En Anjou et en Mayenne. Des commandes de plusieurs milliers tonnes de paille pour aider des agriculteurs
La récolte céréalières de cet été est la pire depuis 30 ans. Pour compenser, les manques et les pertes, la FDSEA 49 et 53 ont commandé des milliers de tonnes de paille. Ils réclament aussi un dégrèvement de la TNFB et une prise en charge des cotisations sociales pour aider les filières impactées comme le porc ou la volaille.
Publié : 11 septembre 2024 à 10h39 - Modifié : 11 septembre 2024 à 10h50 par Alexis Vellayoudom
Les agriculteurs angevins et mayennais devront importer de la paille pour passer l'hiver. La récolte estivale a été mauvaise avec des rendements en berne, la faute à une météo capricieuse. Le manque de paille va entraîner des problématiques économiques sur les fermes mayennaises et angevines. La FDSEA a décidé d'en commander aux autres départements pour palier le déficit.
30 à 50 % de rendements en moins
"Cette mauvaise récolte, c'est inédit", lâche Benoît Faucon, membre de la FDSEA 53. Il y avait bien eu, en 2021, une baisse qui avait obligé les agriculteurs mayennais et angevins à faire venir de la paille du Sud de la France et des régions céréalières, mais c'est fois-ci, la situation est alarmante. Moins 30 % de rendements en blé, 30 à 50 % pour les fourrages, et une qualité à déplorer, les pires récoltes depuis 30 ans selon la FDSEA. Alors, les fermes mayennaises et angevines auraient pu compenser ces pertes, si les réserves avaient été à des niveaux raisonnables, mais ce n'est pas le cas. "Au niveau de la ferme mayennaise, on n'a pas pu faire toute la surface en blé qu'on voulait faire. On est déjà parti avec une surface moindre. En plus, les animaux sont restés plus longtemps dans les bâtiments. Habituellement, on rentre nos animaux en novembre et on les ressort début février, si le temps le permet. Là, on les a rentrés au mois d'octobre donc on a perdu un mois de paille. On les a ressortis très tard, que début avril dans certains coins de la Mayenne", explique l'agriculteur.
Heureusement, le principal syndicat agricole avait prévu le coup dès le mois de mai. "On savait qu'on allait pas avoir de rendements en grain et en paille en raison de la quantité d'eau importante qu'est tombée. On a lancé un sondage pour nos adhérents, pour estimer leurs besoins" préviennent les FDSEA 53 et 49. Bilan, 1 000 tonnes de paille à faire venir en Mayenne, 2 000 tonnes qui sont déjà arrivées en Maine-et-Loire. La commande a été contractualisée avec les départements céréaliers de l'Eure et l'Eure-et-Loire ou voisins comme l'Indre-et-Loire, la Vienne et la Haute-Vienne. "On a un service dédié à ces commandes de paille, qu'on active ou non en fonction des besoins. On est en partenariat avec les départements voisins pour éviter subir les cours", explique Emmanuel Lachaize, président de la FDSEA 49. "Le but, c'est de protéger nos éleveurs, de pouvoir couvrir leurs besoins et d'éviter un effet spéculatif parce que le fait qu'on ait déjà contractualisé avec un volume et un prix, ça évite la spéculation en fin d'hiver", avance Benoît Faucon. L'hiver, justement, dont une partie devrait se passer sans accroc. "Mais, le mois de mars sera critique". Difficile aussi sur le plan financier. "Pour une exploitation agricole moyenne, cela va alors générer des pertes de chiffres d'affaires de l'ordre de 30 000 à 40 000 €. Les faibles rendements ne couvriront pas les coûts de production des cultures cette année. Beaucoup d'agriculteurs comptent généralement sur les grandes cultures pour payer leurs factures d'approvisionnement et honorer leurs courts-termes", constate la FDSEA.
Une filière porcine inquiète
Pour les filières porcine et volaille, c'est la double peine. Pas de paille, pas de blé à vendre, mais surtout pas de grains pour nourrir leurs bêtes. "Le coût pour produire un porc, l'alimentation, c'est 70 %. On a pris conscience depuis une vingtaine d'années que c'était important pour nos éleveurs qu'ils puissent produire un maximum de produits végétaux sur leur exploitation et la transformer et la stocker pour la donner à leurs animaux", rappelle Benoît Faucon. Mais ces rendements en baisse vont engendrer des achats supplémentaire de grains pour nourrir leur bétail. "C'était des gens qui étaient habitués à être autonome pour éviter d'avoir les surcoûts des matières premières, notamment des céréales sur le marché mondial. Et qui demain, ils vont devoir compléter les manques qu'ils ont sur le marché. Donc, il faut espérer que le prix du céréale reste à un niveau contenu". Une mauvaise nouvelle alors que la filière connaît, depuis quelques mois, une évolution positive du prix payé à la production.
Un dégrèvement sur la TFNB
Pour compenser l'impact financier, les FDSEA 53 et 49 en appellent aux services de l'État, la DGFIP et la DDT, en demandant un dégrèvement de la TFNB, la taxe foncière non bâti. "C'est une taxe payée par le propriétaire, mais il peut en partager une partie avec le locataire. Ça va de 30 à 50 € de l'hectare", explique Benoît Faucon. Selon le syndicat, cette taxe pourrait permettre de faire une économie de 1 500 à 2 000 € pour chaque agriculteur. En parallèle, la FDSEA 49 réclame une prise en charge par la MSA des cotisations sociales des agriculteurs en difficulté, et l'antenne nationale des "aides d'urgence" de l'État et de l'Union européenne. "Ça serait déjà une reconnaissance et la volonté de faire un pas vers nous", martèle la FDSEA.