Laval. Ils ont fait grève contre le chômage
Pour la 2e année consécutive, une trentaine de Lavallois a fait grève contre le chômage, dans le quartier Saint-Nicolas. L'occasion de mettre en avant les compétences de chacun, avant le début des missions du dispositif Territoire zéro chômeur de longue durée en janvier 2024.
Publié : 16 novembre 2023 à 14h06 par Marie Chevillard
Plus que quelques semaines, avant le lancement officiel du dispositif Territoire zéro chômeur de longue durée à Laval. Après le label obtenu en juin 2023, les missions commenceront en janvier prochain, dans le quartier Saint-Nicolas. 15 personnes éloignées de l'emploi seront embauchées en CDI à temps choisi, avec deux encadrants, par l'entreprise à but d'emploi Valorisons 53. Mais avant, ils étaient une trentaine à manifester contre le chômage, place Mettmann. Au-delà de l'interpellation, c'était surtout l'occasion de mettre en valeur les talents des personnes engagées dans le projet, comme la coiffure, la pâtisserie ou la couture.
Autant de compétences qui pourront être valorisées au travers des missions qui les attendent d'ici le mois de janvier prochain. Plusieurs projets ont déjà été validés : la reprise de la brasserie Le Belvédère place Mettmann, le démantèlement de bois pour le chantier d'insertion Bois debout à Laval ou encore le nettoyage écologique de voitures. Après un premier groupe de 15 personnes embauchées en janvier, l'effectif va monter en puissance, avec un objectif de 40 personnes d'ici fin 2024 et 85 personnes d'ici fin 2025.
Des effets positifs déjà visibles
Difficile d'établir un profil-type pour ces personnes : si la moyenne d'âge s'établit autour de 40 ans, l'écart s'établit entre 25 et 65 ans, avec une majorité de femmes mais pas seulement, et si certains ont déjà travaillé... d'autres pas du tout. Leur seul point commun : être à la recherche d'un emploi durable. "L'idée, c'est de dire 'venez avec vos compétences, et on trouve une activité qui peut correspondre', explique Anne Letétrel, cheffe du projet à Laval Agglomération. Cela leur permet de toucher un salaire et non une aide sociale, c'est plus valorisant."
L'accompagnement et les formations ont commencé pour certains, avec des effets positifs déjà visibles, se réjouit Anne Letétrel, qui se souvient d'une personne en particulier. "Lorsque je l'ai rencontrée il y a un an et demi, elle m'avait dit : 'moi je suis très malade'. Après sa première action avec nous, elle m'a dit 'le fait d'être active, je me rends compte que les petits bobos, je ne les sens plus'. Il y a aussi des personnes qui ont désormais des amis sur ce projet. Ils se rendent compte que finalement, ils peuvent trouver des personnes qui vivent les mêmes choses qu'eux."
D'autres projets sont prévus dans les prochains mois, même s'ils vont mettre un peu plus de temps à sortir de terre : celui de la ferme urbaine à la plaine d'aventure, mais aussi un atelier de couture. Des missions qui enthousiasment Patrick, le doyen du groupe âgé de 65 ans, qui s'est heurté souvent au refus des employeurs ces dernières années. "Quand vous arrivez à un certain âge, les boîtes d'intérim vous disent que vous êtes trop vieux. Les employeurs n'embauchent pas quelqu'un de mon âge, ils ne comprennent pas..."
Compliqué sans voiture
Pour d'autres, ce n'est pas l'âge qui pose problème, mais plutôt les problèmes de garde d'enfants ou de mobilité, comme l'explique Fatoumata. "Je ne suis une maman avec des enfants, je ne suis pas véhiculée donc c'est un peu difficile. Avec l'organisation familiale, c'est compliqué, et le fait que je n'ai pas de voiture aussi, ça me bloque". Certaines personnes peuvent aussi avoir du mal à trouver un emploi à cause d'une maîtrise de la langue insuffisante.
Autant de freins gommés dans le cadre du dispositif Territoire zéro chômeur de longue durée, grâce aux formations et à l'accompagnement proposé. La Ville de Laval est le 57e territoire en France à avoir obtenu ce label.