Angers. Le collège Jean-Mermoz rend hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard

Ce lundi, les élèves du collège Jean-Mermoz dans le quartier de la Roseraie ont observé une minute de silence en hommage aux professeurs assassinés Samuel Paty et Dominique Bernard.

14 octobre 2024 à 16h41 par Alexis Vellayoudom

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Le préfet du Maine-et-Loire avait fait le déplacement pour cette minute de silence
Crédit : Alexis Vellayoudom

Pendant une minute, le silence a retenti dans tous les collèges de France. Un hommage rendu aux professeurs assassinés Samuel Paty, en 2020, et Dominique Bernard en 2023 par des islamistes pour avoir défendu la laïcité, leurs élèves. À Angers, préfet et élus avaient choisi de respecter ce silence au collège Jean-Mermoz dans le quartier sensible de la Roseraie où l'effort pour enseigner la laïcité se poursuit. 

 

Reportage au collège Jean Mermoz
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Un travail quotidien pour la laïcité

 

Dans les classes, chaque enseignant avait préparé son cours en écho à cette journée d'hommage. Dans la classe de 6e de Stéphanie Hirsinger, professeur d'histoire-géographie, les élèves se penchent sur la bande dessinée Crayon Noir, écrite par Valérie Igounet et Guy Le Besnerais, qui retrace la vie de Samuel Paty, assassiné sauvagement par un ancien élève islamiste, à la sortie de son collège dans les Yvelines. "On a essayé de se dire que comme celle qui a écrit est une historienne et bien l'histoire, ce n'est pas un point de vue ou ce qu'on pense, ce sont des faits", explique Stéphanie. 

 

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Pierre Gauducheau, professeur d'Allemand et secrétaire du SNES-FSU 49
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Ici, ce collège, classé REP pour réseau d'éducation prioritaire, accueille des enfants de ce quartier réputé difficile, mais avec une riche mixité où vivent plusieurs communautés. Les professeurs sont unanimes pour dire que l'enseignement de la laïcité se passe bien, mais qu'il faut parfois savoir serrer la vis. "Sur ces sujets, je ne laisse rien passer. Quand un élève remet en cause certaines choses, et bien, à ce moment-là, quitte à arrêter le cours et reposer les choses calmement, dire "non, ça ce n'est pas correcte. Je n'ai pas l'impression de me censurer dans ma pratique. Parfois, ça peut nous mettre en difficulté parce qu'on peut avoir des discours ou réactions d'élèves très violentes", confie Pierre Gauducheau, professeur d'allemand.

 

"On arrive à faire de ces élèves, des adolescents plus libres dans leur esprits"

 

Pour ce professeur, secrétaire départemental du Snes-FSU, c'est aussi une question de confiance avec les élèves : "quand on a construit une relation de confiance avec les élèves, ils sont capables d'entendre des choses qu'on peut leur expliquer. Essayer de leur montrer que si on se décentre de son point de vue qui peut être marqué par la croyance religieuse, d'essayer d'accepter que les gens puissent penser différement. Globalement, je trouve qu'ici, ça se passe plutôt bien. On est capable d'avoir des échanges avec les élèves". 

 

Pierre Gauducheau, enseignant au collège Jean Mermoz
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Dans ce collège qui pâtit de la réputation du quartier, l'enseignant voit une réelle différence entre l'entrée au collège et la sortie vers le lycée. "Je suis le seul professeur d'allemand donc je les suis sur quatre ans, on les voit énormément évoluer. C'est-à-dire qu'au début, ils ont parfois des discours formatés, très simplistes, très fermés. Et puis au fur et à mesure, par l'enseignement de ce qu'on leur apprend, on se rend compte qu'ils s'ouvrent, qu'ils sont beaucoup moins arc-boutés sur des choses, notamment l'homophobie, la liberté sexuelle et des moeurs. Petit à petit, on arrive à faire de ces élèves, des adolescents plus libres dans leur esprit, plus ouverts et plus émancipés". 

Après cette minute de silence, parfaitement respectée, les élèves ont repris leurs cours, certains ont échangé dans la bonne humeur avec le préfet.