Premiers Plans. A coups de tronçonneuse pour dénoncer la coupe budgétaire de la Région avant la soirée de clôture
Ce soir, une vingtaine de personnes de plusieurs secteurs sont montées sur la scène du Festival Premiers Plans pour dénoncer la coupe budgétaire de 82 millions d'euros votée par le Conseil régional des Pays de la Loire.
Publié : 25 janvier 2025 à 21h50 - Modifié : 25 janvier 2025 à 21h57 Alexis Vellayoudom
Ils n'ont pas dit leur dernier mot. Ce soir, lors de la soirée de clôture du Festival Premiers Plans, une vingtaine de personnes des secteurs culturels, de l'agriculture biologique ou encore des associations solidaires sont montées sur scène. Juste avant la cérémonie officielle de remise des prix, ils ont voulu, à leur manière, dénoncer la coupe budgétaire de 82 millions d'euros votée par les élus du Conseil régional des Pays de la Loire sous l'impulsion de la présidente Christelle Morançais.
Une tronçonneuse d'or
Il est 19h lorsque la petite troupe monte sur scène. Devant un public nombreux, ils brandissent leurs pancartes où sont inscrits les montants qu'ils vont perdre pour cette année 2025. "Malheureusement, nous devons remettre les prix d'un très mauvais plan. Il s'agit d'un plan régional qui pourrait bien, si on laisse faire, devenir un plan national", lance une comédienne. "La Région a profité de devoir faire des économies pour couper brutalement et idéologiquement dans les budgets du monde culturel, artistique, sportif, écologique et des solidarités et égalité femmes-hommes".
Sous les applaudissements du public, les mutins ont égrené l'un après l'autre les secteurs impactés par ce nouveau budget, reprenant ironiquement une citation de Christelle Morançais, "nous le devons à nos enfants". Ces saltimbanques d'un soir ont ensuite remis, symboliquement, le prix de la tronçonneuse d'or aux élus du Conseil régional des Pays de la Loire et sa présidente Christelle Morançais et un pavé d'or, "à tous ceux qui se prennent les coupes en pleine dent, disent non et défendent le lien social".
🎭Avant la soirée de clôture de @PremiersPlans une 20taine de personnes de la culture, de l’agriculture bio ou des assos solidaires ont dénoncé les coupes budgétaire de la Région @paysdelaloire pic.twitter.com/vOXwoQ53Zy
— Oxygène Radio (@Oxygene_Radio) January 25, 2025
Le lieu de cette performance n'est pas choisi au hasard. Le Festival Premiers Plans a lui-même vu sa subvention régionale être amputée de 104 000 € engendrant par la même occasion l'arrêt du temps fort "Films d'Ici" financé par la Région. C'est donc naturellement que les organisateurs ont donné leur accord pour cette action coup de poing. Mais contrairement à d'autres, le festival angevin qui jouit d'une certaine notoriété, pourra rebondir grâce aux dons et une augmentation de la subvention de la mairie d'Angers.
Les premiers effets ressentis
Parmi les commanditaires de cette action, Loredana Lanciano, comédienne et chanteuse du Groupe Zur à Saint-Barthélémy d'Anjou. Elle a appris en novembre la suppression de leur subvention de 25 000 €. "On n'a plus rien du tout. Ce sont des travailleurs vont diminuer, disparaître, faire moins d'heures, moins de cachets", explique l'Italienne. En ce début d'année, son groupe a lancé un nouveau projet, mais "au lieu d'avoir 90 jours de salariat, l'association peut en prendre que 50", déplore Loredana. Elle dénonce une décision idéologique : "il ne s'agit pas de faire des économies comme ils veulent nous faire croire parce si tu veux faire des économies, tu les fais vraiment sur tous les secteurs et tu ne détruis pas un réseau d'associations qui travaille avec les plus pauvres donc c'est une attaque au peuple d'en bas, les personnes qui ne peuvent pas s'acheter un billet".
A coté d'elle Marie-Jeanne Ragueneau vient représenter les associations solidaires, dont Solidarité Femmes. 88 000 € en moins. "Il y aura en moins des interventions de prévention de violences sexistes et sexuelles dans les lycées parce qu'elles étaient financées par la Région. Ce sont aussi des interventions de psychologues pour les femmes et les enfants victimes de violences de couples. Le nombre de femmes qui vont vers les structures est dépendant des moyens qui sont investis". Le seul poste salarié de l'Union régionale ne sera pas renouvelé.
Un pied de nez à l'agriculture biologique
Enfin, l'agriculture biologique était aussi représentée. "On en a moins parlé, mais on pâtit aussi de ces décisions", confie ce salarié des réseaux de l'agriculture paysanne dans le Maine-et-Loire. Moins 200 000 € pour la fédération régionale des CIVAM, l'association Solidarité paysans, le Groupement d'agriculture biologique et la Confédération paysanne sont aussi impactés. Des postes en moins dans certaines structures. "Ces coupes touchent nos têtes de réseau qui nous servent à nous structurer et à organiser notre action sur le terrain. On craint aussi les effets cascades. Souvent le fait d'avoir des subventions régionales, ça apportait une crédibilité au niveau local pour aller chercher des sous. Est-ce que les Communautés de communes, les Bassins versants, les départements vont continuer à nous financer ?".
La culture serait donc un monopole intouchable ? Le monopole d’associations très politisées, qui vivent d’argent public. Je suis la cible de militants qui m’accusent de vouloir arrêter les subventions régionales à leurs structures. A moi seule, je voudrais « détruire la culture »…
— Christelle MORANÇAIS (@C_MORANCAIS) November 12, 2024
De son côté, la présidente du Conseil régional des Pays de la Loire Christelle Morançais a toujours maintenu sa ligne de conduire invoquant le contexte budgétaire. "Dans ce contexte, alors que le Gouvernement ponctionne les collectivités (40 millions sur la Région en 2025) et que la croissance ralentit (et donc que les recettes de la Région, assises sur la TVA, reculent brutalement), faire des économies de fonctionnement, y compris de façon drastique, relève de tout sauf d’un choix ou d’un caprice : c’est une nécessité budgétaire, mais surtout un devoir moral vis-à-vis de nos enfants, de notre capacité à préparer l’avenir et de nos entreprises qui sont, aujourd’hui, en difficultés !", avait-elle écrit sur le réseau social X.