Segré-en-Anjou Bleu. "J'arrive dans un territoire de courageux", Djamila Medjahed, nouvelle sous-préfète
Hier, Djamila Medjahed, nouvelle sous-préfète de Segré-en-Anjou Bleu, a déposé la traditionnelle gerbe de fleurs au pied du Monuments aux morts. L'ancienne magistrate prend son premier poste de sous-préfète.
14 novembre 2023 à 10h42 par Alexis Vellayoudom
C'est un retour au terrain pour la nouvelle sous-préfète de Segré-en-Anjou Bleu. Ce lundi 13 novembre, Djamila Medjahed a pris officiellement sa nouvelle fonction. À 53 ans, l'ancienne magistrate arrive du tribunal de Caen. Après avoir déposé la traditionnelle gerbe de fleurs au pied du Monuments aux morts de Segré, la, désormais, sous-préfète, a longuement échangé avec les élus. Portrait du nouveau visage de la sous-préfecture de Segré-en-Anjou Bleu.
Une carrière à la justice
La vie de Djamila Medjahed démarre à Tours le 4 octobre 1970. "Je suis une vraie Tourangelle", lâche la sous-préfète. C'est dans sa ville natale qu'elle démarre des études en Droit classique. Elle poursuit à Paris préparation de magistrate. Major de sa promotion, elle devient avocate et enseignante, "pour faire mes armes", se rappelle la quinquagénaire. Direction ensuite Bordeaux et l'École de la magistrature. "J'ai toujours eu quelqu'un pour me dire que j'étais capable d'aller voir plus loin et je ne savais pas où ça s'arrêtait donc j'ai poursuivi mon parcours, jusqu'à ma thèse", s'amuse l'intéressée. Puis, tout s'enchaîne, premier poste de juge à Argentan dans l'Orne, puis assistante du Procureur, des passages à la Cour d'assise d'Alençon. Djamila Medjahed fait son chemin en Normandie, vice-présidente du tribunal de Cherbourg puis présidente de la 1ère chambre du tribunal de Caen.
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"Revenir sur le terrain"
Tout sourit à la magistrate, mais l'envie de voir autre chose se fait de plus en plus pressentir. Le déclic arrive lorsque le gouvernement opère le décloisonnement des corps. "Il n'y avait plus de barrière entre les administrations. Le ministère de l'Intérieur s'est ouvert à tout type de profil et j'ai pris conscience qu'on pouvait tous postuler à la préfectorale. J'ai postulé", explique la sous-préfète. Dossier déposé à la fin de l'année 2022, puis entretien avec le service de la mobilité et du recrutement extérieur. Sa candidature est acceptée au printemps 2023. Pour trouver ses marques dans ce nouveau poste, la sous-préfète de Segré-en-Anjou Bleu va recevoir une formation en juin. "On m'a envoyé des kits de prise de fonction, de protocole, de gestion", explique Djamila Medjahed.
Alors pourquoi ce changement de carrière ? "J'avais l'envie de retrouver du lien. Être aidante en amont, pacifier la société, car il y a des gens mal orientés devant nous quand on est magistrate. Les gens arrivaient à des situations, je ne vous parle pas de la délinquance, je vous parle de gens cabossés qui ont vécu des accidents de la vie. Ça m'est déjà arrivé de me dire, tiens, si à ce moment de sa vie, elle avait pu bifurquer par là, si elle avait pu avoir cette information là, elle n'en serait pas là, que ce soit une faillite d'entreprise ou parfois, parce qu'on est excédé, on peut faire des choses qui dépassent l'entendement parce que, comme on dit de façon triviale, on a pété les plombs. C'est un peu ça. J'avais envie de redonner ce qu'on m'a donné", confie la sous-préfète.
Être facilitatrice
"Je ne connaissais pas le territoire", admet Djamila Medjahed. Mais la Tourangelle s'est très vite fait une idée du territoire, "La première idée que je me suis faite de Segré-en-Anjou Bleu, c'est que c'est un territoire courageux. J'ai fait des petites recherches et j'ai vu que Segré à l'époque a été choisie par Napoléon Bonaparte comme sous-préfecture alors que c'était un petit endroit parce qu'il y avait un petit point de Républicain bleu, entouré de royalistes et qu'ils ont résisté. Napoléon a choisi ce territoire pour du courage de ces gens qu'ils sont restés jusqu'au bout Républicain. Et puis, il y a ce sous-préfet pendant la Seconde Guerre mondiale qu'a défendu la population au mépris des risques et des dangers. C'était quand même dangereux d'essayer de négocier ou d'obtenir quelque chose. Et il a essayé de détourner l'attention de la Wehrmacht qui paniquait à l'arrivée des alliés alors que la population était regroupée. Donc j'arrive dans un territoire de courageux et ça, je m'en félicite".
Côté missions, la sous-préfète de Segré-en-Anjou Bleu a reçu sa feuille de route hier. "Je sais que le Maine-et-Loire est un département plutôt riche, mais le nord du territoire l'est moins. C'est un territoire rural avec des entreprises dynamiques. Je vais essayer d'aller voir tous les acteurs du territoire, être facilitatrice des projets. Je suis une femme de dossiers, j'ai un profil très technique, mais je vais essayer d'en sortir, d'aller sur le terrain". Au niveau départemental, elle sera en charge de la ruralité et des services publics.