En Maine-et-Loire. Une association fait un Tour de France pour lutter contre la privation d'emploi
L'association angevine Plein Emploi Solidaire s'est lancée dans un Tour de France pour réclamer des contrats d'insertion à durée indéterminée ou encore des passerelles entre le milieu ordinaire et de l'handicap.
8 avril 2024 à 16h08 par Alexis Vellayoudom
Ils se sont lancés dans un Tour de France contre la privation d'emploi. Au départ des Ponts-de-Cé, depuis le 28 mars dernier, des membres de l'association angevine Plein Emploi Solidaire sillonnent l'hexagone à la recherche des meilleures initiatives de lutte contre la privation de l'emploi. L'occasion aussi pour ses membres issus des structures d'aides à emploi, à l'insertion ou au travail adapté du Maine-et-Loire, ils ont crée de porter leurs revendications au gouvernement.
Des contrats d'insertion à durée indéterminée
"Proposer une allocation de misère à la place d'un emploi. C'est de la folie. On fait une société d'assistés et après, on va se plaindre. C'est ridicule !". Patrick Valentin, le président de Plein Emploi Solidaire, ne pèse pas ses mots sur le sujet. Selon lui, le système actuel prive certains chômeurs de longues durées ou des personnes en situation de handicap d'accéder à l'emploi. Il estime que proposer une allocation chômage à un citoyen, faute d’emplois accessibles est déjà une erreur. "Si les personnes n'ont pas, pour des raisons complexes et économiques, les moyens d'accéder à l'emploi existant, c'est qu'il n'y a peut-être pas assez d'emploi adapté". Plein Emploi Solidaire porte sa principale revendication sur l'insertion. "On demande que l'insertion soit une promesse à une durée indéterminée. On ne peut pas accepter que ce soit pour deux ans, ça n'a pas de sens", explique Patrick Valentin.
Pour Laurent Marchand, directeur du Jardin de Cocagne angevin, où sont employées plusieurs personnes en insertion, ces chantiers ne doivent pas être qu'un tremplin à l'emploi : "au bout de 24 mois, il y a des personnes qui ont des problématiques, qui peuvent être psychologiques, des problèmes de santé, qui ne leur donnent pas une reconnaissance de travailleur handicapé et pour autant, on sait que les portes de l'emploi conventionnel leur seront fermées. On est dans un entre-deux où ces personnes ne trouvent pas d'emploi et alors qu'elles ont une force productive, une capacité de travail qu'a été constatée chez nous donc il faudrait qu'on ait la capacité de leur proposer des contrats de travail à durée indéterminée pour leur permettre de travailler dans un cadre qui le permet".
"On se fait plaisir en disant plein-emploi 5 %, c'est pas vrai"
Autre revendication portée lors de ce Tour de France, le financement des emplois d'insertions. Patrick Valentin justifie : "il faut que le nombre d'emplois d'insertions co-financés par la collectivité soit à proportion des besoins et non pas en fonction d'un budget établi à l'avance. C'est exactement comme les allocations puisque c'est justement une alternative à l'allocation. Il faut que ça soit financé pareil, autant que les gens en ont besoin. On prétend être un pays où l'emploi est promu, mais on empêche les gens qui désirent un emploi d'y accéder".
Pour lui, l'Etat se voile la face sur la situation du chômage en France, "on se fait plaisir en disant plein emploi 5 %, c'est pas vrai. Le plein-emploi, c'est uniquement quand il reste que du chômage frictionnel, mais le chômage frictionnel, c'est 2,5 %. Ça veut dire que tant qu'on ne sera pas à 2,5 %, on aura laissé tomber les pauvres gens qui n'y sont pas parvenus parce que les emplois étaient trop difficiles pour eux". En cela, il salue le développement des projets Territoire Zéro Chômeurs de longue durée qui permet d'embaucher des personnes éloignées l'emploi en CDI à temps choisi. "Je suis agréablement surpris par le nombre de collectivités qui se lancent dans ces projets". Une implication et un contrôle du pouvoir local qui sont d'ailleurs revendiqués par l'association.
Des passerelles entre milieu ordinaire et handicap ?
L'association Plein Emploi Solidaire se penche aussi sur de nouvelles idées. Comme l'insertion des personnes ordinaires en difficultés et éloignés de l'emploi dans les ESAT, ces établissements et service d'aide par le travail qui permettent aux personnes en situation de handicap d'exercer une activité professionnelle. Pour Philippe Goiset, directeur de deux ESAT en Maine-et-Loire, croit en cette solution. "On est en train de réfléchir à des systèmes qui permettraient à des jeunes de faire des stages de longues durées en ESAT alors qu'ils sont en milieu ordinaire au niveau éducatif, en lycée professionnel par exemple. Pour pouvoir vérifier, si leur potentialité leur permet d'aller tout de suite vers le milieu ordinaire ou bien de faire un passage en ESAT. Ça peut être 1 an, 2 ans ou toute leur vie professionnelle".
L'association a écrit une lettre au président de la République où elle réclame l'organisation d'une concertation nationale pour une loi sur le droit à l'emploi.