Montigné-le-Brillant. Ils retrouvent leur exploitation dans un état insalubre après une occupation illégale
Quelques semaines après une manifestation, le couple Garanger a récupéré son exploitation occupée illégalement depuis deux ans. Ils ont retrouvé leurs animaux en mauvaise santé et leur ferme dans un état lamentable.
Publié : 3 avril 2025 à 15h44 - Modifié : 3 avril 2025 à 15h46 Alexis Vellayoudom
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Animaux en mauvaise santé, maison en piteuse état... A Montigné-le-Brillant, le couple Garanger a retrouvé son exploitation dans un état lamentable. Depuis le mercredi 26 mars, Patrice et Josiane Garanger, deux anciens agriculteurs retraités, font l'inventaire de ce qu'il leur reste sur leur exploitation à La Haimerie. Depuis plus d'un an, le couple était engagé dans un bras de fer judiciaire pour expulser la famille qui occupait illégalement leur exploitation. Ces "repreneurs", un père et sa fille, n'avaient tout simplement pas régler les 500 000 € qu'ils devaient au couple après avoir acheté l'exploitation en 2023. L'importante mobilisation du 13 mars organisée à l'initiative des syndicats FDSEA et Jeunes agriculteurs 53 et la médiatisation de l'affaire a finalement poussé les squatteurs à partir. Désormais de retour sur leurs terres, les retraités doivent tout remettre en état.
"Il y a un peu près 40 % des vaches qui ont des problèmes"
"Maintenant, on va revivre, c'est un grand soulagement." C'est ce qu'avait déclaré le couple après être retourné sur leur ferme occupée illégalement depuis deux ans. Mais en arrivant, le constat est alarmant. "L'exploitation a vieilli de 10 ans, mais en deux ans. Il n'y a pas eu de chauffage durant l'hiver dernier ce qui fait que ça a créé beaucoup d'humidité avec un décollement de la tapisserie. Le sol est gras, les fenêtres sales. Quand j'ai ouvert les fenêtres, les joints étaient collés au caoutchouc. Ca sentait la pisse de chat, une infection. Aujourd'hui dans l'état où on l'a retrouvée, on ne peut pas la louer immédiatement parce qu'il faut faire des travaux. C'est insalubre", raconte Patrice Garanger.
La situation est d'autant plus inquiétante pour le cheptel de vaches laitières. "Il y a un peu près 40 % des vaches qui ont des problèmes, style boîterie. Au niveau hygiène, elles ont des problèmes de cellules et produisent un lait contaminé qui n'est même plus commercialisable. Sur les 60 vaches, il ne reste plus que 30 vaches en production. On a trouvé des animaux amaigris avec un manque de nourriture et de qualité de nourriture. Pendant l'hiver, ils avaient un maïs avec uniquement 25 % de matière sèche, ce qui veut dire que c'est un maïs acide. Du coup, elles se retrouvent acidose et les vaches ne produits pas le lait qu'elles devraient produire. Du côté des génisses et veaux, ils ont été sous alimentés. Ils sont maigres. Quand on regarde leur date de naissance, ils leur manquent 40 kg de croissance", constate le retraité.
"Il y a déjà une perte de valeur énorme"
Attristés par l'état dans laquelle ils ont retrouvé leur exploitation, Patrice et Josiane ont décidé de remettre le pied à l'étriller. "On a repris l'exploitation pour s'occuper des animaux et faire la traite des vaches laitières. Mais quand on a repris, on avait aucun statut d'agriculteur parce qu'aucune démarche n'avait été faite pour la cession. Donc jusqu'au 31 mars, ce qu'on récoltait de lait après la traite, on le jetait dans la fausse à lisier. Ca représentait 1 000 litres par jour donc 500 € par jour. Maintenant, on trie toutes les vaches qui n'ont pas beaucoup de lait. On en déjà tarit 10. On en a 15 dont le lait est contaminé et 5 autres qui sont trop maigres. Elles vont toutes partir." Pour le moment, la maison est laissée de côté. "On se concentre sur le troupeau et l'administratif. De toute manière, on a une maison maitenant dans le bourg de Montigné-le-Brillant. On verra ça plus tard."
Justement, administrativement tout commence à rentrer dans l'ordre, mais sur le plan comptable, c'est la soupe à la grimace. Le couple ne touchera jamais les 500 000 € de vente de leur exploitation. "On reprend l'exploitation comme elle est, mais il y a déjà une perte de valeur énorme. Les bâtiments d'élevage sont dégradés comme les clôtures. On a manque à gagner énorme. Le troupeau, on va le revendre, mais il n'a plus du tout de valeur. J'espère qu'il partira d'ici trois ou quatre mois", confie Patrice. Mais ils n'ont pas les finances pour pouvoir remettre tout en état seul. "Il nous faut beaucoup de trésorerie pour redémarrer, étant donné que niveau lait on va en faire très peu parce qu'on doit trier. On a toujours nos frais d'avocats. Pour redémarrer sereinement, nous avons besoin de dons de personnes qui veulent bien nous aider dans notre tragédie", lance l'agriculteur. Pour les soutenir, les syndicats FDSEA et Jeunes agriculteurs 53 ont lancé une cagnotte en ligne. Le couple Garanger espère ensuite transmettre son exploitation à "des personnes honnêtes" pour pouvoir profiter d'une retraite bien méritée.