Pontmain. Au procès du meurtre d'un nonagénaire, deux accusés au profil bien différent

Condamnés à 22 et 25 ans de prison en première instance, les deux hommes accusés du meurtre d'un nonagénaire à Pontmain comparaissent en appel à la Cour d'assises du Maine-et-Loire. Le premier jour du procès a laissé entrevoir deux personnalités bien distinctes.

Publié : 15h22 par Marie Chevillard

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Image d'illustration.
Crédit : Mickaël Boulay

Un an après, les voilà à nouveau devant la justice. Deux beaux-frères, âgés respectivement de 25 et 35 ans, comparaissent pour le meurtre d'un homme de 90 ans, dont le corps avait été retrouvé calciné à son domicile de Pontmain, le 5 avril 2020. L'hypothèse la plus probable : un cambriolage qui aurait mal tourné. La victime a reçu un gros coup au niveau du crâne et aurait été déjà morte avant l'incendie. En première instance, le plus jeune avait été condamné par la Cour d'assises de la Mayenne à 22 ans de réclusion criminelle, et le plus âgé, à 25 ans. Jusqu'au 18 décembre, ils sont jugés en appel à la Cour d'assises d'Angers.

Le premier jour du procès ce mercredi 11 décembre a été consacré au rappel des faits et surtout à l'examen de personnalité des deux accusés, avec de premiers témoins appelés à la barre. Si les deux hommes n'ont pas connu une enfance facile en Meurthe-et-Moselle, leur personnalité se dintingue rien qu'à leur attitude. Le plus jeune répond aux questions en quelques mots seulement, et dit souvent ne pas se souvenir de tel ou tel autre élément. Contrairement à son co-accusé, il conteste les faits qu'on lui reproche.

 

Un premier accusé "influençable"

 

Issu de la communauté des gens du voyage, il a eu une scolarité difficile, et ne sait aujourd'hui ni lire ni écrire. Marqué par la violence de ses parents, surtout de son père, il a été élevé par son oncle et sa tante, "qui lui ont permis de retrouver un certain équilibre" selon lui. Solitaire, amoureux de la nature, il avait créé son entreprise d'élagage, aidé par son ex-compagne, notamment pour la partie administrative. Celle-ci a notamment dit de lui qu'"il aboie, mais ne mord pas". Comprenez, il s'emporte vite mais n'est pas méchant. Il est d'ailleurs décrit plutôt comme "trop gentil, voire influençable" par ses proches.

Mais le président de la Cour et l'avocat général se sont attardés sur une histoire qui nuance ce portrait : deux faits de dégradation sur des voitures en 2019, pour lesquels il a été condamné. Une violence qui s'explique selon l'accusé par "la frustration de ne plus pouvoir voir ma fille (âgée de 7 ans aujourd'hui) à cause de mon ex, alors que j'avais un droit de visite".

 

"J'ai le vol inscrit en moi"


De l'autre côté du box des accusés, l'homme de 35 ans est plus bavard. Debout, les deux mains autour des pieds de micro dans une posture plus affirmée, il reconnaît "être coupable de l'incendie criminel à Pontmain, mais pas des violences ayant entraîné la mort". Né d'une mère alcoolique et absente, il n'a jamais su qui était son père. Une figure qu'il semble avoir plus ou moins cherchée pendant toute son adolescence. "Mon grand-père a été le seul à me donner de l'amour, confie l'accusé. C'est lui qui m'a inculqué tous mes bons côtés : la valeur du travail, le respect des autres..."

A côté de ça, le prévenu a également commencé à voler très tôt, à partir de 11 ans, "pour entretenir et nourrir ma famille. J'ai le vol inscrit en moi, c'est une malheureuse habitude." Qu'il a gardée, malgré son travail dans le bâtiment, d'abord en tant que salarié, puis au sein de sa propre entreprise, où il semble avoir multiplier les combines pour éviter les taxes et charges à payer. "Je ne voulais pas que mes enfants (âgés actuellement de 9, 15 et 16 ans) connaissent ce sentiment de frustration matérielle." Il est décrit par ses proches comme quelqu'un d'"extrêmement impulsif". Et n'est pas un inconnu pour la justice, puisqu'il affiche déjà 14 condamnations à son casier judiciaire, essentiellement pour vol, délit de fuite ou dégradation.

Le procès se poursuit jusqu'au mercredi 18 décembre, avec l'audition des témoins pour la partie civile ce vendredi 13 décembre, des accusés lundi 16, avant les réquisitions et les plaidoiries des avocats mardi 17. La décision sera rendue mercredi 18 décembre dans la journée.