EN IMAGES. 400 soutiens aux porteurs de projet bio de Denée investissent la Chambre d'agriculture

Pour protester contre la décision de la Safer de privilégier un agrandissement d'exploitation plutôt que l'installation d'un élevage et production bio à Denée, 400 sympathisants et membres de la Confédération paysanne ont investi la Chambre d'agriculture.

3 octobre 2024 à 14h10 - Modifié : 18 novembre 2024 à 12h47 par Alexis Vellayoudom

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Marius, Maëlys et Simon, trois des quatre membres du projet à Denée
Crédit : Alexis Vellayoudom

Omerta, clientélisme, mafia, les mots sont forts pour exprimer leur colère à l'encontre de la Safer. Ce jeudi, plus de 400 soutiens des quatre porteurs de projet, qui se sont vus refuser leur installation à Denée, ont manifesté à Angers pour protester devant la préfecture et ont pris d'assaut la Chambre d'agriculture. 

 

Reportage avec les manifestants
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

"Les installations, l'élevage, ce sont des priorités et dans les faits, ce n'est pas ce qui se passe"

 

C'est une décision qui ne passe toujours pas. "On n'a toujours pas de justification. Le Schéma directeur régional des exploitations agricoles n'a pas été suivi et la priorité, c'est normalement l'installation et le maintien des corps de ferme, notamment en élevage", martèle Simon Coutant sur l'estrade, l'un des quatre porteurs de projet. Avec ses compères Maëlys, Marius et Clémence, ils avaient bouclé en un mois un projet de reprise des 170 hectares de la Ferme des Joncs à Denée avec la ferme, un maintien de l'élevage bovin allaitant en Limousine, un projet de maraîchage en vente directe et de grandes cultures avec une transformation en pain.

 

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Simon Coutant, l'un des quatre porteurs de projet
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Mais le 24 septembre dernier, le Conseil d'administration de laSafer, organisme qui gère l'aménagement foncier notamment dans l'agriculture, en décide autrement en privilégiant un projet d'agrandissement d'exploitations voisines avec une seule installation en fleurs coupées, sur 3 hectares, soutenu par la FDSEA, principal syndicat agricole. Incompréhension, depuis le ton monte. "Au sein du CA de la Safer, ce sont essentiellement des représentants de la FDSEA. On est interloqué. Les installations aujourd'hui, c'est une priorité, c'est clamé partout, l'élevage, c'est une priorité. Et dans les faits, ce n'est pas ce qui se passe", s'interroge Simon. La Confédération paysanne va plus loin : "On veut dénoncer cette omerta, ce clientélisme autour de la Safer". 

 

 

Une SCI de 270 associés

 

Alors qu'une cinquantaine de membres a pris position dans la Chambre d'agriculture, des centaines de sympathisants se sont réunis devant la préfecture. Des élus, le sénateur angevin Grégory Blanc, mais aussi la députée insoumise de la 4e circonscription de l'Ille-et-Vilaine Mathilde Hignet, "c'est une situation qui n'est pas unique". Parmi les sympathisants, il y a aussi des habitants de Denée comme Catherine : "ce projet, c'est le maintien de l'élevage, des céréales pour faire du pain, du maraîchage et faire participer les collectivités locales pour servir les cantines et faire manger plus sainement avec du bio. On est déçu, parce que ça apporterait de la jeunesse dans le village, des emplois, une ouverture sur le comment bien manger et puis la planète aussi. On a des rivières à Denée, il faut les protéger". 

 

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Catherine habite Denée et soutient ce projet
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Un modèle qui va même plus loin, car pour présenter leur projet, les quatre jeunes ont monté une SCI, société civile immobilière, qui compte aujourd'hui 270 associés et a permis de lever 600 000 €. "C'est inventer un nouveau modèle économique pour les fermes. On a tous fait en un mois. Aujourd'hui, on est 300, et tout le monde n'est pas dans la SCI. C'est bien plus large que ça. C'est un projet qu'est soutenu par une majorité", constate Simon.

 

Un dernier recours

 

Ce matin, les porteurs de projet et les associations de soutien étaient en réunion avec le préfet du Maine-et-Loire Philippe Chopin. Mélanie Bonsergent, co-président du GAAB Anjou résume : "le seul recours possible, c'est auprès du Commissaire du gouvernement à la DRAFF qui peut juger de la conformité du projet avec les règles du Schéma directeur régional des exploitations agricoles qui explique les priorités en termes d'acquisition foncière au niveau agricole. On a un petit espoir que le dossier soit réexaminé d'ici trois semaines. On continue le combat". Un combat qui s'est poursuivi, en musique, jusque dans l'après-midi à la chambre d'agriculture