Urgences de Laval : la direction et les médecins invitent les Mayennais à impérativement appeler le 15 et le 116 117 avant de se déplacer
La cheffe des urgences de Laval, Caroline Brémaud, a donné l'alerte sur le manque d'effectif. La direction de l'hôpital a confirmé. À partir du lundi 1er novembre, il faudra privilégier le 15 et le 116 117 avant de se déplacer aux urgences. Les urgences de nuit fonctionneront en dégradé.
Publié : 27 octobre 2021 à 17h58 par Alexis Vellayoudom
"Appeler avant de vous déplacer !", c'est le message de la direction de l'hôpital de Laval. À partir du lundi 1er novembre, il est demandé aux Mayennais d'appeler le 15 (SAMU) ou le 116 117 (régulation médecin) avant de se déplacer aux urgences de jour comme de nuit. Les urgences vitales restent prises en charge 24h/24.
L'hôpital de Laval réorganise les urgences, mais le service "ne ferme pas"
Les urgences vont vivre des semaines difficiles prévient Caroline Brémaud, la cheffe des urgences de l'hôpital de Laval. En raison du manque de médecins urgentistes et de remplaçants, l'hôpital de Laval a décidé de mettre en place une nouvelle organisation. À partir de lundi prochain, les effectifs seront concentrés entre 8h30 et 18h30, laissant une faible présence médicale de nuit où le nombre passage est limité à 8, selon la direction, et où deux tiers des passages ne nécessitent pas d'hospitalisations.
Il est demandé aux Mayennais d'appeler le 15 ou le 116 117 pour les urgences non-vitales, type traumatologie et chirurgie, "pour savoir si les urgences de nuit son en mesure d'accueillir", souligne Caroline Brémaud. Les personnes concernées seront alors régulées par téléphone avec un médecin, "soit ils seront réorientés vers la médecine de garde, soit dans d'autres structures comme la polyclinique et les hôpitaux de Mayenne et de Château-Gontier. On essayera de faire au mieux pour proposer un créneau de consultation le lendemain à partir de 8h", explique le Dr Sfairi, président du Conseil médical d'établissement.
Les urgences vitales, types infarctus et AVC, seront pris en charge 24h/24. Tout comme la gynécologie, l'obstétrique et la pédiatrie, "si un bébé a 40° degré de fièvre dans la nuit, il faut bien sûr venir aux urgences", ajoute le président du CME. De son côté, la cheffe des urgences demande aux personnes qui ont des douleurs dans la journée, de ne pas attendre la nuit pour consulter. Cette organisation est maintenue pour au moins une semaine, en attendant, peut-être, des renforts de la réserve sanitaire.
La semaine dernière, Olivier Véran, le ministre de la Santé, a activé la réserve sanitaire, mais un seul praticien a pu être mobilisé à Laval, pour seulement trois jours, jusqu'au lundi 25 octobre, "c'est un petit pansement sur une grosse plaie", témoigne la cheffe des urgences.
"Le système est arrivé à bout", selon Caroline Brémaud
Cette nouvelle organisation intervient quelques semaines après l'alerte lancée par Caroline Brémaud, la cheffe du service. Sur les réseaux sociaux, elle tente d'interpeller le Gouvernement sur la situation, non seulement des urgences de Laval, mais aussi des urgences des autres hôpitaux français. En cause, le manque de médecins.
À Laval, par exemple, ils sont 5 équivalent temps plein, alors qu'ils devraient être au moins 16 pour faire fonctionner les urgences de jour et de nuit. Le service doit alors adapter son activité de nuit en fonction du nombre de patients, "on ferme de temps en temps, la filière traumatologie, quand on n'est pas en effectif suffisant. C'est ce qui concerne les plaies, entorses, fractures pour recentrer notre activé sur les urgences vitales", explique Caroline Brémaud.
Une méthode de travail qui n'entre pas dans la conception du métier de ces médecins urgentistes : "on n'aime pas reconvoquer les gens parce que nous, on a envie de soigner. On enchaîne beaucoup les gardes, on fait tous beaucoup d'heures supp. En terme de qualité de vie, ce n'est pas du tout confortable, c'est ce qui fait qu'il y a beaucoup de professionnels qui continuent à partir et à changer d'orientation professionnelle". Un cercle vicieux, des professionnels arrêtent donc il y a moins de médecins aux urgences, le métier n'attire plus et des services continuent de fonctionner en dégradé.
La cheffe des urgences demande une réorganisation du système de santé
Interrogée, Caroline Brémaud estime que le système de soins en France doit être revu. Elle livre son regarde sur la situation de la Mayenne : "on est en sous-effectif dans toutes les spécialités qui existent. On a un mode de fonctionnement avec beaucoup de remplaçants qui font que l'équilibre est précaire. On manque cruellement de médecins libéraux, ce qui fait que les gens viennent plus facilement aux urgences parce qu'ils n'ont pas d'autres recours, mais on n'est pas en mesure d'accueillir tout le monde. On est vraiment un désert médical à toutes les étapes de la chaîne de soin".
Elle demande plus de lits et de personnels paramédicaux, une meilleure collaboration entre la médecine de ville et les urgences, et la fin de la liberté d'installation des médecins qui pourrait permettre, selon elle, de mieux mailler le territoire national et d'éviter la saturation des urgences sur les territoires où il y a moins de médecins.