Maine-et-Loire. Le bonus réparation, un dispositif gagnant-gagnant ?
Depuis plus d'un an, le Bonus réparation permet aux clients de se faire rembourser une partie des réparations de certains objets du quotidien, plutôt que de les jeter, dans des magasins labellisés. En janvier 2024, Espace Emeraude a reçu le label pour les appareils de bricolage et jardinage thermique. L'enseigne angevine attend beaucoup de ce dispositif.
Publié : 14 février 2024 à 12h20 par Alexis Vellayoudom
Le Bonus réparation va t-il devenir un réflexe ? Ce dispositif, mis en place depuis 2022 par la loi AGEC, permet de faire réparer des objets du quotidien dans des magasins labellisés au lieu de les jeter. En contrepartie, l'État rembourse une partie des réparations. Récemment, 11 magasins de l'enseigne angevine Espace Emeraude, spécialisée dans la motoculture, le bricolage et jardinage, sont labellisés sur la partie Bricolage et Jardinage Thermique. Elle attend de voir si les clients joueront le jeu.
Ce Bonus réparation, c'est quoi ?
Pour l'entreprise née dans les Mauges, c'était Noël après l'heure. Depuis le 1er janvier 2024, douze magasins de l'enseigne ont reçu le label BonusRépar pour la catégorie Bricolage et Jardinage thermique. En clair, au lieu de jeter, vous pouvez désormais faire réparer vos tondeuses thermiques et vous faire rembourser une partie des réparations par l'État via le Groupement écologique, "pour les tondeuses conducteurs marchands, si vous avez une réparation à hauteur de 150 €, vous pouvez bénéficier de 30 € d'aides de l'État. Et pour une tondeuse auto-portée, à partir de 200 €, vous pouvez bénéficier de 50 € d'aides. Ça ne concerne pas les entretiens de maintenance. Ces montants sont déduits directement de la facture. Et nous, on se fait rembourser par le Groupement écologique", explique Laurent Tricoire, directeur des services.
Quels avantages ?
Alors réparer, ce n'est pas une nouveauté pour Espace Emeraude qui le fait depuis 1980, mais cette labellisation présente quelques avantages de marques pour les enseignes concernées. "Ça valide notre qualité d'expert avec des techniciens formés. Ça va augmenter le taux d'occupation de nos ateliers. On va avoir des calendriers complets et puis on s'ouvre d'autres possibilités pour faire évoluer nos prestations. Le parcours client est facilité. Et il y a aussi une forme de récompense de notre engagement pour l'environnement. Ça permet de réduire les déchets, en jetant moins", confie Laurent Tricoire. Côté client, "c'est un avantage, mais tout dépend des réparations qu'il y a faire", admet Laurent.
La vigilance est aussi de mise lorsque vous profitez du dispositif. Par exemple, l'Espace Emeraude répare aussi les outils qu'ils n'ont pas vendus, "ce n'est pas le cas partout", précise le directeur des services. De son côté, l'association de consommateurs CLCV met en garde sur les dérives de plusieurs entreprises dont les prix de certains dépannages ont grimpé en moyenne de 10 à 15 % depuis la mise en place du dispositif. "Si on a des petits malins qui s’amusent à augmenter les prix pour que le bonus, au lieu de rendre moins cher la réparation, consiste à augmenter la marge, ça ne va pas être possible [...] Si certains pensent que, sur le dos du bonus réparation, ils peuvent truander le système, ils se trompent. Ils s’exposent aux contrôles et à la délabélisation", a menacé l'ancien maire d'Angers et Ministre de la Transition écologique Christophe Béchu lors de son passage au 20h de TF1, le 4 janvier dernier.
Un dispositif peu connu par les clients...
Un peu plus d'an un après son lancement, le bonus réparation est-il entré dans les moeurs ? À ce jour, l'État comptabilise 165 000 réparations qui ont bénéficié de ce bonus. Sur la multitude d'appareils éligibles, c'est le téléphone portable, le lave-linge et le lave-vaisselle qui ont eu le plus de succès. Mais pour Laurent Tricoire, il y a encore un effort à faire sur la communication autour du dispositif : "il y a un manque d'informations. Les personnes ne sont pas forcément avisées de cette aide. Mais je pense qu'à terme, les gens se tourneront plus facilement vers la réparation. Les devis de réparation seront plus facilement acceptés avec une aide. Finalement, on reviendra à ce que faisaient nos aînés, réparer au lieu de racheter. Pour nous, la saison démarre dans très peu de temps, nous allons voir comment ça va se dérouler".
... et encore peu d'entreprises labellisées
À titre d'exemple, sur la partie Bricolage et Jardinage thermique, seulement 70 entreprises sont labellisées en France et peuvent faire profiter de ce Bonus réparation à leurs clients. Trop peu pour Laurent Tricoire. Pourquoi ? La lourdeur administrative est pointée du doigt. "On peut parler de lourdeurs administratives. On surtout parler aussi de temps. Nous, on s'est organisé en interne avec des personnes dédiées uniquement à la partie administrative. Ce n'est peut-être pas le cas pour un petit réparateur en local. Ça nécessite, par magasins, une bonne demi-journée pour récolter les informations, les diplômes de tous les techniciens. Pour nous, sur nos 11 magasins, ce sont onze demandes différentes qui ont été faîtes". Douze demandes qui devront être renouvelées, car l'entreprise souhaite désormais se faire labelliser sur la partie jardinage électrique. C'est un label par type de réparation et donc c'est un dossier par label", précise le directeur des services. "La complexité administrative et la difficulté à avoir un label unique pour tous les métiers ne facilitent pas cette démarche, ni pour les enseignes, ni pour les clients", ajoute Jean-Marc Hupé, le directeur général d'Espace Emeraude.
Autre frein pour les petites entreprises, la difficulté à recruter le personnel qualifié. "Le recrutement sur ces métiers en tension est toujours aussi difficile. Aujourd'hui, on a une stabilité sur les équipes techniques, mais on a toujours des besoins. Je pense que ce label peut être un facilitateur pour pouvoir recruter assez facilement. Mais aussi pour recruter dans les filières, ne serait-ce aussi pour les prochaines générations qui arrivent en école pour redynamiser ce métier de mécanique qui a été considéré trop longtemps basique, mais qui devient de plus en plus complet avec de l'électronique embarquée, un outil support informatique qui va permettre de fidéliser une jeune génération ou de les intéresser du moins", pense Laurent Tricoire.
Depuis cet automne, en plus des appareils électroménagers, les vêtements peuvent eux aussi être éligibles à ce bonus réparation. Au 1er janvier dernier, 24 nouveaux appareils ont intégré le dispositif comme les robots de cuisine, les lisseurs, les imprimantes ou les fours micro-ondes.