En Mayenne. « Lactalis ne respecte pas la loi », dénonce la FDSEA 53
La FDSEA 53 et les Jeunes agriculteurs ont mené une action à Château-Gontier ce midi, pour dénoncer le prix proposé par Lactalis aux producteurs de lait. « Une provocation » selon eux, qui demandent une prise en compte de la hausse de leurs coûts de production.
18 janvier 2024 à 16h50 par Marie Chevillard
« Lactalis ne rémunère plus ses producteurs ». Vous avez peut-être vu cette banderole à Château-Gontier, sur le rond-point de la route de Laval, ou d’autres installées à Laval et dans quatre autres endroits du département. L’opération a été lancée ce jeudi par la FDSEA 53 et les Jeunes agriculteurs, pour pointer le « non-respect de la loi Egalim par Lactalis », alors que les négociations sont toujours en cours entre le géant laitier et les organisations de producteurs. Les agriculteurs subissent depuis de nombreux mois les hausses du prix de l’énergie, de l’alimentation pour les animaux et dans une moindre mesure, du coût de la main d’oeuvre.
Des prix "dérisoires" pour les producteurs
« Lactalis nous propose un prix à 405 euros les 1000 litres, alors qu’il nous faudrait 460 euros pour arriver à en vivre aujourd’hui, situe Jérôme Landais, agriculteur à St Denis d’Anjou en production laitière et céréalière. On en est très très loin. » Une guerre des prix qui se joue aussi entre les transformateurs et les grandes surfaces, qui doivent négocier d’ici la fin du mois. « Si nos transformateurs baissent déjà le prix du lait avant la fin des négociations, ça veut dire qu’ils anticipent le fait qu’ils vont baisser le prix aux grandes surfaces. Comme eux ont du mal aussi à baisser leurs marges, c’est nous qui allons souffrir derrière », soupire Jérôme Landais.
Si aucun accord n’est trouvé avec Lactalis, le plus gros transformateur français, les producteurs craignent que les autres transformateurs revoient, eux aussi, leurs prix à la baisse. Ce qui pourrait booster l’importation de lait par les transformateurs : une mauvaise nouvelle pour l’écologie et pour les éleveurs eux-mêmes, pointent les syndicalistes.
"Ce n'est pas le même travail, de s'occuper de 30 ou 90 vaches"
Avec, en filigrane, la fragilisation d’une profession qui ne séduit plus les jeunes agriculteurs. « Quand je me suis installé il y a 30 ans, je produisais 200 000 litres de lait ; aujourd’hui, il faut produire 500 000 litres de lait pour avoir le même revenu, expose Jérôme Landais. Sauf que forcément, ce n’est pas le même travail au quotidien, de s’occuper de 30 vaches ou de 90 vaches. »
Et de conclure son propre exemple : « je m’associe en fin d’année avec un jeune, mais je sais déjà d’avance que, si on ne rémunère pas mieux la production laitière, dans 8 ans, il n’y aura plus de lait sur mon exploitation. »