Pré-en-Pail. Fermeture de l'EHPAD : "irrespectueux" pour des familles de résidents
Une centaine de personne s'est réunie devant l'EHPAD des Avaloirs pour dénoncer "l'inaction" et "l'irrespect" du Conseil départemental et de l'ARS sur l'entretien du bâtiment qui contraint au transfert des résidents et du personnel.
Publié : 11 octobre 2024 à 15h26 - Modifié : 11 octobre 2024 à 15h33 par Alexis Vellayoudom
Ils ne comprennent pas comment ils ont pu en arriver là. Ce midi, la colère s'est emparée de la commune de Pré-en-Pail dans le Nord du département. Une centaine de personnes a manifesté en soutien aux soignants et résidents de l'EHPAD des Avaloirs dont la vétusté du bâtiment a contraint le Conseil départemental de la Mayenne et l'Agence régionale de Santé des Pays de la Loire à prendre une mesure d'urgence de fermeture. En conséquence, les 36 résidents et les professionnels de santé doivent être mis en sécurité et transférés à l'EHPAD de Villaines-la-Juhel.
L'impression de ne pas avoir été respecté
C'est en fin de matinée que le personnel soignant a décidé de montrer son mécontentement vis-à-vis de la situation. Aux fenêtres du bâtiment, elles sont sorties, le poing levé, acclamées par la petite centaine de manifestants qui avaient fait le déplacement. Dans le cortège, des soignants, des représentants des familles, des syndicats, mais aussi des habitants de la commune venus protester contre la fermeture d'un nouveau service public en milieu rural. Parmi les manifestants, Isabelle. Sa maman de 89 ans est entrée à l'EHPAD récemment. "Elle a toujours vécu à Pré-en-Pail et elle a tous ses amis. Et là, on vient lui dire qu'on allait l'envoyer ailleurs parce qu'on a découvert, tout d'un coup que le bâtiment était vétuste", s'agace Isabelle.
Pour elle, c'est manque de respect de la ruralité et des personnes âgées. "On essaye de maintenir nos aînés, déjà, c'est pas simple de passer de sa résidence à la maison de retraite. On lui dit, "ne t'inquiète pas, t'es à Pré-en-Pail, tu as tous tes amis, ta famille, tu connais d'autres résidents et le personnel, ça va être sympa". Elle a accepté, tout le monde était rassuré parce qu'elle chutait quand elle était toute seule chez elle. Et puis maintenant, on nous dit, "on la transfère ailleurs" donc franchement, c'est irrespectueux des gens qu'ont toujours vécu ici, qu'ont toute leur famille. On n'en a rien à faire enfaîtes".
Le Conseil départemental et l'ARS ont proposé aux résidents d'être transférés à l'EHPAD de Villaines-la-Juhel, mais pour Isabelle, c'est encore flou. "On ne sait pas s'il y a assez de places à Villaines-la-Juhel. Rien n'est encore définie. En plus, c'est à 20 km, il faut passer par la corniche de Pail, c'est hyper dangereux l'hiver". Comme les syndicats, elle demande la garantie d'un projet de reconstruction d'un EHPAD à Pré-en-Pail, mais sans y croire. "On sait pertinemment que ça veut dire que la maison de retraite sera fermée définitivement, ça a fait comme ça avec la piscine et plein d'autres choses à Pré-en-Pail".
Des garanties sur une reconstruction ?
À l'origine de l'appel à manifester, Force ouvrière. Le syndicat dénonce l'inaction du Conseil départemental et de l'ARS. "Ils ont laissé pourrir le bâtiment pendant des années. C'est inadmissible qu'on laisse nos structures sans moyens financier à hauteur des besoins pour s'occuper de nos aînés dignement. Ça fait plus de 6 ans et demi qu'il n'y a pas eu de travaux, si on entretient pas une maison, elle se détériore. C'était couru d'avance, c'est pour fermer les structures de moins de 80 lits parce que pour eux, ce n'est pas viable", explique Frédérique Nais, secrétaire départementale FO Santé.
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Désormais, le syndicat exige que les professionnels et les résidents soient accompagnés pour "supporter ce traumatisme", ainsi qu'une garantie pour la reconstruction de l'EHPAD des Avaloirs à Pré-en-Pail. Une réunion a eu lieu, hier, à ce sujet avec le Conseil départemental et l'ARS. "Ils nous ont dit qu'ils reconnaissaient qu'il y avait un manque sur le territoire et que politiquement, ils allaient accepter le projet, mais qu'ils attendaient le Plan pluriannuel d'investissement pour donner une décision définitive donc rien ne garantit qu'ils accepteront ce projet d'investissement. Nous, on veut une garantie sûre et ferme qu'il y aura une reconstruction et pas dans 10 ans", martèle Force ouvrière.
Au début du mois, le Conseil départemental a confirmé l'organisation d'entretien avec les familles des résidents, "afin d’évoquer leur situation personnelle et leur souhait de transfert sur un nouveau lieu d’hébergement". Même chose pour le personnel soignant pour échanger sur leur situation personnelle. Le Département a promis la mise en place d'un soutien psychologique.