Segré. Des bénévoles déçus et tristes de l'annulation du Saveurs Jazz Festival

C'est sûrement l'événement culturel le plus important du Segréen qui va s'arrêter. En 2023, le Saveurs Jazz Festival n'aura pas lieu. La faute, selon la mairie, au Réseau Spedidam qui n'a pas répondu aux exigences sociales et financières pour la tenue d'un tel événement. 

"Des gros problèmes de communication avec les organisateurs"

À l'origine du problème, des engagements non respectés par le Réseau Spedidam, l'organisme en charge du festival et labellisé par la Spedidam. Le premier sur la partie sociale, la mairie conditionnait la subvention 2023 à la création d'une association locale avec des engagements "administratifs, financiers et d'animation du territoire tout au long de l'année". Des échéances étaient fixées, mais silence de mort du côté du réseau, "à ce jour l'association de bénévole n'est pas constituée. On a essayé longuement de les contacter, mais on n'avait pas de réponses", précise Colette Romann, adjointe à la Culture à Segré-en-Anjou-Bleu. 

L'autre partie concerne l'aspect financier. Il était prévu depuis plusieurs années que la mairie passe en 2023 sa subvention de 40 000 € à 20 000 €. Une réunion est fixée en février à laquelle les organisateurs participent, "il y avait des baisses de subvention. Une légère baisse de la Région, la baisse de Segré-en-Anjou-Bleu pour arriver à 20 000 € et le Fonds Leader de 50 000 € qui servait à l'aspect culinaire du festival ne pouvait être réengagé. Donc on arrivait à une subvention totale de 114 000 € alors que précédemment, elle était de 184 000 €, donc ils ont dit qu'ils ne pouvaient pas assurer l'équilibre financier", explique Colette Romann.

"On a du mal parfois à comprendre les budgets qu'ils nous présentent"

Ce jour-là, les deux personnes en charge de l'organisation expliquent alors réfléchir à une formule alternative à l'automne 2023 au Parc des expositions de Segré, mais trois jours après, c'est silence radio, "ils ne répondent pas au téléphone, au mail, à aucun des élus, même pas aux bénévoles. Donc si vous voulez, à un moment donné, on fonctionne avec le Saveurs Jazz Festival comme on fonctionne avec les associations locales. On travaille avec une visibilité sur les comptes financiers, sur les projets, en transparence, en confiance et on communique. À partir du moment, où on n'a plus personne au téléphone et bien, on prend nos responsabilités et donc il a été décidé que cette année la commune de Segré-en-Anjou-Bleu ne verserait pas de subvention. Je tiens à préciser ce n'est qu'une conséquence de leur absence totale de communication et d'un projet à l'équilibre", ajoute Colette. 

On pourrait croire l'événement isolé, mais selon la mairie, ce n'est pas le cas, "c'est décevant ! Parce qu'évidemment, c'était un festival auquel on était attaché, le public et les amateurs de jazz aussi. Même si, ne nous voilons pas la face, il n'a pas atteint les objectifs qu'on s'était fixés, il y a treize ans. Ça a toujours été un peu compliqué. On a du mal parfois à comprendre les budgets qu'ils nous présentent, mais ça ce n'est pas nouveau, je n'en dirai pas plus", s'agace l'élue. Selon nos informations, plusieurs fournisseurs n'auraient pas été payés en totalité.

Alors les organisateurs ont-ils eu un souci pour anticiper la baisse des subventions ? C'est fort probable, "ils étaient au courant que le Fonds Leader s'arrêtait", pointe l'adjointe à la Culture. La mairie leur a adressé un courrier pour leur signifier l'arrêt de la subvention, mais toujours aucune réaction. L'annulation, est-elle seulement pour 2023 ? "Je n'en sais rien, je n'ai pas réponse", conclue Colette Romann. 

Des bénévoles déçus, mais pas abattus 

"Pour les Segréens, pour les bénévoles, c'est un vrai moment de partage, de rencontre. C'était quelque chose d'important. Ça reste une des vitrines de Segré-en-Anjou-Bleu, ne serait-ce que pour la musique, mais aussi sur les saveurs, parce que c'est quand même la base de ce festival tout ce qui est autour de l'art culinaire. Malheureusement, on est un peu bousculé par tous ces événements-là", confie Fabien Gohier, co-responsable des bénévoles.

Pourtant, certains motivés étaient prêts à s'engager dans l'association locale Jazz au Pays, mais ils ont vite été refroidis, "c'est vrai que quand on a vu les derniers bilans, on s'est posé quelques questions. Les montants engagés pour l'organisation d'un tel festival et avec la baisse de dotations entre autre public, on se voyait mal comment on pouvait réorganiser ce festival. Et ça, on le comprend tout à fait, vue la conjoncture actuelle", confie Fabien Gohier, co-responsable des bénévoles. 

Ils prévoient d'organiser une réunion en avril pour décider de la suite à donner, "pour voir les motivations de chacun et sous quelles formes, on pourrait rebondir sur 2024, mais il est clairement trop tôt pour évoquer quoi que ce soit. Après, oui, le Saveurs Jazz tel qu'on l'a connu, avec la même ampleur, sera compliqué à réorganiser, mais on va tâcher de faire quelque chose pour 2024", promet Fabien, bénévole depuis cinq ans. 

Contacté, le Réseau Spedidam n'a pas donné suite à nos sollicitations.