Mercosur. Devant une concession auto, la Conf' paysanne dénonce le projet "viandes contre voitures" du traité
Ce jeudi, une trentaine de paysans de la Confédération paysanne s'est mobilisée devant la concession automobile Volkswagen de Château-Gontier pour dénoncer les intérêts divergents entre les secteurs de l'automobile allemande et l'agriculture française sur le traité de libre-échange avec les pays du Mercosur.
Publié : 15h58 - Modifié : 15h58 par Alexis Vellayoudom
Le syndicat a amené des moutons et des vaches sur la concession Volkswagen
Crédit : Alexis Vellayoudom
C'est une action symbolique et quelque peu atypique. Ce midi, une trentaine de paysans de la Confédération paysanne s'est mobilisée pour dénoncer l'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur. Des moutons et des vaches ont été conduits chez la concession Volkswagen pour pâturer. Une forme de protestation contre ce qu'ils appellent "le projet voiture contre agriculteur", à savoir des intérêts des divergents entre le secteur de l’automobile allemande et l’agriculture française. "L'accord du Mercosur, c'est quoi ?! On voudrait importer de la viande de bœuf, de volaille qui au passage ne respectent les normes qu'on respecte en France pour exporter sans frais de douane, des voitures, des armes et de la chimie vers les pays d'Amérique du Sud. La symbolique, c'est d'être à côté de nos vaches et de nos moutons pour dire qu'on n'est pas d'accord avec ce genre d'échanges commerciaux qui ne sont pas équitables", explique Thibaut Audouin, secrétaire de la Confédération paysanne en Mayenne et éleveur de vaches laitières à Chemazé.
Titre :Pourquoi cette action ?
Crédit :Alexis Vellayoudom
Thibaut Audouin - Action Conf Paysanne_28 11 24_AVC
Pour la Confédération paysanne, cet accord de libre-échange, c'est aussi un pied de nez à l'avenir de la profession. "Désastreux pour les revenus des agriculteurs. Parce qu'avec ce genre d'accord, on met en concurrence les agriculteurs partout dans le Monde et on va forcément tirer les prix vers le bas. La préoccupation principale des agriculteurs, c'est quand même bien de vivre de leur métier. Là, ce qu'on est en train de faire, c'est de tuer l'agriculture et avec ça, on sera demain de moins en moins de paysans", ajoute Thibaut Audouin.
Les agriculteurs de la @ConfPaysanne53 installent des animaux sur la concession Volkswagen de #ChateauGontier pour montrer les intérêts divergents entre le secteur de l’automobile allemande et l’agriculture française sur le #Mercosur pic.twitter.com/tplYd79l5R
— Oxygène Radio (@Oxygene_Radio) November 28, 2024
Pourquoi les syndicats sont en ordre dispersé ?
Depuis plusieurs semaines, partout en France, les trois syndicats agricoles enchaînent leurs actions, mais chacun de leur côté. L'objectif est commun, dire non à la ratification de cet accord. C'est après que les positions divergent. "Non, en l'état" pour la FNSEA et la Coordination rurale. "Non quoi qu'il arrive" pour la Confédération paysanne. "On est contre les accords de libre-échange depuis 30 ans. On s'est opposé au CETA et au TAFTA, c'est ce qui nous différencie de la FNSEA et de la Coordination rurale. Nous, les normes, on considère qu'elle protège notre agriculture", justifie le syndicat paysan en Mayenne. À Château-Gontier, Estelle Marotte explique plus profondément leurs visions : "pour nous, ce qu'il faut faire, c'est préserver la nature et préserver les emplois. Alors que la FNSEA et en particulier Monsieur Rousseau (ndlr : président du principal syndicat), l'objectif, c'est de faire un maximum d'échanges commerciaux et donc ça ne concerne pas réellement les paysans. D'ailleurs pour certains, ils s'appellent plus agriculteurs que paysans alors que nous, nous voulons rester des paysans pour faire marcher un maximum de personnes sur les zones rurales, plutôt que de faire fonctionner beaucoup d'usines et de transports".
Titre :Des syndicats désunis ?
Crédit :Alexis Vellayoudom
Au risque que la voix du monde agricole porte moins ? "Oui, ça a un effet moindre, mais on ne peut pas être ensemble sur ce genre de problèmes puisque, dès le début, nous avons des différences énormes. Nous, ce qu'on voudrait, c'est nourrir la France, eux, c'est nourrir le Monde. C'est quand même plus intéressant pour un agriculteur de vendre en local que de vendre à l'export. Et ça, ce n'est pas encore vu par tout le monde", réponse l'éleveuse de vaches laitières bio à Châtelain. C'est donc en ordre dispersé que se poursuivront les prochaines actions prévues la semaine prochaine.