Montigné-le-Brillant. Les agriculteurs ont récupéré leur ferme occupée illégalement

"Maintenant, on va revivre, c'est un grand soulagement". Patrice et Josiane Garanger, deux anciens agriculteurs de Montigné-le-Brillant, ont pu réintégrer ce mercredi 26 mars la ferme qu'ils avaient cédée en mai 2023 à un père et sa fille... qui n'avaient jamais payé un centime des 500 000 euros pour l'acquisition de l'exploitation agricole en production laitière et la maison. La famille qui occupait illégalement les lieux est partie ce mercredi après-midi, selon TF1.

Le couple Garanger estimait s'être "fait avoir par des manipulateurs, des arnaqueurs", alors même qu'ils avaient reçu la jeune femme en stage quelques mois avant la reprise. Selon eux, la Safer 53 (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural) n’aurait pas vérifié les capacités de financement de la famille à hauteur de 500 000 euros. "On a aussi l'impression de s'être faits avoir par la Safer, expliquait il y a deux semaines Patrice Garanger. Ce sont eux qui donnent l'autorisation d'exploiter, d'acheter les bâtiments d'exploitation, sans prendre aucune garantie derrière."

"Beaucoup de monde est derrière nous"

Les anciens agriculteurs s'étaient engagés dans un bras de fer judiciaire depuis un an, tout en continuant à "honorer des échéances de prêt, régler les assurances des bâtiments de l'exploitation, de la maison, les taxes foncières... Sans oublier les frais d'avocats et d'huissiers, qui se montent à 12 000 euros." Ce qui avait contraint le retraité à continuer de travailler à temps plein en parallèle. Avec des conséquences psychologiques non négligeables : "ça fait deux ans que nous vivons dans l'angoisse. Nous prenons des somnifères et des antidépresseurs pour résister."

Touchés par cette affaire, les syndicats FDSEA 53 et JA 53 avaient organisé le 13 mars un rassemblement à proximité de leur ferme, en soutien aux anciens agriculteurs. Plus d'une cinquantaine de personnes s'était réunie sur place, ce dont s'était réjoui Patrice Garanger : "beaucoup de monde est derrière nous, ça fait chaud au coeur."

Objectif : remettre la maison en état

Depuis la mobilisation, le couple avait porté plainte pour faux, usage de faux et usurpation d’identité. "Dans beaucoup de cas, personne ne veut porter plainte, parce que ça a un coût, ça dure longtemps, et on n'est pas sûr de gagner. Nous, on n'a plus rien à perdre, parce qu'on a tout perdu déjà, alors on y va !"

Une procédure qui semble avoir accéléré le dénouement de l'affaire. Patrice et Josiane Garanger assurent d'abord "vouloir remettre en état la maison (et l'exploitation), pour pouvoir la vendre ensuite". Et profiter d'une retraite bien méritée.