Angers. Terra Botanica, une nouvelle éclosion gérée par un opérateur privé
Après 15 ans d'existence, le Conseil départemental du Maine-et-Loire et la mairie d'Angers cèdent la gestion du parc du végétal Terra Botanica à l'opérateur privé Looping qui promet un investissement de 59 millions d'euros.
Publié : 19 novembre 2024 à 15h35 - Modifié : 19 novembre 2024 à 15h42 par Alexis Vellayoudom
"Le moment pour nous est venu de tirer notre révérence sur la gestion en direct du site", c'est par ces mots que le maire d'Angers Christophe Béchu a annoncé le nom de l'investisseur privé qui va gérer Terra Botanica. La société Looping Cie en prendra les rênes à partir de janvier 2025 sous la forme d'un bail emphytéotique. Retour sur ce projet qui mijote depuis la création du parc du végétal.
Un bail de 40 ans pour Looping
L'arrivée d'un investisseur privé, c'est d'abord l'histoire d'un pari "réussi" selon les élus. Dans les années 90, les élus souhaitent une locomotive touristique de l'Anjou. "On voulait un lieu unique, associé à ce que nous sommes", raconte le maire d'Angers Christophe Béchu. Le végétal arrive comme une évidence : le Roi René, grand amateur de botanique, une des plus grosses productions de champignons de Paris en France, la moitié du marché des roses françaises, 20 000 emplois en Anjou, 500 chercheurs, la graine est plantée. Elle va germer jusqu'à l'éclosion de Terra Botanica. "Notre pari initial qui consiste à dire, "comment on fait pour apparaître sur la carte de France et ne pas être un no man's land entre les Châteaux de la Loire et l'économie touristique de l'autre", il est en passe d'être gagné, mais pour tenir ça, il y a des nouveaux défis à relever", poursuit le maire. Actuellement, la moitié des visiteurs viennent spécifiquement pour découvrir Terra Botanica, "à partir de là, ils ont peut-être construit un moment dans le Saumurois, dans le Choletais. Ils ont prolongé la route dans le Vendée ou l'Atlantique", se réjouit Christophe Béchu.
Aujourd'hui, il était temps de sauter le pas. Le parc du végétal est à l'équilibre financièrement, sans subvention de fonctionnement. Il bat des records et c'est le plus visité du département. "On arrive à 587 000 visiteurs sur l'année 2024. On a une croissance exponentielle et à un moment quand on est à la veille d'avoir 15 ans, il était essentiel de se dire qu'on pouvait s'adosser à un privé, ce qu'a toujours été le projet originel", rapporte la présidente du Conseil départemental Florence Dabin. Après un appel à manifestation d'intérêt, lancé l'année dernière, le choix s'est porté sur la société Looping Cie. Un groupe français, leader européen des parcs régionaux avec 19 parcs dont le Zoo de la Flèche, Planète Sauvage ou encore la Mer de Sable à Ermenonville et l'Aquarium de Saint-Malo. Techniquement, Looping bénéficiera d'un bail emphytéotique sur 40 ans. Concrètement, toutes les charges seront transférées à Looping. "Ils n'achètent pas le parc. Ce bail va leur permettre d'exploiter une marque qui continue d'appartenir au Département, et un terrain qui appartient à la mairie d'Angers. Et qui à la fin du bail reviendra à son propriétaire actuel", précise l'ancien ministre à la Transition écologique. En contrepartie, les collectivités toucheront une redevance annuelle fixe et un intéressement au chiffre d'affaires.
59 millions d'euros d'investissement
Dans les faits, Looping Cie créera une SAS pour gérer le parc qui sera en autonome par rapport aux autres structures du groupe. Ensuite, pour accorder leur confiance, les collectivités ont demandé des gages à la société française. Parmi eux, l'aspect financier. "Ils s'engagent sur une enveloppe de 59 millions d'euros pour développer le parc et faire en sorte qu'on travaille sur les investissements, le renouvellement et la nouveauté", explique Pierre Watrelot, directeur de Terra Botanica. Comme l'a été Terra Nocta, lancée en 2022 (ndlr : 60 000 visiteurs en 2024). L'enjeu, ce sont ces 70 % de visiteurs qui sont venus pour la première fois. "Il faut être capable de réinvestir une partie de ce que vous gagnez pour susciter de la revisite, attirer des gens pour la première fois et faire en sorte que des gens déjà venus, reviennent", ajoute Christophe Béchu. Élément indispensable dans un marché du parc de loisirs qui pèse près de 3 milliards de chiffre d'affaires.
Mais Terra Botanica, c'est aussi un état d'esprit que souhaite conserver les élus. "La dimension ludique, familiale, pédagogique, la défense d'un lieu vitrine de la transition écologique seront dans la feuille de route de celui qui va prendre la suite", affirme de son côté Christophe Béchu. Les emplois aussi. 340 contrats de travail sont signés à l'année, 57 permanents travaillent sur le site, le nombre de saisonniers monte jusqu'à 140 en haute saison. "C'est un groupe français qu'est structuré qui partage nos valeurs. Qu'est dans la même dynamique de vouloir protéger l'ensemble des salariés", rassure la présidente du Conseil départemental. Les collectivités auront d'ailleurs toujours un regard sur la gestion du parc avec la création d'un Comité de suivi et partenarial composé d'élus.