En Mayenne, le nombre de personnes surendettées est en baisse

En 2021, la Banque de France de la Mayenne enregistre 626 dossiers, c'est 12,4 % de moins qu'en 2019. Les profils ne changent pas, au contraire de la dette.

23 février 2022 à 17h14 par Alexis Vellayoudom

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Crédit : sergign

Il y a moins de dossiers de surendettement en Mayenne. En 2021, 626 dossiers ont été analysés par la Commission départementale de surendettement, soit une baisse de 12,4 % par rapport à 2019, année de référence puisque 2020 était "une année creuse" d'après les professionnels. La Banque de France de la Mayenne fait le point. 

 

Quels sont les profils ? 

 

Avant d'entrée dans le sujet, il faut d'abord définir ce qu'est le surendettement. Concrètement, c'est quand les revenus d'un ménage ou d'une personne ne permettent pas d'assurer les charges. Jean-Marc Oltra, directeur départemental de la Banque de France, explique cette baisse des dossiers par un travail renforcé : "la succession des lois a permis de fluidifier et rendre les solutions beaucoup plus pérennes à la population et à encadrer un peu plus les crédits à la consommation. Et puis, il y a la mobilisation de tous les acteurs du département, les banquiers, les travailleurs sociaux qui prennent beaucoup plus en amont les difficultés des personnes pour éviter le surendettement". Une centaine de travailleurs sociaux ont d'ailleurs été formés. 

 

Quel est le profil des personnes surendettées ?
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Mais en Pays de la Loire, la Mayenne reste le deuxième département où il y a le plus de dossiers de surendettement, après la Sarthe. La moitié des dossiers déposés sont nouveaux, "plutôt des couples mariés, des primo-accédants souvent jeune", précise Jean-Marc Oltra. Mais ce sont des gens qui ont souvent des parcours cabossés, "la plupart du temps, les ménages ou les personnes surendettées ont vécu des situations douloureuses, dramatiques, des pertes de conjoint, des accidents de la vie, de circulation, la maladie, des handicaps, des séparations, et ces situations sont à prendre en compte", décrit Serge Milon,  président de la Commission de surendettement depuis 10 ans et représentant de la préfecture.

Si on parle de leur activité, il s'agit essentiellement de personnes en situation de précarité, des CDD, des intérimaires, mais pas uniquement. Serge Milon met en garde : "contrairement à ce qu'on pourrait penser, aucun ménage n'est à l'abri. On peut aussi avoir des gens qui n'ont pas de difficultés financières et qui un moment croulent sous les dettes, avec une spirale inflationniste". Les chômeurs sont moins représentés qu'au niveau régional. La proportion entre homme et femmes est plutôt équilibrée. 

 

Comment est suivi un dossier ? 

 

Pour trouver une solution, la Commission départementale du surendettement se rassemble toutes les trois semaines avec les représentants des ménages endettés comme les travailleurs sociaux et les représentants des banques, des créanciers, "on cherche à avoir une égalité de traitement entre les différentes situations présentées et que l'intérêt des créanciers ne soient pas oubliées [...] on est là pour protéger les surrendettées pour éviter qu'ils ne sombrent dans une spirale mais on doit aussi garder à l'esprit les difficultés de certains créanciers, c'est un équilibre qu'on doit trouver au cas par cas", explique Serge Milon. 

Plusieurs solutions sont possibles. La Commission peut décider de mettre en place un plan de remboursement de la dette du ménage grâce à des mensualités sur plusieurs années, "on essaie de faire ça à chaque fois", précise Serge Milon. Mais elle peut aussi acter l'effacement pur et simple de la dette. En 2021, ça a été le cas pour 37 % des ménages surendettés, "c'est vraiment le dernier recours", commente le président de la Commission. Dans ce cas, les personnes sont fichées et interdites bancaires pendant 5 ans. 

 

Comment la dette évolue ? 

 

Essence, gaz, électricité, produits alimentaires, actuellement, l'inflation n'épargne personne. Et si elle devait continuer, le nombre de personnes surendettées pourrait revenir à la hausse. Mais le profil de la dette changerait. En 2010, 60 % des dettes des ménages surendettés étaient liées à des crédits à la consommation. Aujourd'hui, cette part est descendue à 30 %, les autres parties du camembert sont détenues par les dettes courantes (30 %) et les dettes immobilières (30 %). 

 

Les dettes des ménages évoluent
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Mais dans ce contexte, les dettes courantes pourraient augmenter, "on en est tous victimes de ces dépenses contraintes de la vie quotidienne, les abonnements téléphones, télé, Internet qu'on est obligé de payer à la fin du mois, qui peuvent donner l'impression aux ménages que notre pouvoir d'achat diminu. On s'attend à une augmentation des prix de certains aliments, une augmentation des prix de l'énergie et donc on pense que pour l'année qui vient, il va y avoir une augmentation de la part de ces dettes de consommation courante", explique le président de la Commission de surendettement. Serge Milon n'écarte pas l'éventualité de voir une hausse des dossiers de surendettement.