Laval. Caroline Brémaud : « Je ne m'habitue pas aux nuits de fermetures, j'ai envie de vomir à chaque fois »

Au mois de septembre prochain, les urgences ne seront ouvertes que six nuits à l'hôpital de Laval. Une situation qui "révolte" Caroline Brémaud, médecin-urgentiste et membre du mouvement des Gilets Blancs Santé.

7 août 2024 à 12h24 par Cyprien Legeay

Les urgences seront ouvertes seulement six nuits en septembre, à Laval.
Les urgences seront ouvertes seulement six nuits en septembre, à Laval.
Crédit : Cyprien Legeay/Oxygène Radio

Au mois de septembre prochain, les urgences ne seront ouvertes que six nuits. Du jamais-vu pour le service qui a pris l'habitude de fermer de nombreuses nuits, fautes de praticiens, mais pas à ce point. "Il y a quelques jours j'ai reçu mon planning et je me suis emmêlé les pinceaux en comptant les nuits de fermeture, déplore Caroline Brémaud, médecin urgentiste à l'hôpital de Laval. J'ai donc décidé de compter à l'envers, de compter quand on était ouvert. Ça faisait six... Là, ça a vraiment été la douche froide. On passe un cap, on commence à compter les jours où nous sommes ouverts."

En juillet, c'était déjà compliqué, le centre hospitalier de Laval a fermé 22 nuits. En août, ce sont 18 nuits de fermetures qui sont prévues. Mais ce n'est "rien" comparé au mois de septembre. Cela s'explique notamment par l'arrêt d'un praticien. "Il était exclusivement aux urgences et non au Samu-Smur. Forcément, cela se ressent énormément dans le planning."

 

"Ça me révolte"

 

Comme à chaque fois, en recevant le planning, Caroline Brémaud s'est sentie mal. "Je ne m'habitue pas, j'ai envie de vomir à chaque fois. Ça me rend triste, ça me fait mal au ventre, j'ai envie de pleurer. Ça me révolte." Sa colère, elle veut la crier dans la rue, "avec des banderoles", mais "il n'y a de la prise sur personne, même pas un gouvernement en place."

La médecin, membre du mouvement Les Gilets Blancs Santé, se sent "seule et démunie". "Mes collègues n'ont plus la force de réagir. Nous n'avons pas de perspectives d'évolutions honnêtes. Ça fait des années qu'on nous promet un nouveau bâtiment pour les urgences, pour accueillir les patients dans de bonnes conditions, mais aujourd'hui, les travaux n'ont pas commencé et il y a toujours du monde dans les couloirs."

 

Le Samu 53 menacé ?

 

Pour autant, elle "n'en veut pas à ses collègues" à bout de force. "Je les comprends. Quand on fait des grèves, c'est assez transparent, car nous sommes réquisitionnés sur nos postes. Mais je me dis aussi qu'il faudrait qu'on redonne une impulsion pour emmener la population avec nous."

La situation tendue n'est pas prête de s'améliorer. Caroline Brémaud, comme ses collègues, ne voit pas d'éclaircie. Pire, le Samu 53 est menacé les nuits de fermetures. "J'ai eu des bruits de couloirs sur de solutions qui ne sont pas acceptables pour notre département. Lors des nuits de fermetures, notre Samu 53 pourrait disparaître pour être pris par Angers. De fait, le médecin qui était au Samu irait aux urgences pour qu'elles ouvrent. Sauf que le Samu, c'est pour les urgences vitales ! Si on ne décroche pas rapidement, cela perd tout son bénéfice."

Si pour le moment rien n'est acté, la situation inquiète la médecin au plus haut point. "Il n'y a pas d'écrits, mais ce sont plus que des bruits de couloirs. Je trouve cela extrêmement grave."