En Anjou. La Belle Angevine, valoriser la viande locale face à la concurrence
Depuis un mois, la marque La Belle Angevine commercialise des races à viande produites en Anjou par des éleveurs angevins. Le projet a vocation à mieux rémunérer les agriculteurs et valoriser le local face à la concurrence étrangère.
Publié : 20 novembre 2024 à 8h45 - Modifié : 20 novembre 2024 à 8h54 par Alexis Vellayoudom
En pleine colère des agricultures contre le Mercosur, eux n'ont pas attendu l'arrivée probable de viandes d'Amérique du Sud pour lancer leur propre marque. Neuf agriculteurs angevins ont créé La Belle Angevine, une marque de races à viande produites en Maine-et-Loire. Commercialisée depuis un mois au Leclerc de Segré, elle devrait arriver sur les étales de plusieurs supermarchés du Maine-et-Loire.
Meilleure rémunération pour les éleveurs
Dans le rayon des steacks hachés, une barquette familière attire les regards. Une vache souriante, un pré vert, traversé par la Maine, et le château d'Angers en fond. Alors certes le prix est un peu plus cher que les steacks conventionnels, mais Marie, infirmière arrivée dans le Segréen, n'hésite pas au moment de faire son choix. "J'ai des frères et soeurs qui sont agriculteurs et donc je sais que ce sont des produits locaux. Je préfère payer un peu plus cher, mais manger local. Au moins que je sais que c'est transformé dans le coin, c'est de la viande bovine du coin. C'est Français". Même constat du côté de la boucherie traditionnelle où la carcasse est déclinée sous toutes ses formes, faux-filet, palette, côte et entrecôte. "Le local, ça marche bien", confie le boucher Jacky.
"On voulait remettre de la race à viande issue du 49 dans les magasins et garder la main sur la commercialisation. L'objectif, c'est d'être mieux rémunéré", explique Frédéric Bossé, éleveur de vaches allaitantes au Tremblay et président de l'association. L'abattage est fait dans le coin, à la SCAVO sur Cholet. Comptez quand même quelques centimes, voire euros en plus. "On a créé cette démarche pour ramener des centimes dans les élevages et essayer de se coller au plus près des indicateurs des coûts de production pour qu'à la fin tout le monde soit gagnant. Ce n'est pas facile de passer des hausses parce que les coûts de production sont très élevés dans les exploitations. Ça ne se ressent pas dans le prix au niveau du rayon traditionnel. Les agriculteurs sont mieux payés et le consommateur n'est pas impacté. Il y a moins d'intermédiaires", ajoute l'éleveur.
Valoriser le local face à la concurrence
Alors que l'accord de libre-échange avec le Mercosur est en passe d'être signé par la Commission européenne, entraînant, de fait, la crainte des agriculteurs français de voir débarquer de la viande d'Amérique moins contrôlée, sur les étales des supermarchés, ces éleveurs angevins défendent un produit ultra-local de meilleure qualité. "On élève bien nos animaux et on trouve ça dommage que dans les rayons parfois on ne sait pas trop d'où ça vient. Parfois, ça peut venir de l'autre bout de la France ou de l'Europe alors qu'on a tout ce qu'il faut chez nous. Et en plus, c'est bien fait. La viande rouge est souvent décriée et nous, on est là pour dire l'inverse. Une vache bien élevée qui va pâturer huit mois de l'année, elle a un impact positif sur l'environnement. On maintient les haies, les prairies. La viande rouge, elle fixe du carbone et va dans le bon sens au niveau environnemental", insiste Frédéric Bossé.
Une qualité dont fait l'éloge Tony Poussin, responsable du rayon Boucherie : "au niveau du bien-être animal, comme on dit, ça se ressent dans l'assiette. Il y a une meilleure qualité nutritive et en termes de goût, c'est une viande qu'es légèrement persillée donc ça amène beaucoup de goûts à l'assiette". Aujourd'hui, La Belle Angevine livre 2 à 3 carcasses par mois. Demain, la marque pourrait passer de 8 à 10 puisqu'elle arrivera bientôt dans les rayons du Carrefour Grand Maine d'Angers et à l'Hyper U de Mûrs-Erigné.