Craon. L'hébergement temporaire chez l'habitant, une solution à la crise du logement pour les jeunes

Mis en place depuis un an à Laval agglomération et Mayenne communauté, l'hébergement temporaire chez l'habitant se développe sur le Pays de Craon depuis début septembre. Une solution qui s'adresse aux jeunes de 15 à 30 ans, pour leur permettre de se loger à petit prix à côté de leur lieu de travail ou de stage.

Publié : 27 septembre 2024 à 9h49 par Marie Chevillard

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Hébergeurs et hébergés créent des liens, avec du baby-sitting, des sorties ou des repas partagés.
Crédit : Pixabay / Colibrie

Pas toujours facile de trouver un logement en milieu rural, lorsqu'on est en apprentissage, en alternance ou en stage. C'est pour répondre à cette problématique que se déploie depuis quelques années l'hébergement temporaire chez l'habitant en Mayenne. Dédié aux jeunes de 15 à 30 ans, il permet de louer une chambre chez l'habitant à la nuitée, à petit prix, entre 15 et 17 euros, et à 290 euros maximum par mois. 

Le dispositif est notamment porté par l'ADLJ - l'Association départementale pour le logement des jeunes en Mayenne. En un an sur les territoires de Mayenne communauté et Laval agglomération, elle a comptabilisé plus de 1400 nuitées. Bien plus qu'escompté, selon les salariés de l'ADLJ, qui espèrent un même succès sur le Pays de Craon, où le dispositif est proposé depuis le 1er septembre. Seules conditions pour les hébergeurs : avoir une chambre d'au moins 9m2 avec une fenêtre et accepter de partager les espaces communs de la maison.

Anaïs Lebourdais "la majorité des hébergeurs nous contacte par solidarité"
Crédit : Marie Chevillard

"Lorsque les hébergeurs et les hébergés nous contactent, on leur fait remplir une fiche de renseignements, précise Anaïs Lebourdais, chargée de mission hébergement temporaire à l'ADLJ. Pour les jeunes, on leur demande s'ils préfèrent être hébergé chez une personne seule (homme ou femme), chez un couple, une famille ? Et les hébergeurs, on leur pose la question, s'ils préfèrent héberger plutôt du lundi au vendredi ? Ou avoir des profils étudiants, avec la même personne tout au long de l'année ? Ou alors accueillir des jeunes plutôt ponctuellement ?" Ils sont aussi interrogés sur les allergies aux animaux ou les contacts avec les enfants, pour éviter toute mauvaise surprise des deux côtés. Et c'est tout le travail d'Anaïs Lebourdais, de faire en sorte que ça 'matche' entre hébergeur et hébergé.

 

"Éviter de payer un double loyer"

 

Avec déjà le recul d'une première année d'expérience, la chargée de mission établit un profil-type chez les jeunes du dispositif. "La moyenne d'âge s'établit à 21 ans, avec un profil plutôt d'alternant. C'est un jeune qui va être présent une semaine ou deux semaines par mois chez l'hébergeur. Ça leur évite à de payer un loyer entier, voire de payer un double loyer s'ils ont déjà un logement ailleurs."

Chez les hébergeurs en revanche, difficile d'établir un portrait-robot : des familles avec des enfants, des couples un peu plus âgés ou des personnes seules peuvent être concernées. Mais une chose les réunit : "la majorité des hébergeurs nous contacte plutôt par solidarité. Il y a une contrepartie financière, mais ce n'est pas forcément ce qu'ils recherchent en fait. C'est vraiment de pouvoir aider un jeune et puis, il y a forcément un petit lien qui se crée. Le fait d'avoir demandé en amont les critères de chacun, ça fait que les binômes se passent très bien".

 

Visite du Mont-Saint-Michel et baby-sitting

 

Avec 1200 jeunes accueillis en Mayenne, le dispositif a déjà fait ses preuves selon l'ADLJ. Aucune obligation d'échanges de services, mais "on peut partager les repas ensemble ou pas (l'option petit-déjeuner/dîner est à 5 euros par jour), explique Anaïs Lebourdais. Certains jeunes restent le week-end : on a le cas d'une hébergeuse qui a emmené une jeune au Mont-Saint-Michel, pour lui faire découvrir un peu les environs ; une autre jeune fille est devenue baby-sitter du couple chez qui elle est..."

"Ça rassure les parents, notamment pour les mineurs, et ça permet aussi de maintenir des jeunes sur le territoire après le lycée", espère Christophe Langouët, président de la communauté de communes du Pays de Craon. Le territoire dispose déjà de deux appartements pour l'accueil des salariés, une proposition complémentaire à ce nouveau dispositif. 

Anaïs Lebourdais "des entreprises ont du mal à recruter à cause de la problématique du logement"
Crédit : Marie Chevillard

Ce système existe aussi dans les Coëvrons et au Mont des Avaloirs, géré là-bas par le Nymphéa Résidences Habitat jeunes, basée à Évron. Et parfois, ce sont même les entreprises qui contactent directement les structures de mise en relation : "certaines peuvent avoir du mal à recruter des apprentis ou des alternants, parce qu'il y a toujours cette problématique du logement, expose la chargée de mission de l'ADLJ. Quand les jeunes sont véhiculés, c'est un peu moins un frein parce qu'ils peuvent se déplacer. Par contre, pour certains alternants, notamment ceux qui ont entre 15 et 18 ans, la mobilité, c'est vraiment le souci. Donc quand on peut trouver des hébergeurs vraiment tout proches, ils peuvent s'y rendre à pied ou prendre les transports en commun : ça facilite quand même le quotidien."

L'association aura un stand à la foire de Craon, du 4 au 7 octobre, pour faire connaître au plus grand nombre le dispositif. Renseignements par mail à hth@adlj.org et 07 69 17 09 21.