météo depuis plusieurs années
Crédit :Alexis Vellayoudom