Emmanuel Macron en Mayenne : "faut pas se leurrer, c'est pas aujourd'hui que les choses vont bouger pour la santé"
Hier, le président de la République s'est rendu à Château-Gontier, Craon et Laval. Dans la cité craonnaise, Emmanuel Macron participait à une session territoriale du Conseil national de la refondation où peu d'annonces ont été faites.
Publié : 11 octobre 2022 à 16h06 - Modifié : 11 octobre 2022 à 16h49 par Alexis Vellayoudom
C'est une visite où Emmanuel Macron était attendu sur le thème de la Santé. Finalement, les Mayennais n'auront pas eu grand-chose à se mettre sous la dent. Le président de la République a enfoncé des portes ouvertes, sans réelles annonces. Vers 15h, le chef de l'État est arrivé à Craon afin de participer à une session territoriale du Conseil national de la refondation et de dégager des solutions pour lutter contre les déserts médicaux et améliorer l'accès aux soins. Parmi les participants, le ministre de la Santé, François Braun, accompagné du Haut-commissaire au Plan, François Bayrou, mais aussi les députés mayennais, des élus locaux, les directeurs des hôpitaux de Château-Gontier et Craon ou encore des associations d'usagers.
Un CNR à huis clos
Le Conseil national de la refondation fermé à la presse, difficile de savoir ce qui s'est dit entre les murs de la salle du Mûrier. D'après nos informations, l'assemblée a été triée sur le volet, des membres de l'Ordre des médecins, mais aussi des médecins importants du Sud-Mayenne n'ont pas été conviés, voire refusés. Et parmi les invités, peu avaient l'espoir de faire bouger les lignes : "on nous a demandé de venir pour sourire et acquiescer", nous confie une source. "Faut pas se leurrer, c'est pas aujourd'hui que les choses vont bouger", témoigne une autre.
De son côté, Maxime Lebigot, président de l'Association des citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM) très active en Mayenne, ironisait sur le fait que le Président de la République ne prenait pas trop de risque en venant dans le Sud-Mayenne : "Le Sud-Mayenne a été précurseur depuis des années sur le travail en coordination, les centres de santé, les maisons de santé pluri-professionnelles, donc c'est vrai que lorsqu'on se déplace sur un territoire où ça va relativement bien, on prend moins de risques que d'aller dans le Nord-Mayenne ou sur Laval où la problématique est criante".
D'autres avaient l'ambition de demander du changement : "je vais lui demander plus de simplification, moins de freins administratifs et puis des solutions pragmatiques qui viennent du terrain, pas des conseillers qui sont là depuis plusieurs années et qui ont ramené ce système de santé à la faillite", assurait le Dr Nouri, président de la Commission médicale d'établissement au centre hospitalier du Haut-Anjou.
Régulation d'installation des médecins : "le Président n'a pas fermé la porte"
L'une des questions qui anime le débat, c'est la régulation d'installation des médecins, c'est-à-dire contraindre les médecins à s'installer dans les zones sous-dotées. Avant le CNR, chacun plaçait ses pions. "Faudrait redire à monsieur Macron que lors de sa campagne présidentielle, page 9 de son programme, il parlait de régulation d'installation donc les écrits restent, mais les paroles s'envolent", fustige Maxime Lebigot.
Pas la meilleure solution confiera plus tard François Bayrou, président du MoDem : "le mieux, c'est l'incitation. Vous déterminez des zones où on a besoin de médecins et vous mettez en place des dispositifs pour inciter les médecins à s'installer. Ce qui se fait par exemple à Craon, c'est-à-dire la possibilité d'être installé à la fois en cabinet et de travailler à l'hôpital parce que la médecine aujourd'hui, ça se fait en équipe. Ces décisions à la fois de formation et d'installation sont une des solutions, et je dis pas que c'est facile parce que personne ne trouvera cette solution facile, tellement on a fait de bêtises il y a 30 ans".
En la matière, ce sont donc les députés mayennais Guillaume Garot et Yannick Favennec qui se sont fait les porte-voix pendant le CNR. "Le Président n'a pas fermé la porte et donc ça m'encourage à continuer avec d'autres. Il ne croyait pas en ce qu'il appelle la coercition, mais il pensait que de toute façon, il fallait que ça bouge, que les lignes bougent et que le Parlement devait faire son travail. Moi, j'y vois comme un encouragement à continuer, à nous battre, à travailler et à proposer des solutions qui pourront, je l'espère demain, rassembler une majorité à l'Assemblée", rapporte Guillaume Garot.
Yannick Favennec, député du Nord-Mayenne, a lui fait savoir ce matin qu'Emmanuel Macron avait promis de revenir dans le Nord-Mayenne avant la fin de son quinquennat en 2027.