Segré. Des agents du médico-social ont exprimé un "sentiment d'injustice" sur le Ségur
Ce jeudi 3 juin, une cinquantaine d'agents de l'EPMS de l'Anjou ont réclamé la prime du Ségur de 183 euros net par mois. Plus de 100 agents ne seraient pas concernés selon le syndicat Santé-Sociaux 49 CFDT.
Publié : 4 juin 2021 à 12h15 - Modifié : 4 juin 2021 à 12h17 par Alexis Vellayoudom
Une injustice face au service rendu. C'est ce qu'ont exprimé ce jeudi 3 juin, une cinquantaine d'agents de l'EPMS de l'Anjou qui regroupe notamment la Maison d'accueil spécialisée de Segré, le Foyer d'accueil médicalisé pour adultes handicapés d'Ombrée d'Anjou et des sites à Baugé, Beaufort et Trélazé. Selon le syndicat Santé-sociaux 49 CFDT, plus de 100 agents de l'EPMS, sur les 192, ne seraient pas concernés par la prime de 183 euros net par mois prévue par le Ségur.
"C'est un sentiment d'injustice, de dévalorisation de ma catégorie professionnelle"
Cette prime du Ségur aura créé la discorde au sein de la fonction publique hospitalière. D'abord, accordée aux personnels des hôpitaux et des EHPAD, elle a ensuite été récemment élargie aux agents soignants du médico-social et des établissements autonomes... mais pas tous. Cela peut dépendre du financeur de la structure comme l'explique Valérie Levacher, aide-soignante et représentante du syndicat Santé-Sociaux 49 : "dans certains services, les AMP (aide médico-psychologique) ne toucheront pas la prime. Parce qu'ils sont financés par le Conseil départemental alors qu'en Maison d'accueil spécialisée, on est financé par l'Assurance maladie".
Et ce genre de questions ne se posent pas pour les agents administratifs, techniques et de l'enfance du médico-social, puisque eux restent sur le carreau. Une injustice pour Elodie Demota. Cette éducatrice spécialisée, à la MAS de Segré, explique travailler au quotidien avec des AMP et d'aide-soignant, mais elle n'est pas éligible au Ségur : "qu'on m'explique pourquoi ? C'est un sentiment d'injustice, de dévalorisation de ma catégorie professionnelle [...] ils vont faire différentes grilles, il y aura un éducateur rattaché à l'hôpital qui aura 183 euros en plus et les éducateurs en fonction publique autonome n'auront pas le droit. C'est une aberration ! On va essayer de trouver du travail autre part, dans un établissement rattaché à un hôpital ou dans le secteur privé".
Des conséquences en interne ?
Et ces disparités en interne sont mal perçues par tous les agents, "ça va mettre de la discorde", explique Sonia, une aide-soignante de la FAM d'Ombrée d'Anjou, éligible à la prime et solidaire de ses collègues. Le syndicat craint aussi des problèmes de transfert au sein de l'EPMS, "certains agents vont refuser de bouger. Avant, on pouvait passer de Pouancé à Segré ou de Segré à Pouancé, sauf que si on perd 183 euros, ils vont avoir des difficultés à recruter", précise Valérie Levacher.
Des inégalités qui pourraient engendrer des problèmes de recrutement comme l'explique Amélie Boursier, secrétaire générale du syndicat : "on a une fuite des agents du privé qui partent sur le public. Et là dans le public certains secteurs seront favorisés. On parle des 183 euros, par exemple, un EHPAD a une prime en plus. On est presque sur une différence de salaire de 300 euros net, c'est énorme".
La directrice de l'EPMS de l'Anjou, Solène Mansouri soutient le mouvement : "pourquoi faire des différences ? On a des professionnels qui ne sont pas rémunérés à la même hauteur alors qu'ils ont fourni les mêmes efforts". Elle nous confie qu'elle a déjà eu affaire à un problème de recrutement. Une candidate qui a préféré un poste administratif dans une autre structure éligible à la prime.
À la veille des élections départementales, Santé-Sociaux 49 CFDT veut sensibiliser les candidats et les élus pour que le Conseil départemental du Maine-et-Loire se saisisse de la question.