Tiercé. Un tiers-lieu en milieu rural, ça marche ?
Depuis 2021, le Lieu-Bêta accueille une trentaine d'indépendants et de salariés en télétravail à Tiercé. Un bilan positif pour la Communauté de communes Anjou Loir et Sarthe qui veut faire grandir le projet.
Publié : 19 septembre 2024 à 10h08 par Alexis Vellayoudom
Un tiers-lieu, est-ce que ça marche en milieu rural ? Depuis trois ans, la ville de Tiercé accueille le Lieu Bêta. Un espace de coworking et d'événementiel avec des bureaux collectif financés par la Communauté de communes d'Anjou Loir et Sarthe. La phase de test arrive à son terme et la collectivité a tenu son pari.
Une majorité d'indépendants et des télétravailleurs
"Oui, ça marche en milieu rural", se réjouit Olivier Cailleau. Le vice-président à l'économie et l'emploi faisait pourtant partie des pessimistes lorsque le projet a été évoqué en 2021. "À l'époque, ça ne me semblait pas un outil indispensable pour les professionnels du territoire. Et aujourd'hui, on a une trentaine d'utilisateurs réguliers, une quinzaine d'abonnées". Principalement des personnes qui vivent sur le territoire et du secteur tertiaire. 75 % d'entre eux sont des indépendants dont certains viennent de se lancer. Les autres sont des télétravailleurs qui travaillent pour des entreprises angevines, parisiennes ou étrangères. "L'outil a trouvé sa place et on est à l'étroit", poursuit l'élu à Seiches-sur-le-Loir. À la demande des utilisateurs, la collectivité a réaménagé le lieu. La cuisine et le salon sont toujours présents, mais une salle de travail a été ajoutée. Idem dans l'open-space où trois bureaux collectifs ont fait leur apparition. "Les bureaux peuvent être utilisés à l'heure, la demi-heure ou la demi-journée", précise Agathe Baudinot, développeuse économique à Anjou Loire et Sarthe et animatrice du Lieu Bêta.
Un atout géographique et financier
Ils sont télétravailleurs, entrepreneurs et indépendants, tous ont été séduits et ont fait le choix de venir à Tiercé. Alors quel est le secret de cette réussite ? D'abord géographique, Théo François, product manager dans l'accessibilité au numérique, est l'un des plus anciens du lieu. Venus s'installer dans la région, il cherchait un lieu calme pour travailler, loin de l'agitation d'Angers. "La vie qu'on a choisie n'est pas forcément une vie citadine, mais une vie plutôt rurale avec moins de monde et plus de proximité entre les uns et les autres. Le fait que ça se développe sans avoir la folie des grandeurs, c'est très agréable".
Dans le bureau d'à côté, l'un des petits nouveaux. Florian Coquereau, chef de projet dans le développement photovoltaïque pour Soleil du Midi, habite dans le coin. Après avoir essayé un tiers-lieu sur Angers, il a découvert le Lieu Bêta par hasard. "Comparé aux autres coworking, c'est quand même beaucoup moins cher. Et nous, c'était surtout d'un point de vue stratégie et mobilité, c'est quand même beaucoup plus proche de tous nos projets que d'aller à Angers". L'aspect financier est devenu une variable importante dans le choix des utilisateurs. "On est un des coworking les moins cher. 370 € à l'année, 25 € la journée. C'est volontaire, car on est sur un petit coworking à la campagne. On est sur quelque chose conviviale. Comme on est une collectivité, on n'a pas pour but d'en faire un lieu rentable, c'est un service aux habitants et aux entrepreneurs du territoire", s'amuse Agathe Baudinot.
Un lieu d'échange
"On a pas mal d'utilisateurs qui nous disent en fait, je pourrai travailler de chez moi, mais je viens parce que ça me permet de croiser des gens. Je sais qu'il y a des amitiés qui se sont créées dans le lieu", explique Agathe. Une synergie qui se ressent à table avec Aurélie Rimelin, conseillère en prestation sociale, Delphine Gougon, coach personnel et René Elobo, qui propose ses services en ressources humaines. Elles ont déjà bien sympathisé. "On cotoie des gens qu'on n'aurait peut-être pas croisés dans sa vie de tous les jours parce que ce sont des professions qui n'ont rien à voir avec la nôtre. Parce que ce sont des personnes qui viennent d'horizons complètement différents, mais qui au final, on se point commun de travailler à distance et qui préfère venir le faire ici", analyse Agathe.
Un rôle social de plus en plus important depuis la Covid. "Le télétravail dans mon petit appartement, ça pouvait être compliqué donc maintenant, je viens 2 à 3 fois par semaine. Ça permet d'être avec mon collègue et de rencontrer du monde, discuter sur la pause du midi. Ce qui n'était pas forcément possible sur d'autres lieux à Angers", confie Florian. "Ça permet de s'intégrer dans le territoire quand on arrive d'une autre région", ajoute Théo.
Une maison de l'économie en projet
Forte de ce succès, Anjou Loir et Sarthe voit désormais plus grand et se projette sur un outil d'une autre dimension, la Maison de l'économie. Positionné à Tiercé, auprès de la gare, le bâtiment pourrait accueillir, "des salles de réunion pour des chefs d'entreprises, d'accueillir de la formation, un peu plus de pépinières d'entreprises qui leur permettraient lorsqu'elles prendront leur envol d'être accueillies sur notre territoire", énumère l'élu de Seiches-sur-le-Loir. En attendant, la Communauté de communes reste focus sur ce Lieu Bêta. "On essaye de le faire connaître aux entreprises sur Angers pour qu'elles puissent proposer cet outils à leurs salariés qui habitent en campagne. Il y a beaucoup d'entreprises qui développent le télétravail. Le télétravail, ça peut-être très chouette, mais au bout d'un moment, on peut se sentir un peu seul", explique Agathe Baudinot. Une partie événementiel est aussi en développement pour pouvoir accueillir des séminaires ou des réunions, "on a vraiment à coeur de créer une communauté d'entrepreneurs et de leur proposer des animations, des formations pour développer leurs compétences".