Segré. Une journée pour se prémunir du numérique
Ce samedi 23 novembre, Segré-en-Anjou Bleu accueille le Cyber Fest' pour prévenir du numérique tout en étant ludique.
16h26 - Modifié : 16h30 par Alexis Vellayoudom
Nous passons près 90 % de notre temps libre sur nos écrans. Pourtant, notre utilisation n'est pas toujours très sécurisée. Alors pour faire de la prévention tout en étant ludique, les associations Promeneurs du net, de professionnels de la jeunesse, et les Francas organisent le Cyber Fest'. Ce 23 novembre, des éducateurs, mais aussi des médecins et spécialistes du numérique seront là pour permettre aux jeunes de "se construire des réflexes citoyens sur le numérique", à travers des jeux vidéo, des ateliers, plusieurs stands et des conférences.
Former à une utilisation sécurisée
Le numérique, c'est comme beaucoup de choses, c'est bien, mais ça peut aussi être dangereux. "En théorie, les technologies sont censées être neutre. C'est toujours qu'est-ce qu'on en fait derrière, c'est quoi le projet ? Si vous prenez une hache, on peut aussi bâtir des choses que tuer des personnes", explique Thomas Brault, chargé de mission au Francas du Maine-et-Loire . Par exemple, la publication de ses photos. À l'heure de Tik Tok et d'Instagram, les photos, de tout et de rien, pullulent. Certains s'en servent à des fins malsaines en utilisant la technique de l'OSINT, Open Source Intelligence, qui sera abordée lors d'une conférence. "C'est une pratique qui d'enquêter sur toutes les traces qu'on peut trouver sur le numérique, une photo, une vidéo pour remonter jusqu'à l'auteur. Par exemple, j'ai pris une photo de mes meubles pour avoir un avis d'expert sur un forum. Je poste ma photo et bim derrière il y a mes informations qui sont rattachées à cette photo. Où elle a été prise, à quelle heure, avec quel type d'appareil et parfois le nom de l'appareil. Vous imaginez la capacité de nuisance que ça peut donner. Vous avez des spécialistes de la géolocalisation à partir de photo. La gendarmerie utilise aussi cette technique pour ces enquêtes", résume le coordinateur du dispositif les Promeneurs du Net.
Attention aussi au partage de l'intimité. En France, plus d'un 1/3 des jeunes ont déjà envoyé des photos intimes en ligne. À l'inverse, Michaël Duval, responsable jeunesse pour le Foyer Laïque, observe que beaucoup de jeunes recçoivent de plus en plus de nudes, ces photos de personnes nues, et souvent d'inconnues : "ça les choque. Quand ils nous en parlent, ils ont un petit sourire gêné. Ils sont assez démunis, car ils ont honte d'en parler à leurs parents. Nous, ils nous en parlent parce qu'on aborde le sujet et parfois, on leur demande, mais dans la sphère familiale, ils ont peur que leurs parents leur suppriment leurs téléphones. Ils n'ont pas de référents pour en parler". En revanche, l'animateur, formé à l'utilisation du numérique, constate que les jeunes utilisent mieux certains réseaux sociaux comme Snapchat. "Les jeunes ont appris les erreurs de leurs ainés. Ils font beaucoup plus attention de ne pas accepter n'importe qui en ami".
Alors tout n'est pas noir. Bien utiliser, les réseaux sociaux, les smartphones et les jeux peuvent devenir de formidables alliés. "Ils peuvent stimuler l'imagination, la créativité, ça permet de développer certaines compétences. Le jeu vidéo, c'est un art à part entière qui mélange, le son, le texte, l'image et l'interactivité. Un jeu vidéo parfois, c'est aussi puissant que la possibilité qu'on donnerait aux lecteurs de se balader dans un livre où il veut, comme il veut", explique Thomas Brault.
L'exposition aux écrans, véritable fléau
Ce 23 novembre, des médecins seront aussi de la partie, notamment pour animer un stand et une conférence sur "Numérique et Santé", une recette qui peut vite devenir dramatique pour les enfants, si elle n'est pas maîtrisée. "Un enfant qui va être trop longtemps et trop souvent sur les écrans, il va mal développer son langage, voire peu ou pas. Il ne va pas pouvoir expérimenter dans la vraie vie donc il ne va pas se déplacer, apprendre à marcher. Il va être moins dégourdi. Et on voit que lorsqu'on diminue le temps d'écran, toutes les choses reviennent dans la normale. Donc, c'est bien l'enfant qui n'a pas un problème en tant que tel, c'est vraiment l'effet des écrans sur le développement", explique Nolwenn Hallard, coordinatrice de la maison de Segré. Le corps médical conseille d'interdire les écrans aux enfants de moins de 3 ans et pas plus d'une demi-heure ensuite.
Car même chez les plus âgées, les problèmes persistent, notamment au niveau du sommeil. "Soit des enfants ou des jeunes qui regardent les écrans très tardivement ou des enfants qui le matin regardent les écrans avant d'aller à l'école. Enfaîte, ils utilisent leur capacité attentionnelle de la journée et donc après, ils arrivent en classe et ils n'ont plus les capacités de se concentrer", raconte Nolwenn. "Faire attention, à la fois à ce que l'enfant regarde et surtout combien de temps dans la journée, il va utiliser ces écrans. Il faut vraiment limiter, même s'il faut frustrer l'enfant et lui enlever ce doudou écran". Pour les médecins, l'une des solutions est aussi de s'interroger en tant que parents sur sa propre utilisation. "On est des modèles pour nos enfants. Si nous, on y passe toute la journée, c'est compliqué de mettre des barrières aux enfants", souligne la coordinatrice. Une mauvaise maîtrise des écrans peut aller jusqu'à l'addiction. Nolwenn Hallard livre les premiers signes : "quand on voit qu'un jeune se décale dans son rythme de vie. Il se lève de plus en plus tard le matin. Il a du mal à aller en cours. Il se désocialise alors il va avoir des copains virtuels, mais dans la vraie vie, il n'y a plus trop d'entourage".
En cas de souci, vous pouvez en parler à votre médecin, un psychologue. Des consultations jeunes consommateurs sont disponibles à Angers pour traiter tout type d'addiction.
Infos pratiques :
- De 10h à 17h au parc des expositions à Segré-en-Anjou Bleu
- Restauration sur place
- Gratuit pour tout public