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Haut-Anjou. Un bus pour simplifier les transmissions entre jeunes agriculteurs et futurs retraités

Pour permettre de simplifier la transmission d'exploitation agricole, la Chambre d'agriculture des Pays de la Loire a lancé l'agribus qui fait visiter les fermes aux jeunes agriculteurs.

Publié : 4 avril 2025 à 14h30 - Modifié : 4 avril 2025 à 14h31 Alexis Vellayoudom

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Jean-Claude Fournier partira à la retraite en 2027. Il cherche un repreneur.
Crédit : Alexis Vellayoudom

D'ici 10 ans, une exploitation sur deux pourrait disparaître. Un phénomène auquel n'échappent pas le Maine-et-Loire et la Mayenne. Alors pour éviter de voir ces fermes partir à l'abandon, la Chambre d'agriculture des Pays de la Loire met les pleins gaz sur la transmission. Objectif, permettre à chaque futur agriculteur de pouvoir reprendre une ferme. Pour ça, elle a lancé l'agribus. Le concept est simple, un bus permet à des candidats à la reprise de sillonner plusieurs fermes sur une journée pour rencontrer les futurs retraités directement sur les exploitations. Une première tournée s'est déroulée il y a quelques jours avec une étape au lieu-dit Le Pont Montreuil à Châtelais dans le Haut-Anjou. 

 

"Je suis prêt à faire un parrainage si le jeune est intéressé"

 

Ce matin-là, il fait frais sur l'exploitation. À l'accueil, Claude Fournier, 92 ans, agriculteur à la retraite et père de Jean-Claude qui va bientôt lui emboîter le pas. "À l'époque, on faisait des chevaux ici", se souvient l'ancien. Le bruit d'une camionnette l'interrompt. C'est l'agribus qui arrive sur les lieux. À l'intérieur, quatre futurs agriculteurs qui cherchent à s'installer, tous inscrits au Répertoire Départ Installation et soutenus dans la démarche par la Chambre d'agriculture des Pays de la Loire. L'idée, c'est de leur permettre d'avoir une présentation de l'exploitation en direct et faîte par l'agriculteur. Jean-Claude a pris la suite de son père en 1991 sur cette exploitation qui fait aujourd'hui 105 hectares avec 75 vaches allaitantes et 220 brebis. "C'est une exploitation à base d'herbes. Je sème 7 hectares de céréales. Il y a 15 hectares qui ne sont pas labourables et puis vous avez vu, c'est un petit peu vallonné", explique Jean-Claude à ses visiteurs.

 

Jean-Claude Fournier présente sa ferme à 4 candidats pour une reprise
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Il doit partir à la retraite au 31 décembre 2027. "S'il y a un projet qui peut passer d'ici une année, je suis prêt à arrêter avant." L'agriculteur rassure les potentiels candidats : "Je suis prêt à faire un parrainage si le jeune est intéressé. C'est normal parce qu'un jeune qui se retrouve tout seul d'un seul coup en une journée. Il arrive ici, débrouille toi et moi, je m'en vais, je trouve que c'est mieux qu'il soit accompagné." Mais lui ne pose qu'une condition, conserver l'élevage sur la parcelle. "Ça serait bien qu'il y ait un jeune qui puisse reprendre en élevage parce que ça disparaît dans le coin et si c'est repris ça sera en agrandissement pour des céréales et il y a aura plus d'élevage."

 

Prix, bâtiment, cheptel et logement

 

Au fûr et à mesure de la visite, les futurs éleveurs peuvent se projeter sur l'exploitation tout en posant leurs questions à l'éleveur. La visite démarre par les différents bâtiments situés de l'autre côté de la route qui sépare l'exploitation. "Les tracteurs et tout sont vendus avec la ferme ? Il y a possibilité d'installer des panneaux solaires sur les toits ?", demande l'un. "Oui, éventuellement", répond Jean-Claude. Le futur retraité poursuit : "La bergerie a été construite en 1990. Le premier bâtiment vache allaitant vers 2001 et après il y a un bâtiment vache allaitant qui a été construit en 2018." L'un des visiteurs l'interpelle. "On peut reconstruire un bâtiment ici ?". "Tu dis ça par rapport à la rivière ? Je pense que c'est compliqué faut voir, mais tu peux l'agrandir. C'est les problématiques de mise aux normes qui m'ont fait arrêter la production de lait."

 

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Jean-Claude Fournier veut laisser la place à un jeune qui conserve l'élevage
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Toutes les questions sont abordées, comme le sujet épineux du prix. "L'exploitation est estimée à 500 000 €, sachant que sur l'exploitation, avec mon père, on a 90 hectares de propriété et après, il y a trois autres propriétaires. Un jeune qui s'installe ici, il est assuré d'avoir 90. Il y a un propriétaire qui suivrait et les autres, c'est difficile à dire. Il y a une parcelle de 15 hectares qu'est à deux kilomètres d'ici et il y a des voisins qui seraient intéressés ou des jeunes. Le troupeau d'ovins a été estimé à 40 000 € et entre 100 000 € et 120 000 € pour les vaches", explique Jean-Claude. Une représentante de la Chambre d'agriculture le relance : "Et le logement, vous pouvez nous en parler ?". "Oui, il y a trois chambres, une salle à manger, salle de bain et une cuisine. Le haut n'est pas aménagé, mais il est aménageable. C'est chauffage central au bois. Il y aurait quelques travaux à faire, mais il y a moyen de faire.

 

"On est direct dans le sujet, on a des idées sur place et on demande"

 

Alors le cédant n'est pas non plus là pour vendre du rêve. "Les naissances, j'en ai un peu marre. Les vêlages démarrent au mois de mars jusqu'au mois de novembre. Les agnelages, ça a démarré au mois de janvier, j'ai un autre lot au mois d'avril et au mois de mai, mais ça devient lourd quand même. Je ne sais pas si c'est l'âge, mais c'est stressant, ça devient lourd." Parmi les futurs éleveurs, Marine. Récemment arrivée dans la région, il s'est reconvertie et fait partie de ces 70 % d'agriculteurs qui ne viennent pas du milieu. Elle a apprécié la visite. "Ca permet de voir l'environnement de travail, les avantages et les inconvénients. On est direct dans le sujet, on a des idées sur place et on demande." Une visite collective qui plaît aussi à Marc. "C'est plutôt intéressant de voir qu'on n'est pas tout seul dans le même cas."

 

"Je pense que c'est mieux qu'ils viennent voir sur place. Ça permet de voir ce qu'ils attendent"
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

De son côté, Jean-Claude avait déjà fait des farms datings, mais il préfère ce format. "Je pense que c'est mieux qu'ils viennent voir sur place." Un représentant d'Anjou Bleu Communauté s'est aussi joint à la visite. "Il y a l'exploitation, mais il y a aussi le cadre de vie et c'est à nous collectivité de montrer qu'une famille d'agriculteur qui vient s'installer et bien elle a des supermarchés à proximité, des écoles, des lieux de loisirs comme la piscine. Il faut les attirer." Au total, en une journée, quatre fermes ont reçu la visite de l'agribus. La chambre d'agriculture souhaite renouveler l'opération.