Maine-et-Loire. Un van pour aller aider les victimes de violences conjugales en zone rurale

Le van Gisèle peut intervenir rapidement auprès des victimes de violences conjugales et intrafamiliales dans tout le Maine-et-Loire pour les accompagner. Entretien avec Chantal Jeoffroy, présidente de Solidarité Femmes 49 qui gère le dispositif.

29 juillet 2024 à 10h45 - Modifié : 29 juillet 2024 à 14h08 par Alexis Vellayoudom

Le van Gisèle permettra d'aider les victimes de violences conjugales en zone rurale

Crédit : Solidarités Femmes 49

Sa mission, aller au plus près des victimes en milieu rural. Depuis deux semaines, le van Gisèle, en hommage à la militante féministe Gisèle Halimi, parcourt l'Anjou pour venir à la rencontre des victimes de violences conjugales et intra-familiales. Co-financé par la préfecture du Maine-et-Loire et le Conseil régional, soutenu par le parquet d'Angers, ce dispositif doit permettre de lutter contre la recrudescence de victimes dans le département. En 2023, le Maine-et-Loire dénombrait 2 605 victimes. Entretien avec Chantal Jeoffroy, présidente de l'association Solidarité Femmes 49, en charge de la gestion de ce van. 


 


Chantal Jeoffroy, quelle est la mission de ce van ? 


 


"C'est un point itinérant d'écoute, c'est-à-dire que soit une femme est victime, mais elle habite la campagne, un quartier où tout le monde la connaît et elle veut garder l'anonymat. Elle contacte l'association et nous avec le van, on se déplace dans les villages et partout où on a besoin de notre présence. Le van est anonyme parce qu'on a un flocage dessus, si on a besoin de se faire reconnaître et on peut l'enlever pour respecter l'anonymat des victimes. Ça permet de recevoir ces femmes de manière cordiale avec un café, de respecter la confidentialité et pouvoir les conseiller grâce aux professionnels, travailleuses sociales, et voir si elles veulent, soit être accompagnées pour dans un commissariat, s'il y a besoin de porter plainte et dans tous les cas, les suivre sur leurs parcours de vie". 


 


Il y a beaucoup de femmes qui n'osaient pas se déplacer ? 


 


"Oui ! Il faut aller vers elles, parce que bien souvent, elles n'osent pas. Elles ont honte. Une femme victime de violence conjugale reporte, très souvent, la faute sur elle. C'est de sa faute, ça n'est pas celle de l'auteur, parce qu'il y a un cheminement qui fait que l'auteur l'amène à penser que c'est de sa faute. Si elle prend un coup, c'est évidemment qu'elle la cherché. Et puis, ce n'est pas facile dans un village, même aller à la pharmacie, nous appeler, c'est très facile que cette femme est victime et donc son conjoint pourrait chercher des représailles. Et puis souvent, ce sont des femmes qui sont démunies financièrement, de leur mobilité pour venir à Angers ou leurs déplacements sont contrôlés par leurs conjoints, ce n'est pas forcément simple pour elle".


 

Titre :Que peut-on trouver dans ce van ?

Crédit :Alexis Vellayoudom

 


Ce van pour aller voir les victimes en milieu rural, il part d'un constat qu'il y a plus de violences dans ces secteurs ?


 


"J'irai pas à dire ça, parce que c'est très pregnant partout, maintenant, c'est plus compliqué de chiffrer en milieu rural parce qu'elles ont plus de mal à venir vers nous". 


 


L'augmentation de ce chiffre de 2 605 victimes, c'est dû à une augmentation de la violence ou davantage de victimes qui osent parler ? 


 


"L'effet #MeToo est énorme, il a libéré la parole. Les femmes, aujourd'hui, hésitent moins à dénoncer, mais effectivement, ça n'arrête jamais. On en verra jamais le bout, enfin, on espère que oui. Plus on sera présent sur le terrain, plus on pourra venir en aide à ces femmes. Après la violence est présente partout, mais c'est difficile d'affirmer s'il y a plus de violence ou si on détecte de mieux. Nous, on constate que la violence est extrême". 


 

Titre :"Il faut aller vers elle", martèle Chantal Jeoffroy, présidente de Solidarité Femmes 49

Crédit :Alexis Vellayoudom

 


Pour revenir au van, il est multi-fonctionnel avec aussi un vestiboutique. Qu'est-ce que c'est ?


 


"À l'arrière du van, on a la possibilité de leur donner des vêtements. Puisqu'en faite, quand une femme part de chez elle, elle n'a rien parce qu'elle ne peut pas faire ses valises devant son mari donc elle part chercher une baguette de pain et elle ne revient pas. On a un vestiboutique pour qu'elle puisse se changer et ses enfants également". 


 


Vous faites aussi de la prévention ? 


 


"La prévention, c'est la base. On a envoyé un courrier à tous les maires du département pour leur dire qu'on a besoin d'eux pour se faire entendre. On peut être représenté de leurs villes avec le van, mais aussi sur des événements. Y compris auprès des enseignants, on a beaucoup de demandes de professeurs qui sont témoins ou qui suspectent des violences familiales ou intra-familiales et ils sont perdus quoi". 


 


Une carte interactive, disponible sur le site Solidarité Femmes 49, pour savoir où va le van, sortira en septembre. Pour contacter, le van, il faut appeler le 02.41.87.97.22. Vous pouvez aussi écrire à l'adresse accueil@solidaritefemmes49.fr