Château-Gontier. La ligne de fret ferroviaire rénovée, pour limiter les camions sur les routes

À Château-Gontier, tous les mercredis, vous pouvez voir à nouveau des trains de fret, en partance pour Sablé-sur-Sarthe. Neuf mois de travaux ont été nécessaires, entre septembre 2023 et mai 2024, pour rénover l'ensemble de la ligne ferroviaire de 30 km, qui datait de 1876 : le chantier entrepris devrait permettre d'assurer sa pérennité au moins sur 20 ans, pour des trains circulant à 40 km/h.

Un nouvel embranchement ferroviaire chez Maisonneuve

Un coup de jeune bienvenu pour Jérôme Goisbault, directeur exploitation et maintenance de l’entreprise Maisonneuve, qui utilise la ligne de fret pour son approvisonnement depuis des dizaines d'années. "On a des embranchements ferroviaires qui arrivent dans nos bâtiments de stockage et on a une locomotive qui nous permet aussi de déplacer les wagons dans nos bâtiments, décrit-il. On ne passe pas par la plateforme multimodale (devant l'ancienne gare de Château-Gontier, où des camions peuvent déposer des matières premières ou produits), on arrive directement dans nos bâtiments de stockage".

L'entreprise castrogontérienne spécialisée dans le négoce de l'acier entend bien continuer à développer son approvisonnement par le train. "On vient de construire un nouveau bâtiment, avec un nouvel embranchement ferroviaire à l'intérieur. On a une desserte tous les mercredis d'environ 20 wagons, ce qui représente à peu près 1000 tonnes d'approvisionnement". Autant de marchandises qui ne transiteront pas par camion, ce qui permet de limiter l'empreinte écologique de l'entreprise, sans pour autant opposer les différents modes de transport. "C'est complémentaire à l'approvisionnement par camion, souligne Jérôme Goisbault. Il y a un intérêt écologique, bien sûr."

Un train = 40 camions en moins

Pour le moment, seules les entreprises Maisonneuve et Séché environnement (spécialisé dans le traitement des déchets) utilisent cette ligne de fret, mais les élus locaux et la SNCF espèrent attiser l'intérêt d'autres entreprises du territoire. "Le renouvellement de cette ligne donne de la perspective au développement économique du territoire, assure Isabelle Delon, directrice générale adjointe clients et territoires de SNCF Réseau. Tous les industriels qui sont autour de cette ligne peuvent étudier comment l'utiliser le mieux possible." Si cette ligne rejoint Sablé-sur-Sarthe, elle permet ensuite de relier notamment Saint-Pierre-des-Corps près de Tours, avec plusieurs correspondances pour d'autres grandes villes comme Lyon.

Faire face à la pénurie de chauffeurs

Les prochaines années verront forcément un essor du fret, estime Isabelle Delon. "L'intérêt écologique est important, puisqu'un train, c'est 40 camions en moins sur les routes. On peut parfois avoir des idées reçues sur le prix de ce mode de transport, mais quand on rapporte le prix à la distance parcourue, ces craintes s'atténuent." Autre argument selon elle : c'est un moyen de pallier le manque de chauffeurs routiers : "quand on a un conducteur pour tirer un train, on a une efficacité aussi à la tonne transportée et une qualité de vie pour les personnels". 

Ce chantier de 26 millions d'euros a été financé via le plan de relance de l’Etat, la Région Pays de la Loire, le Département de la Mayenne et la communauté de communes du Pays de Château-Gontier. Un budget réduit quasiment de 30 % par rapport aux estimations initiales, grâce à un ralentissement de l'inflation et au réemploi de nombreux matériaux. "On a récupéré des traverses d'un autre chantier, précise Isabelle Delon. Elles ont été évidemment vérifiées, pour pouvoir assurer toute la sécurité nécessaire pour le trafic. On a également utilisé du rail de réemploi et géré l'approvisionnement en balast en circuit court, en s'approvisonnant aux carrières de Voutré, à une cinquantaine de kilomètres d'ici."

Des choix qui n'ont rien d'anodin, puisqu'ils ont permis selon la SNCF d'économiser 7 700 tonnes de CO2 pendant les travaux. Toujours d'après la SNCF, un train de fret permet de rejeter 9 fois moins de CO2 que le transport routier.