Le secteur du bâtiment confronté à une pénurie mondiale de matières premières
En Mayenne comme dans l'Anjou Bleu, les artisans et entreprises du bâtiment subissent de plein fouet une pénurie mondiale de matières premières. Les risques d'arrêt de chantier et du chômage partiel planent autour du secteur.
Publié : 29 juin 2021 à 17h50 par Alexis Vellayoudom
Les Français les pensaient privilégiés malgré la crise sanitaire. En mai 2020, alors que tous les secteurs étaient à l'arrêt ou en activité discontinue, le bâtiment repartait. Des carnets de commandes pleins et une activité en hausse. Mais depuis 6 mois, les artisans et entreprises du bâtiment sont touchés par une pénurie de matières premières. Bois, métal, composants électroniques pour les chaudières et les climatisations, rien n'est épargné.
Une forte demande mondiale qui impacte les artisans et entreprises locales
Depuis des mois, tous souffrent en silence, mais la pénurie se fait longue et certains chantiers sont sous la menace d'être arrêtés ou repoussés. La Mayenne et l'Anjou Bleu, pour le moment épargné, pourraient en subir les pots cassés.
Alors pourquoi ? Et bien comme en France, plusieurs pays ont voulu relancé l'économie à coup de plan de relance, notamment dans le secteur du bâtiment. Selon la FFB, les Etats-Unis achètent plus cher le bois qui est d'abord livré chez eux. La Chine demande énormément de métal. Enfin, les puces électroniques, fabriquées en Asie, reste là-bas pour un marché très demandeur. Résultat, la demande a augmenté, face à une offre insuffisante, loi du marché, les prix grimpent et les délais d'approvisionnement deviennent longs.
Cueillis à froid, les artisans et entreprises locales sont aussi touchés explique Christophe Marchand : "un charpentier, il s'approvisionnait en bois de charpente en deux semaines, aujourd'hui ça va être trois mois. Aujourd'hui, on s'en sort avec les stocks, mais on arrive au bout de la logique, ça fait 6 mois que cette crise a commencé et pour cet automne, il va vraiment y avoir des ruptures de stocks qui vont faire que des chantiers vont s'arrêter, attendre quelques semaines ou des mois pour redémarrer".
La FFB appelle au dialogue entre les clients et les professionnels
Au-delà de l'arrêt des chantiers, le risque est de voir des entreprises faire appel au chômage partiel. Pour le moment, ce n'est pas le cas en Mayenne et en Anjou Bleu, "ces problématiques de matériaux peuvent occasionner des pénalités de retard, d'incompréhension de clients. Il y a besoin de faire passer des hausses de devis parce qu'on ne peut pas vendre à perte. De toute façon, on n'a pas les leviers, ça ne sert à rien de s'énerver. Le pire, serait de se dire qu'on repousse les projets de deux ans. Ce n'est pas la solution, parce qu'on se retrouverait avec des entreprises qui vont perdre du carnet de commandes et on va fragiliser le secteur du bâtiment", explique le gérant d'une entreprise de peinture et de décoration.
Le président de la FFB de la Mayenne demande aux clients d'être patient et d'échanger avec les professionnels pour trouver des solutions : "quand il y a un surcoût, peut-être qu'on peut trouver quelques économies pour intégrer les surcoûts de certains matériaux. Pour les délais, soit on peut aller sur autre chose ou alors on rallonge le planning. On n'est pas en train de raconter quelque chose pour nous rendre service. On est face à une vraie problématique".
Au niveau national, la FFB demande à l'Etat de rétablir le dispositif de chômage partiel indemnisé à 100 % pour les entreprises et artisans touchés.