En Mayenne. L'amiante encore présent dans 9 écoles sur 10

Classé cancérogène en 1977 et interdit dans la construction depuis 1997, l'amiante est pourtant toujours détecté dans près de 9 bâtiments scolaires sur 10. Le syndicat Sud Education 53 veut sensibiliser à la dangerosité du matériau et inciter les collectivités à engager des travaux en urgence.

25 octobre 2024 à 9h48 - Modifié : 26 octobre 2024 à 10h37 par Marie Chevillard

Illustration bâtiment scolaire_18 10 24_Pixabay Gabriele Lässer
Près de 9 bâtiments scolaires sur 10 contiendraient encore de l'amiante (image d'illustration).
Crédit : Pixabay / Gabriele Lässer

L’amiante dans les bâtiments scolaires est dans le viseur du syndicat Sud Education depuis 2022, au niveau national. Selon les premières estimations, près de 9 écoles sur 10 en contiendraient encore aujourd'hui, alors que cette roche a été interdite dans la construction depuis 1997 et classé cancérogène en 1977. En Mayenne, Lionel Lesourd, professeur d'EPS au collège Volney à Craon et militant au sein de Sud Education 53, s'est formé depuis l'an dernier sur le sujet. Il a contacté toutes les mairies (pour les écoles), le Conseil départemental de la Mayenne (les collèges) et la Région des Pays de la Loire (les lycées), pour obtenir des documents techniques amiante, résultats d'inspections réalisées obligatoirement tous les trois ans.

 

9 établissements étudiés, tous positifs à l'amiante

 

A l'heure actuelle, 51 documents ont été recueillis, sur l'ensemble des écoles, collèges et lycées du département. Parmi eux, neuf d'entre eux ont été étudiés, soit dans le détail, deux écoles, trois collèges et quatre lycées. Résultat : tous les établissements scolaires concernés contenaient encore de l'amiante. "On les a choisis complètement au hasard, tient à préciser Lionel Lesourd. Je m'attendais à ça, honnêtement : chez Sud Éducation, on estime qu'on est au moins à 90 % des écoles touchées au niveau national." 

Concrètement, ce sont des dalles de sol qui peuvent être en vinyle amianté, "sur lesquelles on marche évidemment, on bouge les chaises, donc on frotte sur les mêmes endroits toute la journée. Les élèves posent leurs sacs aussi par terre et on peut ramener des fibres d'amiante à la maison, sans même avoir conscience qu'on a pris un risque", en sachant qu'une fibre peut suffire à rendre malade. Parfois, selon les lieux, ce sont plutôt les murs qui sont contaminés, dans les peintures, les enduits, ou même dans la structure elle-même. "Il reste peu de faux plafonds amiantés, mais il en reste encore, notamment dans un lycée dans le Sud du département, dans les toilettes des élèves", regrette Lionel Lesourd.

Lionel Lesourd "'Au moins 90 % des écoles seraient touchées au niveau national"
Crédit : Marie Chevillard

Deux établissements ont été particulièrement pointés du doigt par le syndicat, pour des travaux à réaliser en urgence : le collège Volney à Craon, dont "le couloir du premier étage est à désamianter" ; et le lycée Douanier-Rousseau à Laval, où "des plaques de toit sont stockées dans un dégagement où ells n'ont rien à y faire. Elles sont à enlever depuis plus d'un an."

À l'image de ces deux cas précis, même quand les travaux à réaliser sont connus par les propriétaires des bâtiments scolaires, ils ne sont pas forcément réalisés dans les temps, question de budget, a-t-on répondu au syndicaliste. "On nous dira forcément que c'est cher... Alors combien coûte le traitement d'un cancer ? Le risque de l'amiante, ce sont les cancers, avec la mort au bout. À comparer au désamiantage, on reste en dessous. De toute façon, la vie humaine n'a pas de prix. On ne va pas échanger une vie ou une santé contre des euros !"

 

Une signalétique obligatoire... inexistante

 

Face à cette situation, il identifie deux priorités. "Un premier pas, ce serait d'obtenir la mise en place de la signalétique amiante sur les matériaux, obligatoire depuis 2015. Si nous, profs, on sait qu'il y a une peinture amiantée dans une salle de classe, on ne va pas punaiser les travaux des élèves au mur par exemple, puisque ça peut potentiellement libérer des fibres". Mais cette "première protection" n'exonère pas des travaux pour enlever l'amiante, "puisqu'on sait que tôt ou tard, il y aura des fibres qui seront libérées dans l'air. Il faut que les collectivités territoriales aient un budget conséquent et pérenne pour pouvoir désamianter progressivement tous les établissements scolaires sans exception".

Lionel Lesourd "On demande un budget conséquent pour les collectivités territoriales"
Crédit : Marie Chevillard

Le syndicat demande aussi la formation des agents techniques à ce risque amiante, et le choix de prélèvements sur le sol, au détriment des mesures actuelles d’empoussièrement, pour détecter la présence de la substance. Sud Education 53 invite aussi les parents d’élèves intéressés par le sujet à le contacter, pour "avancer ensemble".